"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 28 février 2010

Edmund Dulac 1882-1953 : de Toulouse à Londres

Il s’agit du catalogue de l’exposition "Edmund Dulac 1882-1953 : de Toulouse à Londres" qui se tint à la médiathèque José Cabanis à Toulouse en 2008. En plus des reprographies de nombreux dessins, on trouve une biographie de l’artiste toulousain qui devint par la suite anglais (et transforma donc son prénom Edmond en Edmund). Rares sont les documents francophones concernant l’artiste, c’est pourquoi ce livre est plus que bienvenu. Tout comme son homologue Arthur Rackham, auquel il fut très vite comparé, Edmund Dulac fut connu de son temps pour avoir illustré ce que l’on appelle les gift books, beaux livres très prisés à l’époque en Angleterre puis aux Etats-Unis. Il illustra de nombreux contes dont ceux d’Andersen et les mille et unes nuits. L’originalité du travail de Dulac est dans l’orientalisation de ses sujets, ainsi que son utilisation des textures et des couleurs. Loin de stagner dans un même style, il évolua notamment en laissant de côté les perspectives pour se concentrer sur les textures et les tracés. Il se dirigea aussi vers la décoration, notamment de pièces de théâtre, et dans la réalisation de vignettes, dont celles de timbres postaux. Dans le contexte de la première guerre mondiale, on découvre aussi un monde bouleversé. Le monde de l’édition est mis en lumière et nous permet de comprendre le fonctionnement des reproductions des illustrations. Un ouvrage précieux par sa rareté qui nous permet de découvrir un artiste majeur du 19ème siècle, tout du moins en Angleterre…

Pierre Nouilhan, Éditions du Rouergue, 2008, 119 pages, 30€

La compagnie des menteurs

Dimanche matin, un vent cinglant fait vibrer tout le bâtiment. Je me réveille, la tête pleine de recherches bibliographiques en cours, de cartons perdus et de remises à négocier la semaine prochaine. Mon cerveau ne connait plus le bouton off. Il mouline jusqu’au matin en chantant le nom de mes fournisseurs. Je me fais un bol de céréales et m’installe sur mon canapé, en glissant mes pieds sous une couette.

Mon ordinateur ronronne, à portée de main. Je touille les bouts de fraises lyophilisées ramollies par le lait et commence machinalement à reprendre une lecture qui trainait : « La compagnie des menteurs ».

Je suis projetée depuis mon canapé jusqu’au moyen-âge, sous une pluie battante depuis des mois. Ca commence bien, après la nuit que je viens de passer. Je suis un vieux camelot difforme, dans une Angleterre baignée de traditions et de mysticisme. Je revends des bouts de cheveux et des robes de moines moisies à de nobles crédules. Soit. J’aime bien le bonhomme. Voilà que la peste apparaît dans le sud de l’Angleterre. On dit qu’elle vient de l’île de Guernesey, puis de plus loin encore. Je décide de faire route vers le nord.
Plusieurs individus se joignent bon gré mal gré à mon périple, et j'en suis maintenant à la moitié du roman. Nous sommes neuf, neuf voyageurs de plus en plus ambigus.

La porte claque, encore un coup de vent. Ma cuillère est laissée à l’abandon dans mon bol de céréales, devenues presque liquides. L’histoire est immersive (c’est le cas de le dire, j’ai l’impression d’avoir les pieds dans l’eau). Elle ne me fait pas tant penser à un polar, bien qu’elle soit présentée comme telle. Un roman historique non plus, même si l’action est saisissante de détails réalistes.
Pour l’instant « La compagnie des menteurs », c’est une ambiance. Une ambiance dérangeante, où l’on sait que quelque chose va se produire, qu’il faut guetter la moindre phrase, le moindre regard pour ne pas recevoir une virgule dans le dos. J’observe mes comparses, j’écoute leurs histoires, leurs légendes, tandis que la vérité transparaît au fur et à mesure des pages..
J'y retourne!

