"Rana Toad", ça se mange?

Nous sommes libraires de divers horizons, bibliovoraces friands de découvertes, ici pour partager!
Affichage des articles dont le libellé est Littérature hispanique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Littérature hispanique. Afficher tous les articles

jeudi 5 juillet 2012

L'Armée illuminée de David Toscana

Si je ne me trompe pas, le dernier auteur mexicain que j'ai lu avant celui-ci, c'était Juan Pablo Villalobos et son Dans le terrier du lapin blanc, une farce pétrie d'un féroce humour noir dissimulant, sous la naïveté d'un gosse (pour les québécois qui me lisent, chez nous, un gosse c'est un enfant) une dénonciation de la violence universelle. David Toscana, avec son Armée illuminée, nous offre un Mexique moins sombre, moins violent. Quoique...

Ignacio Matus, marathonien acharné est aussi un instituteur nostalgique d'une époque ou le Texas était encore mexicain. Considérant ses contemporains comme apathiques et indignes de leur valeureux aïeux, ils tentent d'inculquer à ses élèves le sens du devoir et l'esprit guerrier du Mexique qu'il regrette tant. Mais cela lui vaut le renvoi de son poste un mois seulement après la rentrée scolaire, le directeur jugeant ses propos trop subversifs. Dépité mais pas tout à fait vaincu, il se place au coin d'une rue dans le but d'enrôler des disciples, affiche de propagande à l'appui, qui seraient eux aussi animés par la reconquête du Texas.

De son côté, le rondouillet Comodoro, élève de Matus (sans être père et fils, ils vivent ensemble, pour des raisons qu'on ignore, adoption peut-être) et adepte à sa cause illusoire réussit à embrigader quatre camarades: le mutique et endormi Cerillo, Ubaldo l'artiste, l'intrépide El Milagro et Azucena, la fille du groupe, parce qu'il faut toujours une fille. En route, mauvaise troupe, les voilà partis, persuadés de leur future victoire.

La majeure partie du roman se passe en 1968, mais en 1924, Matus a participé au grand marathon de Paris. Participé à distance en vérité, dans son coin, en presque parfaite synchronicité. Son exploit nous est raconté en alternance avec l'escapade de 1968. Sa rivalité, elle aussi à distance, avec le gringo Clarence DeMar va s'étirer sur ces 44 ans. Quelques rares pages se déroulent de nos jours pour apporter une certaines lumière aux événements.

Vous aurez compris qu'on est en plein décalage. Ignacio Matus est à côté de la plaque à la façon, c'est l'évidence même, d'un Don Quichotte ou d'un Ignatus Reilly. Son délire éveillé contamine ces cinq ados avec des idéaux qui ont perdu leur force. Cette contamination est rendue par l'écriture de David Toscana de façon irresistible. Les situations les plus badines prennent, aussi bien pour Matus que pour ses disciples, des proportions épiques. L'exemple fil rouge est qu'il faut sacrifier, d'une façon ou d'une autre Comodoro. Et les autres ne manqueront pas d'imagination. Cerillo est aussi au centre des pages les plus drôles, sa mère y étant pour beaucoup car elle entre totalement dans le délire.

Dans Les Aventures d'Huckleberry Finn, Mark Twain a beacoup taclé Walter Scott, lui reprochant de faire une littérature pervertie et mauvaise pour la jeunesse. De glorifier tout ce que le Sud des Etats-Unis avait de corrompu. A tout bien y réfléchir, c'est peut-être ce que fait Matus du côté mexicain et à son échelle. Finalement, L'Armée illuminée n'est pas si éloigné de Dans le terrier du lapin blanc. La violence n'est pas imposée à l'innocent de la même façon, mais le résultat est le même. Matus n'est pas aussi dangereux qu'un parain de la mafia, il est même plutôt attachant. Le lavage de cerveau qu'il impose à ses élèves ne semblent pas porter à conséquence. Au pire, ses élèves finissent comme lui par se convaincre de fausses affirmations (El Milagro, face à son impuissance à compter, conclut définitivement que 11 fois huit font 42). Et pourtant, les séquelles de cette bataille qui n'a en fait pas lieu sont plus profondes que le ton du roman peut le laisser paraître. Toscana enfume tellement son lecteur avec les fantasmes morbides mais drôles de ses personnages, qu'il est difficile de déterminer avec certitude si la fin est tragique ou pas.

L'Armée illuminée, David Toscana, Zulma, 21€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par François-Michel Durazzo.

dimanche 20 novembre 2011

Dans le terrier du lapin blanc de Juan Pablo Villalobos

Sans l'avoir programmé, j'ai attaqué Dans le terrier du lapin blanc immédiatement après avoir terminé Room d'Emma Donoghue. Je précise cet enchaînement car ce premier roman de Juan Pablo Villalobos présente comme caractéristique commune avec Room d'être raconté à la première personne par un enfant. La comparaison s'arrête là. Quoique Tochtli, comme Jack, est reclus, coupé du monde. Mais pas pour les même raisons.

