Enthousiaste à la lecture de la nouvelle de Jorge Volpi parue dans Des Nouvelles du Mexique (Métailié), et attiré par l'aspect éclaté et relativement court du roman, je savais que j'allais le lire rapidement et en faire un petit article dans la foulée.
Le narrateur nous raconte son histoire d'amour chaotique avec Ana, quelques souvenirs, quelques conquêtes et nous balance aphorismes et autres réflexions, peut-être justes, mais déjà lus. Il nous avoue tardivement dans le roman avoir lu Cioran et Nietzsche pendant son adolescence, mais est-ce une raison pour vouloir en faire ressentir l'influence d'une si faible manière?
Et puis s'incrustent dans ce discours désabusé, cynique et irritant, la marche de Leïla, accompagnée d'un djinn. Leïla qui a perdu son mari, sa petite fille et son père, qui est partie à la recherche de ses frères à Bagdad. Leïla qui rencontrera sur son chemin compatriotes brisés, cadavres, américains bornés et villes détruites.
J'ai très peu de sympathie envers ce narrateur qui se cherche des excuses pour expliquer son détachement malsain, peut-être parce qu'il est plus proche de moi que cette femme dont on détruit le pays et l'âme. Toutefois, à de rares exceptions, on compatit avec lui sur certains épisodes de sa vie, mais je dis ça parce que j'ai mauvaise conscience de dire un peu plus de mal d'un livre que d'habitude. Ce que je reproche au narrateur c'est peut-être son impuissance à agir sur un conflit lointain mais rapproché artificiellement par les caméras. L'impuissance de beaucoup d'occidentaux, en somme. Je ne peux, par contre, lui reprocher sa sincérité: "Qu'ai-je à faire, que diable, de Leïla, du djinn et de leurs tourments? Pourquoi les laisser survenir dans l'intimité abrupte que la vie, pour une fois, me concède?"
Les passages les plus dignes d'intérêt, les plus beaux tout en restant d'une violence sans illusions sont ceux autour de Leïla et du djinn (élément surnaturel et folklorique que l'on accueille sans rechigner dans l'histoire pourtant très réaliste). Dommage qu'ils soient un peu moins nombreux que la vie et frasques du narrateur, que l'on subit dans l'attente d'en lire plus sur cette femme courageuse.
Je serais content de lire un autre avis.
Le Jardin dévasté, Jorge Volpi, Seuil, 18€. Traduit de l'espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli.
1 commentaire:
Bon, j'admets ne pas tout avoir compris, mais ça ne change pas grand-chose à mon avis. Pour un avis plus éclairé: http://sijetaisdeboutsurmatete.blogspot.com/2009/04/les-jardins-devastes-de-jorge-volpi.html
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