Le pitch (en vrai) :
1348. La peste s’abat sur l’Angleterre. Rites païens, sacrifices rituels et religieux : tous les moyens sont bons pour tenter de conjurer le sort. Dans le pays, en proie à la panique et à l’anarchie, un petit groupe de neuf parias réunis par le plus grand des hasards essaie de gagner le Nord, afin d’échapper à la contagion. Neuf laissés-pour-compte qui fuient la peste mais aussi un passé trouble.
Bientôt, l’un d’eux est retrouvé pendu, puis un autre noyé, un troisième démembré… Seraient-ils la proie d’un tueur plus impitoyable encore que l’épidémie ? Et si celui-ci se trouvait parmi eux ?
Toutes les apparences ne vont pas tarder à s’avérer trompeuses et, avec la mort qui rôde de toutes parts, les survivants devront faire preuve d’une incroyable sagacité, au milieu des secrets et des mensonges, pour trouver le mobile des meurtres et résoudre l’énigme avant qu’il ne soit trop tard.


Roman traduit par Fabrice Pointeau, écrit par Karen Maitland, à paraître le 18 mars 2010.

mardi 23 février 2010

La Trilogie de Gormenghast

à été écrite dans les années 1950 en anglais et traduite en français 25 ans plus tard. C'est un grand classique pour beaucoup de monde. On compare souvent l'influence qu'a eu de l'univers de Mervyn Peake sur la fantasy à celle qu'a eu l'oeuvre de Tolkien.

Cette trilogie (en français : Titus d'Enfer, Gormenghast et Titus errant) m'a permis de retrouver pour ma plus grande joie la sensation que j'éprouvais enfant, à l'écoute d'un conte de qualité. On en retrouve tous les éléments : un univers mystérieux et onirique, des personnages très charismatiques, beaucoup d'humour, de l'aventure, des thèmes philosophiques (le pouvoir, l'inconnu, la brièveté de la vie).

Pour essayer de vous situer cette oeuvre, je dirais que Gormenghast est pour moi à mi-chemin entre Alice au pays des merveilles et L'Île au trésor (dis comme ça, avouez qu'il y a du potentiel !). Ni d'île ni d'univers parallèle, mais un vaste château labyrinthique, dans lequel évolue une micro-société, avec ses codes, ses moeurs, son histoire et ses héros.

Mon livre de l'année 2009.

Les trois volumes sont malheureusement épuisés chez Phébus. Ils viennent toutefois d'être réédités il y a quelques mois chez Points Seuil. J'ai cependant mis l'illustration d'un des volumes de chez Phébus, qui à mon sens reflète mieux l'atmosphère de la trilogie que les couvertures de l'édition de poche.

La Trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus d'enfer ; Mervyn Peake ; Points ; 9782757804636 ; 8,50€
La Trilogie de Gormenghast, Tome 2 : Gormenghast
; Mervyn Peake ; Points ; 9782757804643 ; 8,50€
La Trilogie de Gormenghast, Tome 3 : Titus errant ;
Mervyn Peake ; Points ; 9782757804650 ; 7,00€

lundi 22 février 2010

L'Homme du lac d'Arnaldur Indridason


Il est diablement prolifique le bougre. Hypothermie, sixième enquête de Erlendur Sveinsson vient de sortir, toujours chez Métailié. Bon prétexte pour ne pas me laisser trop distancé, moi qui ne suis seulement qu'au quatrième volet. Désolé pour le retard (même la version poche date un peu maintenant), mais un retour en arrière peut aussi avoir fonction de rappel à ceux qui, comme moi, traîneraient un peu sur la série d'Arnaldur Indridason.

L'Homme du lac commence avec la découverte d'un squelette par une ingénieur hydrologue. Renseignés par le carbone 14 et la trouvaille d'un appareil d'espionnage de fabrication russe attaché au cou du squelette, Erlendur, Sigurdur Oli et Elinborg, le trio habituel, va devoir fouiner un peu du côté des quelques disparitions survenues en Islande dans les années 60. Erlendur, par intuition se penchera plus particulièrement sur un certain Léopold, prénom d'emprunt pour un faux représentant de machines agricoles dont l'identité ne sera dévoilée que dans les dernières pages.

Parallèlement à l'enquête, nous suivons aussi Tomas, un ancien étudiant Islandais parti à Leipzig, l'une des villes principales de l'ex-RDA, pendant la Guerre Froide. La perpétuelle méfiance, conséquence malsaine de la "surveillance réciproque" instaurée par le Parti, rappellera à la réalité le plus naïf du petit groupe d'islandais réuni par les convictions. D'autres personnages principaux de cette époque auront leur rôle quarante ans plus tard dans l'enquête: Hannes, autre étudiant islandais de retour au pays après délation et expulsion et Lothar, jeune allemand un peu trop sociable.