Tochtli est le fils d'un parain de la mafia mexicaine. Il vit donc dans un palace où un précepteur féru de sagesse japonaise lui donne des cours zen, où les domestiques sont muets pour les raisons que l'on devine. Très intelligent, Tochtli collectionne également les chapeaux et fait une fixette sur les hippopotames nains du Liberia. D'autres thèmes l'obsèdent et reviennent moins comme leitmotiv que comme running jokes, mais je vous en laisse la découverte et donc toute la saveur.

Le roman est très court. Je ne l'ai lu en deux fois que parce que des obligations professionnelles m'ont empêché de le finir d'une traite. Encore une fois, un roman qui se sert de la naïveté d'un enfant pour décrire le monde adulte. Sauf que là vous avez une farce sarcastique, imprégnée d'humour noir à laquelle on peut décerner une mention spéciale pour le nombre d'éclats de rire qu'elle peut déclencher.

Vraiment très drôle mais l'on peut tout de même y déceler une dénonciation de la violence humaine condamnée à se répéter. Une scène un peu plus glauque, que je m'abstiendrai de vous raconter, contient beaucoup moins d'ironie. Cette scène, Tochtli en ressent tout la violence contrairement à celle qu'il nous raconte, mine de rien, sans en réaliser la demesure, tout du long des pages.

Dans le terrier du lapin blanc, Juan Pablo Villalobos, Actes Sud, 12,80€. Traduction de l'espagnol (Mexique) par Claude Bleton.

dimanche 24 avril 2011

Contrebande d'Enrique Serpa

Ceci est un premier roman et il a fallu plus de soixante-dix ans pour que le lecteur français moyen puisse au moins savoir qu'il s'agit d'un classique de la littérature cubaine. Tout le crédit est dû aux éditions Zulma. Il semble, d'après la préface nostalgique d'Eduardo Manet, qu'Enrique Serpa (1900-1968) fut un des grands oubliés de la littérature du vingtième siècle. Journaliste était un plus prestigieux métier quand écrivain n'était même pas considéré comme tel.

Quand Manet n'hésite pas à mettre Serpa dans le même panier que Faulkner et Hemingway, ça ne manque pas d'interpeller. Mais j'ai été moins influencé par cette comparaison que par l'envie de faire une chronique sur ce blog qui ne figurerait pas dans une catégorie sur-représentée (comme la SFFF ou le polar). Pour changer un peu. De plus, me retrouvant seul dans des locaux de Rana Toad quasiment déserté (on en reparlera guys & girls), il faut bien que je diversifie légèrement le spectre de mes chroniques. Les prochaines risquent malheureusement d'être moins surprenantes de ma part... Ne serait-ce que l'anthologie très alléchante dénichée à l'Antre-Monde (142 du Chemin Vert, Paris, métro Père Lachaise), librairie spécialisée dans la littérature de l'imaginaire (dans l'ésotérisme et l'érotisme également). Mais, sans pour autant m'être attardé aux rayons bien fournis "satanisme" et "sacrifices rituels" de cette même librairie, je m'éloigne du droit chemin tracé par mon début d'article.

Sur fond de difficultés économiques des années 1920 à Cuba (sans être spécialiste de la situation politico-économique passée et présente de cette île, je ne pense pas me tromper en pensant qu'elle ne s'est jamais améliorée), le roman raconte comment l'armateur d'une goélette appelée La Buena Ventura, se laissera convaincre par le capitaine Requin, ancien taulard bourru au charisme puissant, de s'adonner à la contrebande (c'est le titre, banane!) d'alcool vers les Etats-Unis. Solution qui s'impose, tellement vivre de pêche s'avère de plus en plus précaire dans ce pays où la misère des taudis s'est étendue sans toucher les nantis. Superstitions, anecdotes, rixes et tromperies conjugales pimentent ces pages que le narrateur noirçit de ses angoisses et méfiances envers un équipage d'un statut social inférieur au sien.

A ce tourment intérieur du personnage, virant presque à la paranoïa, viennent en contrepoint de vagues espoirs de prospérité et une mélancolie inattendue qui vient parfois unir les hommes d'un même voyage. Toute une ambiance maritime servie par une écriture juste et complexe. La traduction de Claude Fell, traître indispensable à ceux qui ne peuvent lire le texte d'origine, m'a brillamment (enfin je lui fait totalement confiance) permis d'étendre ma culture générale d'un titre non négligeable.

Naviguant sur des flots rudes et envoûtants, Contrebande mérite toute l'attention, voire plus, que Zulma a réussi à lui attirer. Cette publication française date d'août 2009, ma chronique est donc tardive, mais j'espère qu'elle contribuera humblement à ce que deux ou trois, c'est un minimum, paire d'yeux (sans vouloir offenser personne, on ne sait jamais avec les radiations) supplémentaires s'y intéressent de plus près.


Contrebande, Enrique Serpa, Zulma, 20€. Préface d'Eduardo Manet. Traduction de l'espagnol (Cuba) par Claude Fell.

vendredi 16 avril 2010

Oasis dans le Pacifique - Outrage at Pangée

Les Topete Ruiz sont pauvres, bizarres et drôles. Ils vivent dans un taudis à Iztapalapa, au Mexique. Pepe le père de famille est un créatif, un idéaliste optimiste que rien ne saurait décourager. La situation des Topete ne va pas durer, il va bientôt dégoter LE job qui sortira sa famille de la misère, il ne cesse de le répéter à ses proches. Un jour, un collègue de travail lui confie un secret. Une nouvelle nation serait en train d’être crée, et ce nouveau pays recrute des habitants ! L’occasion pour Pepe de réaliser son rêve : tout recommencer à zéro loin de leur épouvantable quartier. Débordant d’enthousiasme, Pepe va réussir à convaincre sa femme et ses deux enfants de partir pour cet Eldorado.


Les personnages de ce roman sont tous plus bizarres, cyniques et drôles les uns que les autres. C’est un peu comme si la Famille Adams partait vivre sur une île du Pacifique avec pour projet de bâtir une société meilleure. Comme il s'agit de construire un pays entièrement nouveau, tout reste à faire. Le résultat est… cocasse.


Même si la situation des Topete Ruiz est tragique, l'auteur ne tombe pas dans la plainte ou le misérabilisme. Il aborde avec humour et recul des sujets importants tels que la vie en communauté, l’écologie, la communication, la politique, la liberté.


Une aventure citoyenne déjantée !


Oasis dans le Pacifique, Jaime Alfonso Sandoval, Thierry Magnier, 9782844207296, 11€

mercredi 10 juin 2009

Monsters and Men: Mexico Quartier Sud de Guillermo Arriaga

La littérature mexicaine n'est pas spécialement une lubie dont j'aurais été infecté depuis le Salon du Livre. Ceci sera le dernier livre de la vague, pour l'occasion, de publication de février/mars que je chroniquerai. C'est juste que j'éprouve depuis quelques mois un intérêt renouvelé pour les formes littéraires courtes et que Phébus est simplement un éditeur qui nous a proposé depuis un certains temps de très bonnes publications.
Ce recueil de 14 nouvelles, pour la plupart datées de 1984 (les exceptions seront précisées) commence très mal. "Lilly" est une nouvelle plutôt écoeurante que je n'ai pas envie de raconter. Une de ces insupportables histoires que j'ai considérée, au premier abord comme une envie délibérée de la part de l'auteur de choquer. Si les nouvelles suivantes avaient été l'application renouvelée et systématique de ce genre d'attitude qui me répulse franchement, vous n'auriez pas cet article sous les yeux. Heureusement ces treize premières pages ne m'ont pas rebuté au point de refermer le recueil sans aller plus loin. Parce qu'elle est en fait de compte, et dans toute sa cruauté, cohérente avec les histoires qui suivent.

Comme l'indique le titre du recueil, celles-ci dépeignent la vie d'un quartier. Le personnage du docteur Del Rio, homme disons... perfectible, revient dans plusieurs d'entre elles mais chacune raconte à sa façon la violence, les confrontations et la chaleur de ses rues. L'une semble empreinte d'une étrangeté morbide et allégorique ("Ultimatum violet"), l'autre se révèle, sur deux pages, être une joyeuse fantaisie surnaturelle ("Rogelio", que certains d'entre vous pourront lire in a secret place). "Invaincu" et "Une question d'honneur" (1983) illustrent le besoin viril de trouver sa place parmi les autres. La femme y est victime, maltraitée ("Lilly" ainsi que "195" et ses dénouements abjects dus à des actions masculines, cruauté enfantine ou paranoïa subtilement narrée), dévouée ("La Veuve Diaz") mais aussi objet de désir, de désespoir et de sérénité ("En paix", 1989).

Comme il devenu coutume de le faire, je m'attarde sur celles qui ont ma préférence. Dans "Rogelio", déjà mentionnée, le personnage éponyme est mort mais ne l'accepte pas et erre dans les rues diffusant son amitié post-mortem. "La Nouvelle-Orléans" et son géant fou de douleur inexprimée qui effraie le quartier avec sa bouteille et sa fureur, incomprise de ses voisins. Et surtout "Le Visage effacé" et son narrateur révolté qui, au contraire de ses parents, entretient le souvenir de sa soeur décédée (à rapprocher, dans sa façon de traiter du deuil, d' "Une toile de Hopper" dans Les Grands Espaces de Fabien Pichon).