Inutile de faire très long, ceux qui sont déjà familiarisés avec Erlendur et ses collègues sont déjà convaincus que suivre la série est une agréable obligation. Et puis je ne sais pas à quoi c'est dû, mais à chaque fois on rentre avec une telle facilité dans l'intrigue que les pages semblent se tourner bien plus vite qu'à la normale. Les éléments de la vie personnelle d'Erlendur s'immiscent encore dans l'histoire: les apparitions fluctuantes de sa fille junkie et de son fils aussi taciturne que lui, ses visites à Marion, son mentor friande de westerns, sa relation presque amoureuse en dent de scie et son obsession pour les livres racontant les disparitions d'êtres humains. J'avais oublié qu'il avait perdu son frère quand ils étaient enfants, ça m'apprendra à espacer entre les tomes. Heureusement que tout ces importants détails, inutiles à l'intrigue mais primordiaux pour la consistance du personnage, nous sont rappelés avec sobriété et sans gêner qui que soit.

Bien évidemment, l'auteur nous distille toujours, entre les lignes, humour noir et grincement de dents à l'appui, quelques informations sur la société islandaise contemporaine.

Bon j'essaierai de lire Hiver Arctique avant la publication du septième. En français. J'ai l'excellente excuse de ne pas avoir le temps de maîtriser suffisamment la langue islandaise d'ici là.


L'Homme du lac, Arnaldur Indridason, Seuil, coll. "Points",7,50€. Traduit de l'islandais par Eric Boury. Prix du polar européen du Point 2008.

Daemon

Avant de mourir, il a déclenché le chaos.

Le grand Matthew Sobol est mort. Concepteur de plusieurs jeux videos incontournables, directeur d'une compagnie de programmation dont le nom n'est plus à assoir, il a consacré ses dernieres années à la conception d'un programme sensé mettre en branle l'ordre du monde: Daemon.
Dans un premier temps, ce sont deux ingénieurs qui meurent assassinés selon un plan préparé des mois plus tôt. L'inspecteur Sebeck aux prémices de l'enquête, se retrouve à seconder le FBI, afin de comprendre les dessins de Sobol..

Soyons bref concernant l'histoire, car le roman foisonne d'idées et d'innovations. Daemon est un techno-thriller qui secoue pas mal, dont l'implacable meneur repose plusieurs pieds sous terre.

On visualise aisément des scènes d'action à couper le souffle. Les idées branchées nouvelles technologies sont travaillées, réfléchies, les personnages, même si pas très fouillés, suffisamment originaux pour s'y attacher.

Il sort le 8 avril chez Fleuve Noir, écrit par Daniel Suarez, traduit (et bien traduit!) par Leslie Boitel. Un conseil : lisez-le, conseillez-le. M'étonnerai pas qu'on voit un film poper de ce roman incroyable, en tout cas le tome 2 : "Freedom", vient de paraître aux US et je me le suis commandé =)

The Dark Ride: Tout le monde descend!


D'un côté, le fonds spécialisé de nouvelles noires et francophones de la médiathèque de l'Ic, à Pordic, dans les Côtes d'Armor est aussi appelé, pour faire court, La Noiraude. On y trouve 5550 nouvelles (ça fait rêver), des revues spécialisées ainsi que des manuscrits. De l'autre, l'association "La Fureur du Noir" de Lamballe (dans le même coin). Ces deux entités organisent tous les ans, à l'occasion du festival "Noir sur la ville", un concours de nouvelles ayant pour objectif de débusquer de nouveaux talents. Le résultat, une anthologie à thème (cinq auteurs "amateurs" et cinq confirmés) publiée par Terre de Brume et sa collection "Granit Noir" (les deux premières, en 2001 et 2002 l'étaient par Baleine).

Les nouvelles de Tout le monde descend! ont pour dénominateur commun le train. La préface de Frédéric et Denis Flageul rappelle à quel point le genre policier/noir est lié à ce moyen de transport mais je vais arrêter de paraphraser et donner mes impressions sur les histoires.