Mexico Quartier Sud se lit très vite et multiplie les procédés narratifs (alternance de points de vue, paragraphes courts, soliloque décousu...). Malgré une violence crue et parfois dérangeante, on peut discerner quelques éclats d'humour désabusé. Au final, un recueil honnête qui ne mérite pas le sort, mensuel, inévitable et pourtant sain pour leur boutique, auquel de nombreux libraires l'ont déjà condamné. Et j'en fait malheureusement partie.


Mexico Quartier Sud, Guillermo Arriaga, Phébus, 16€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par Elena Zayas.

mardi 5 mai 2009

I Wanna Be Somebody: Quand je serai roi de Enrique Serna


Le Salon du Livre est terminé depuis longtemps mais ce n'est pas une raison pour ne pas continuer à lire des auteurs mexicains. Surtout Enrique Serna. La Peur des bêtes (Phebus puis Points), où l'auteur se servait habilement du polar pour égratigner joyeusement le milieu littéraire de son pays, m'avait laissé une très bonne impression. Je vous ai aussi fait part de la nouvelle parue dans Des Nouvelles du Mexique (Métailié). A la lecture de Quand je serai roi, nous ne pouvons qu'espérer trouver, dans un futur proche, d'autres traductions de ses ouvrages parus en espagnol.

La ligne directrice du roman est un concours radio, Quo melius illac ("A qui cherche le meilleur"), lancé par la très populaire mais pas très propre Radio Familiale. Destiné à récompenser un enfant-héros d'un million de pesos et d'une visite au Vatican pour être reçu par la Pape lui-même (Jean-Paul II, puisque le livre date de 2000), ce concours se trouve être orchestré par des hypocrites cyniques et très peu versés dans l'altruisme. Mais il sera aussi l'occasion pour le petit peuple de se montrer cupide, prêt à tous les mensonges et autres imprudences.

D'un chapitre à l'autre, les personnages sont chacun leur tour décortiqués, leur portrait psychologique très fouillé et étoffé par les événements auxquels ils sont confrontés. Commençons par Jorge Osuna dit Le Nopal, gamin des rues de douze ans qui traîne avec sa bande sniffant de la colle (celle qui a d'autres effets que l'odeur de la colle UHU si propice à nous rappeler nos années scolaires), et qui s'adonne à d'autres divertissements auxquels, à sa grande frustration, il n'est encore physiquement pas prêt. Marcos Valladares, grand patron de Radio Familiale, dont les déboires mondains (galas où il se sent forcé de se montrer) et familiaux (son fils gâté et zozottant de treize ans notamment) ont la teneur d'une parodique odyssée intérieure. D'autres personnages nous seront aussi présentés avec le même esprit corrosif: Bambi Rivera et Homero Freeman, imbus d'eux-même, parties du jury et porte-parole du concours; Javier Barragan, employé de Radio Familiale, qui s'auto-flagelle pour renier quotidiennement, et ce depuis des années, ses idéaux révolutionnaires en se rendant complice de la supercherie; et Damian, compagnon de Carmen (mère du Nopal) mais ennemi juré de Jorge, employé sordide du cinéma de quartier.

Il est également important de signaler les techniques narratives originales avec lesquelles Serna jongle dans l'allégresse. Dialogues croisés, chapitre en forme de scénario, délires hallucinatoires, monologue enregistré sur cassette et surtout une des scènes finales racontée comme si elle était visionnée en marche arrière.

Quand je serai roi, traits grossis par l'auteur ou non, nous dévoile une peinture acide et sans complaisance d'un Mexique sous le soleil qui ne chante pas vraiment.


Quand je serai roi, Enrique Serna, Métailié, 18€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par François Gaudry.

lundi 13 avril 2009

Have I Offended Someone?: Pétales et autres histoires embarrassantes de Guadalupe Nettel


C'est ce qu'on appelle un heel turn dans un certain jargon. J'ai enfin décidé de parler aussi des livres qui ne m'ont pas plu, quitte à dévoiler une facette désagréable presque intolérante de mes goûts et dégoûts littéraires. Avec tous mes articles élogieux, mais sans hypocrisie s'entend, j'avais parfois même du mal à trouver des bémols aux livres que j'aimais, je commençais à paraître un peu trop gentil. Quel intérêt de parler d'un livre qui ne me plaît pas? Ne pas en parler suffit. J'ai changé d'avis, tiens, comme ça, pour varier un peu.