Abdel-Hafed Benotman nous présente dans "Parano-Rail" un vendeur de sandwich à la verve fleurie. Il s'attache à repérer toute menace potentielle non sans délit de sale gueule. Il s'en prendra personnellement à un usager, ancien taulard devenu écrivain. Le récit prend une autre saveur quand on lit la petite biographie de l'auteur en fin de parcours. Un monologue grinçant à l'humour maîtrisé.

"Le Dernier des Dalton" de Dominique Chappey prend un tournant plus social. Dans le cadre d'un atelier de réparation, une amitié entre collègue brisée par un contremaître qui pratique le harcèlement moral. Des lignes à déguster comme... un plat qui se mange froid.

Licencié, le personnage de "Vogue ma galère" (Martine Chesnel), passe son temps à la gare (avec sa "valise alibi") en ramassant journaux et revues délaissés. Il aime particulièement finir les mots croisés. Mais un anonyme a fini par le repérer et lui laisse des messages amicaux.

Un personnage différent mais qui a aussi sa routine quotidienne, Bolek, le SDF de Joêl Stamm ("Le Signe"). Un individu que les voyageurs croiront volontiers maboul, mais le lecteur, entraîné dans un progressif retour en arrière biographique, ne pourra que nuancer son jugement.

Laurent Martin nous propose dans "Train de nuit" une triangle classique avec le trio mari/femme/amant. D'une efficacité certaine.

Dans "La Mouche", Pascal Millet nous raconte la dernière partie d'un braquage raté où le survivant rencontre deux jeunes frères. Ton nerveux et problème mathématique insoluble collabore pour en faire un très bon récit.

"N'oubliez pas de composter votre mort" de Jean-Paul Nozière ne manque pas d'originalité même s'il est question d'un serial-killer. Une bonne idée gâchée selon moi par l'apparition, vers le dénouement, d'un journal intime qui n'apporte que redondance à une histoire qui aurait eu un meilleur d'impact avec plus d'implicite. Loin de moi l'idée faire la leçon à cet auteur confirmé, c'est juste un des rares bémol que j'ai relevé dans cette anthologie.

L'insomniaque chroniqueur de Serge Reynaud ("La Tête au carré") est un amateur de train à l'ouïe très affiné. Alors forcément, quand il y a un viol dans le souterrain de la gare, de sa chambre d'hôtel il a entendu et sait reconnaître la démarche du coupable. Mais est-ce une preuve suffisante pour les flics?

Un pur régal d'humour noir, "Le Train de 6H06" (Axel Sénéquier), met en scène Jean-Luc, un garde-barrière qui règle les problème de Castelnaudary de façon particulière. Mais Lucien, un jeune journaliste de L'Express, parti enquêter dans cette gare "performante" en matière de suicides, vous en parlera mieux que moi. Sa confrontation finale avec Jean-Luc, est un peu pimentée à la sauce Saw, allusion volontaire ou non, je ne m'en plaindrai pas.

"Le retardataire" de Lalie Walker se détache un peu des autres en ne donnant aucune donnée spatio-temporelle. Anticipation ou monde parallèle, aucune réponse à ça, juste un ancien libraire qui court (non sans avoir choisi difficilement ses trois meilleurs livres) comme les milliers de ses contemporains pour choper une place dans le tout dernier train, toute dernière chance de s'échapper de cette ville étouffante.

Une onzième nouvelle est exceptionnellement ajoutée au sommaire, en forme d'hommage à Patrick Pommier (1956-2009), référence de la nouvelle policière publiée dans de nombreuses revues et lauréat des deux premières éditions du concours La Noiraude/La Fureur du Noir. Le récit d'un braqueur trop porté sur les chiffres nous est ainsi livré et c'est un bel hommage qui me permettra, un peu trop tard, de chercher à lire cet auteur dans l'avenir.

Dans le panneau, l'anthologie de l'année 2008, m'avait déjà fait de l'œil, mais malheureusement... En tout cas, Tout le monde descend! me donne sérieusement envie de lire les huit fournées précédentes.