Ce tout petit livre qui ne paie pas de mine avec ses six nouvelles, me laisse un goût insipide. Les deux premières nouvelles (un apprenti photographe obsédé par les paupières et un rendez-vous "galant" épié à travers des persiennes) m'ont presque donné envie de ne pas lire les quatre autres. Mais soyons raisonnables, ça se lit très vite et puis je dois bien ça à l'auteure vu le mal que j'avais bien l'intention d'en dire. Gardons les deux nouvelles centrales là où elles sont pour l'instant, et survolons les deux dernières. Un renifleur qui rôde dans les toilettes des femmes et qui traque une certaine Fleur, à la "trace", en bref une nouvelle ostentatoirement scatologique, passons, et "bouquet final" long et indigeste, une femme qui, sous forme de journal raconte à son docteur sa manie de s'arracher les cheveux ainsi que sa relation avec un homme qui fait craquer ses doigts.

Les deux nouvelles centrales, toutefois (et c'est à ce moment que je redeviens Dr. Jekyll) sauvent le recueil. "Bonsaï" est un très bon pastiche (ou hommage à) d'Haruki Murakami où le narrateur découvre, grâce à vieux jardinier, la subtilité du monde végétal et son rapport aux humains. "L'autre côté du quai", dans laquelle une narratrice nous raconte sa quête de la Véritable Solitude pendant ses vacances adolescentes, mêlent habilement amitié et tragédie.

Pétales a obtenu au Mexique les prix Gilberto Owen et Antonin Artaud, ce qui montre que le livre peut-être apprécié. J'espère que la quatrième de couverture est plus convaincante que mon impression personnelle.


Pétales et autres histoires embarrassantes, Guadalupe Nettel, Actes Sud, 15€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par Delphine Valentin.

dimanche 12 avril 2009

The desert sand mound a burial ground: Le Jardin dévasté de Jorge Volpi


Enthousiaste à la lecture de la nouvelle de Jorge Volpi parue dans Des Nouvelles du Mexique (Métailié), et attiré par l'aspect éclaté et relativement court du roman, je savais que j'allais le lire rapidement et en faire un petit article dans la foulée.

Le narrateur nous raconte son histoire d'amour chaotique avec Ana, quelques souvenirs, quelques conquêtes et nous balance aphorismes et autres réflexions, peut-être justes, mais déjà lus. Il nous avoue tardivement dans le roman avoir lu Cioran et Nietzsche pendant son adolescence, mais est-ce une raison pour vouloir en faire ressentir l'influence d'une si faible manière?

Et puis s'incrustent dans ce discours désabusé, cynique et irritant, la marche de Leïla, accompagnée d'un djinn. Leïla qui a perdu son mari, sa petite fille et son père, qui est partie à la recherche de ses frères à Bagdad. Leïla qui rencontrera sur son chemin compatriotes brisés, cadavres, américains bornés et villes détruites.

J'ai très peu de sympathie envers ce narrateur qui se cherche des excuses pour expliquer son détachement malsain, peut-être parce qu'il est plus proche de moi que cette femme dont on détruit le pays et l'âme. Toutefois, à de rares exceptions, on compatit avec lui sur certains épisodes de sa vie, mais je dis ça parce que j'ai mauvaise conscience de dire un peu plus de mal d'un livre que d'habitude. Ce que je reproche au narrateur c'est peut-être son impuissance à agir sur un conflit lointain mais rapproché artificiellement par les caméras. L'impuissance de beaucoup d'occidentaux, en somme. Je ne peux, par contre, lui reprocher sa sincérité: "Qu'ai-je à faire, que diable, de Leïla, du djinn et de leurs tourments? Pourquoi les laisser survenir dans l'intimité abrupte que la vie, pour une fois, me concède?"

Les passages les plus dignes d'intérêt, les plus beaux tout en restant d'une violence sans illusions sont ceux autour de Leïla et du djinn (élément surnaturel et folklorique que l'on accueille sans rechigner dans l'histoire pourtant très réaliste). Dommage qu'ils soient un peu moins nombreux que la vie et frasques du narrateur, que l'on subit dans l'attente d'en lire plus sur cette femme courageuse.
Je serais content de lire un autre avis.


Le Jardin dévasté, Jorge Volpi, Seuil, 18€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli.

dimanche 22 mars 2009

The Chamber of 32 Doors: Des Nouvelles du Mexique (Métailié)


Je ne connaissais pas grand-chose de la littérature mexicaine contemporaine avant d'ouvrir ce recueil. Le nombre d'auteurs y participant ne permet certes pas de l'appréhender dans sa totalité, mais la sélection de François Gaudry suffit à en apercevoir quelques éclats. Comme il le soutient dans sa préface, nous n'avons pas affaire à "UNE littérature mexicaine, mais des écrivains mexicains singuliers". Chaque nouvelle est précédée par une brève biographie de leur auteur, où l'on peut voir à quel point beaucoup de choses restent à traduire pour le public français.

32 auteurs, 32 facettes ou 32 portes, 32 façons d'aborder cette littérature si riche et variée.
Nous sommes donc dans cette grande pièce, avec ses 32 portes, et je me propose de vous en entr'ouvrir quelques unes.

Sur la première est inscrit "Antonio Sarabia - La mousse sur la pierre". L'histoire d'un homme qui va raconter comment il a inventé de toutes pièces une relation avec une petite amie pour ne pas être harcelé par les moqueries de ses camarades. Obsédé par le besoin d'être le plus précis possible pour mieux mentir, il va être pris au piège par ses sentiments et une réalité qui va peu à peu se distordre.

Veuillez me suivre vers cette porte-là, oui celle d'Enrique Serna et sa nouvelle "La Vanité". Je connaissais cet auteur grâce au roman noir, La Peur des bêtes (Points), prétexte à une satire sur le milieu intellectuel et littéraire mexicain (je prévois également un prochain article sur le roman Quand je serai roi , également chez Métailié). Dans "La vanité", on retrouve cette méfiance envers l'élitisme éditorial. Juan Pablo, un apprenti poète envoie ses écrits à un personnage hautement respecté,Octavio Paz. Celui-ci lui répond six mois plus tard et sa lettre est plus qu'encourageante. Devant le scepticisme de ses amis et confrères, il décide d'organiser une grande fête qui aura pour clou la lecture de cette fameuse lettre. Mais sa petit fille Natalia fera innocemment son malheur...

La porte suivante, "Jorge Volpi - La Voix d'Orson Welles et le silence de Don Quichotte", n'est pas une histoire à proprement parlé, mais une sorte d'essai relatant l'obsession de Wells pour le roman de Cervantès. Il y est surtout question de l'adaptation cinématographique que le réalisateur n'a hélas jamais achevée. Très documenté et multi-référentiel, ce récit m'a donné l'envie irresistible de noter Don Quichotte, ce roman que l'on croit connaître sans avoir lu, dans mes prochaines lectures. A noter qu'il est également question de l'adaptation avortée de Terry Gilliam.

La dernière porte de ma visite guidée, "Alvaro Enrigue - Outrage", est une odyssée urbaine dans un camion ramasseur d'ordures, l'Outrageous Fortune. Un trio voguant chaque jour dans une routine qui sera brisée par une mutinerie. Originalité, humour et poésie.

Il est maintenant temps pour moi de vous laisser seuls à la découverte des autres nouvelles. Un petit conseil, ne les enchaînez pas avec précipitation. Savourez-les une par une à votre rythme et vous verrez que mes quatre préférées présentées plus haut n'empêchent certainement pas les 28 autres d'être de bonne qualité: mini-polar (Paco Ignatio Taibo II, "Les merveilleuses odeurs de la vie"), étrange (Mauricio Molina, "Toile d'araignée"), historique (Ana Clavel, "Son véritable amour") et autres genres se cotoîent pour faire (et je cite une fois de plus le préfacier) "éclater toutes les représentations réductrices".

Des nouvelles du Mexique, Métailié, 13€. Traduction collective de l'espagnol par François Gaudry, Bertille Hausberg, Danielle Zaslavsky, Claude Couffon, René Solis, Gabriel Iaculli, André Gabastou, Nelly Lhermillier, Liliane Hasson et Marianne Millon.

jeudi 18 décembre 2008

Mon nouvel auteur préféré: José Saramago !

Pour faire suite à mon article sur l'Aveuglement:(voir: http://ranatoad.blogspot.com/search?q=saramago) je vous conseille La Lucidité et Les Intermittences de la mort!

Suite de l'Aveuglement, La Lucidité raconte les conséquences du vote blanc de 83% des inscrits sur les listes électorales lors des municipales d'une ville indéfinie et les manifestations silencieuses et sans violence que rejoindra même le maire! La manipulation du gouvernement sur les médias afin de trouver des bouc émissaires à cette crise ce qui mènera à la traque du groupe survivant de la précédente épidémie et surtout de "sa chef"!

L'auteur montre par l'absurde la déliquescence des organismes de l'état en temps de crise, allant jusqu'à quitter la ville pour la gouverner loin des manifestations, ce qu'ils sont près à raconter pour se dédouaner, ainsi que la façon dont ils traitent les fonctionnaires censé résoudre la crise!
L'intérêt principal de l'ouvrage étant de décrire l'incapacité de l'État à se poser les bonnes questions sur sa politique!

Dans Les Intermittences de la mort l'auteur imagine les conséquences morales, politiques, économiques et sociales si la mort en venant à ne plus faire son œuvre!
Le plus spectaculaire est de constater la vitesse de déliquescence de cette "bonne société', la vitesse à laquelle l'État se dédouane de ses responsabilités en s'associant à la Maphia (avec PH pour bien faire la différence...) afin que les non-morts puissent mourir à la frontières et être ramené pour enterrement!
Mais pourquoi la mort ne fait-elle plus son oeuvre? Après moultes hypothèses médiatiques elle envoi une lettre pour s'expliquer!
Après un prélude apocalyptique l'auteur se tourne vers une fin plus comique qui détonne totalement de son style habituel!

José Saramago , Le Seuil, 2006-2008.

(Voir sa bibliographie sur le site de la Librairie Compagnie: http://www.librairie-compagnie.fr/portugal/auteurs/saramago.htm )

jeudi 4 décembre 2008

Daphné disparue

Après avoir perdu la mémoire dans un accident un auteur part à la quête d'une femme mystérieuse dont il est tombé amoureux juste avant l'évènement. Les seuls souvenirs qui lui restent sont consignés dans un cahier. Il part alors à la recherche de cette créature... Mais elle-t-elle réelle ou fait-elle partie de la fiction de son futur roman?
Il croise dans un enchevêtrement de réel et de fiction une muse censé inspirer les auteurs, des créatures tout droit sorties des Métamorphoses d' Ovide. Dans le "cercle littéraire" où il a diné avant l'accident les personnages rencontrent leur créateur!

Dans ce dédoublement des perceptions du réel Somoza perd son lecteur dans un labyrinthe de signification et joue avec son attente... En effet la femme tant aimée ne serait-elle pas l'alterego de l'auteur... et donc son double de fiction?

Dans ce premier ouvrage de l'auteur on retrouve toutes ses thématiques qui seront plus tard développés avec brio: l'interaction avec la mythologie dans La Dame numéro 13 etl'intrigue policière à tirroir dans La Caverne des idées.

José Carlos Somoza, Actes Sud, septembre 2008.

mercredi 5 novembre 2008

L'Aveuglement de Saramago

Une fois n'est pas coutume je suis tombée amoureuse d'un livre en sortant d'une séance de cinéma !

Dans une ville indéfinie et à une époque qui pourrait être la nôtre une étrange épidémie fait rage : définie comme "le mal blanc" par les médecins elle rend aveugle (on voit blanc au lieu de noir) sans que l'on en comprenne son mode de propagation ni le remède. Les malades semblent être frappés au hasard et bientôt le gouvernement doit prendre une décision radicale : la quarantaine. Les "contaminés" et les suspects de le devenir sont confinés dans les deux ailes d'un hôpital psychiatrique désaffecté au confort sommaire (WC à la turc, canalisations d'eau rebelles ...) et laisse tout ce beau monde à lui-même.
Combien de temps vont-ils passer ainsi? Comment cohabiter quand on est brusquement handicapé? Les pires affres de l'être humain ne tardent pas à se révéler : un groupe se forme et décide de rationner la nourriture et exige en échange dans un premier temps tous les bijoux de l'autre camp ... puis leurs femmes.
Au milieu de ce chaos une femme conserve mystérieusement la vue, elle va être le témoin mais aussi la personne qui aidera les survivants à sortir dans une ville abandonnée par le gouvernement dans laquelle l'être humain est retourné à son état animal.

Saramago, Prix Nobel de littérature bizarrement! , pose la question de ce que l'être humain peut faire si personne n'est là pour le juger, des lâchetés (un homme vole la voiture du premier aveugle en prétextant de l'aider) à la bestialité mais aussi l'espoir de la reconstruction à travers la conscience de la femme restée voyante.
Le plus intéressant est sans conteste le style. La narration saute d'une focalisation à une autre: sans marque de dialogue, tirets et guillemets, on passe d'un personnage à l'autre comme s'il s'agissait d'une conscience collective dans de longues phrases.

Extrait (juste pour le style car se n'est pas un passage représentatif du livre):

" Ils savaient qu'il leur faudrait aller jusqu'à la clôture extérieure pour prendre les caisses que les soldats, fidèles à leur promesse, laisseraient entre le portail et l'escalier, et ils craignaient un stratagème, une chausse-trape, Qui nous dit qu'ils ne vont pas se mettre à nous tirer dessus, Après ce qu'ils ont déjà fait, ils en sont bien capables, nous ne pouvons pas nous fier à eux, Moi je ne sors pas dehors, Moi non plus, Il faudra bien que quelqu'un aille dehors si nous voulons manger, Je ne sais pas s'il vaut mieux mourir d'une balle ou mourir de faim à petit feu [...] "


José Saramago, Point Seuil, 2008.

jeudi 23 octobre 2008

La Caverne des idées

Un éphèbe est retrouvé mort dans les rues d'Athènes. Un de ses amis demande l'aide d'Héraclès Pontor, le Déchiffreur d'énigmes, Sherlock Holmes de l'époque de Platon.

Somoza nous entraine sur la piste d'une secte exerçant le sacrifice humain mais les commentaires du "traducteur", en note de bas de page, nous amènent sur une autre voie: la figure de style de l'Eidesis. Technique d'écriture imaginée par Somoza lui-même qui consiste à filer une métaphore sur plusieurs paragraphes, pages ou tout un roman!
On comprend alors que le récit est réinterprété au fur et à mesure par ce "traducteur" qu'une amie suspecte vite d'être le véritable auteur de ce texte, sachant que le traducteur précédent est censé être mort violament en ne laissant derrière lui que sa propre traduction!

Une plongée au cours de l'héritage antique en même temps qu'une veritable reflexion sur le rôle du lecteur ainsi que sur celui de traducteur!

José Carlos Somoza, Actes Sud, 2003.

mercredi 10 septembre 2008

Pandore au Congo

En 1914, alors que l'Empire britannique est à son apogée un écrivain raté est engagé pour raconter les exploits de Marcus Garvey, un gitan accusé du meurtre du fils du duc qu'il servait au Congo.
Le récit narre l'expédition enragée des deux hommes ou la rencontre de deux civilisations dans la violence la plus extrême.

Tout en reprenant le même thème que dans La Peau froide, son premier roman, sans la dimension fantastique cette fois,Albert Sanchez Piñol décrit le choc de deux civilisations ayant leurs propres modes de vie et motivations tout en dénonçant les exactions commises sous la domination de l'Empire britannique.
Il reprend de plus l'idée qu'une figure féminine peut-être le pont entre les cultures.

Mais le thème principal reste la question de comment présenter l' Histoire et la réception de cette vision par le monde de l'édition et la justice: faire le portrait d'un colonialisme sans pitié qui récolte ce qu'il a semé? Présenter les locaux comme des barbares assoiffés de sang et obéir ainsi aux clichés de l'époque? Ou traiter cette rencontre sous un aspect anthropologique (premier métier de l'auteur) et historiquement objectif?

En conclusion: des passages très gore et très violents, une réflexion sur la présentation de l'histoire et sa réception et un portait d'un colonialiste proche d' Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog.

Albert Sanchez Piñol, Actes Sud, septembre 2008.



mardi 29 juillet 2008

L'ombre du vent

Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y «adopter» un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets «enterrés dans l'âme de la ville» : L'Ombre du Vent.

Je viens de refermer ce roman de quelques six cents pages et l'émotion est encore vive. L'Ombre d'une vent, c'est l'histoire d'une quête à travers Barcelone, ville qui vit de sombres heures, saignée par des guerres de pouvoir. De nombreuses vies se croisent dans ce roman; on s'attache à chacune d'elles, on se les approprie au point de souffrir avec elles de leurs destinées tragiques.
L'Ombre du vent est écrit d'une main de maître par Carlos Ruiz Zafon, traduit de l'espagnol par François Maspero. Si au début de ma lecture j'ai cru y voir une Dame n°13, en le refermant je sais que ce livre porte un message propre, que la personne a qui il est donné de le lire, si son cœur arrive à se l'approprier, s'en trouvera changée.

Un beau livre, quelques longueurs.. si Somoza avait eu l'idée d'écrire cette histoire, quel chef d'œuvre il serait devenu!

Les guerres sont sans mémoire, et nul n'a le courage de les dénoncer, jusqu'au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu'au moment où l'on s'aperçoit qu'elles sont de retour, avec un autre visage et sous autre nom, pour dévorer ceux qu'elle avait laissés derrière elle.

lundi 21 juillet 2008

Lasciate ogni speranza voi ch'entrare..

Laissez toute espérance, vous qui ouvrez le roman de Jose Carlos Somoza; dans les rues torrides de Madrid, faites face aux Dames du Verbe.
Ces muses inspirèrent les plus grands poètes, Dante, Homère, Shakespeare, Poe, Blake.. qui conférèrent malgré eux un pouvoir terrible aux mots: avec un vers les Dames vous démembrent, avec un autre elles vous asphyxient, un scorpion traverse vos entrailles quand elles récitent du Baudelaire, vous revivez la même mort atroce avec Milton.
La vie peut se rassasier de plaisir mais elle est toujours affamée de douleur.

J'ai plongé en apnée dans ce roman noir où la poésie est une arme de mort, je n'en suis ressortie, me libérant de l'oppression des mots, qu'en refermant la dernière page. Jose Carlos Somoza m'a mis la peur au ventre, ce livre est une réussite!

La Dame n°13, Jose Carlos Somoza trad. Marianne Millon - Actes Sud , Actes Sud Babel