Tout le monde descend!, Terre de Brume, coll. "Granit Noir", 10,50€. Coordonné par Frédéric Prilleux.

samedi 20 février 2010

Kraven


Kraven de Xavier Mauméjean est un de mes plus gros coups de coeur depuis un an de lecture, et mérite très amplement une place de choix dans toutes les bibliothèques.
Même s'il relève des genres fantastique/littérature populaire, il reste aussi inclassable tant l'histoire est travaillée et fourmille de références accessibles à tous. Le volume édité par Mnémos regroupe l'intégrale des aventures de La Ligue des Héros, deux romans qui prennent place dans un monde victorien imaginaire, une sorte d'uchronie fourmillant de héros hauts en couleurs tels qu'on peut les trouver dans les pulps et les romans d'aventures populaires.
A cela, Mauméjean ajoute le Pays Imaginaire et ses habitants, ayant l'idée truculente et pas si bête que Peter Pan puisse être le plus grand ennemi qu'ai à craindre l'Empire Britannique.
Avec talent, il fait vivre des aventures rocambolesques à ses héros un peu partout sur la planète, parsemant ses histoires de références culturelles savoureuses, mais sans jamais oublier de relier des éléments à l'histoire littéraire classique, ou à l'Histoire tout court.

Intelligent, haletant, enlevé, attachant, voilà tout ce qu'est cet ouvrage, et encore, je suis loin de tout vous avoir raconté ! Mauméjean sait aussi avec adresse mélanger réel et imaginaire à l'intérieur de son propre ouvrage de fiction, perdant son lecteur pour mieux le retrouver à la fin.

En bonus, vous trouverez une splendide histoire littéraire imaginaire des éditions de la Ligue des Héros, assortie de témoignages de toute bonne foi d'auteurs français parmi les plus connus de la littérature fantastique.

Kraven
Editions Mnémos
25 €

jeudi 18 février 2010

Les Sombres Romantiques

Ce premier recueil des jeunes Éditions Du Riez, après le roman La Loi du désert de Franck Ferric, est le fruit d'une belle rencontre entre Nathalie Dau, auteure des Contes Myalgiques, tome 1 chez Griffe d'encre et directrice des Éditions Argemmios, et l'illustrateur Mathieu Coudray dont naquit le défi de faire écrire une nouvelle par de jeunes auteurs émergents chacune inspirée par une de ses toiles.

Dans Tête de mort Philippe Halvick nous amène sur les pas d'un visiteur de "maison hanté" ayant relevé le défi de passer une nuit dans une demeure dans laquelle sévit un tueur amateur d'art culinaire. Mais ce visiteur est-il l'assassin lui-même ou un réel visiteur curieux? Question de point de vue...

Dans Objet de mon Amour Jess Kaan suit une jeune femme en deuil rongée par la culpabilité et prête à tout pour revoir son amour. La rencontre d'un antiquaire lui proposant une dernière rencontre par l'intermédiaire d'un sablier aux vertus magiques lui fera prendre conscience qu'elle ne peut que vivre avec ce deuil et non avec lui dans l'entre-monde. Une nouvelle au ton nostalgique et fantastique qui fait penser à un épisode de la Quatrième dimension.

Dans Ad Vitam Aeternam Céline Guillaume, auteure de Le Grimoire des ombres, aborde ce même thème sous l'angle de la lamentation d'une jeune veuve réconfortée par la croyance en la réincarnation.

Dans Le Corset de sang de Vanessa Terral une jeune femme se retrouve bien malgré elle au cœur d'une guerre entre humains et peuple de Féerie. Elle se découvre un statut de "fille-sève", quel est ce statut si spécial? Pourquoi est-il si essentiel dans cette guerre?

Dans Le Choix de Fausta de Cyril Carau, auteur de L'Ange de Marseille aux Éditions Sombre Rets, dont je chroniquerai le premier recueil de nouvelles, et directeur de du fanzine Ananke dont je reparlerai aussi, nous suivons l'histoire des horreurs d'une famille à travers le temps et l'espace, de Mestre à Venise, ou le passage de l'amour à l'horreur.

Enfin dans Araf de Jacques Fuentealba on retrouve le personnage mythologique Orphée toujours à la recherche de son Eurydice. Parce qu'il a mangé la pomme de l'arbre de la connaissance il déclenche la colère de Dieu en rompant l'Araf avec sa lyre, membrane frontière entre le Ciel et l'Enfer à travers laquelle les damnés supplient le Ciel de les accepter. Précipité sur Terre il retrouve sa bien aimée bien changée... Leur amour survivra-t-il à quinze siècles de séparation? Orphée devra pour cela faire le deuil de l'image de sa bien aimée ainsi que de ses idéaux païens.
Une nouvelle magnifique qui mêle amour, deuil, mythologie, poésie et passage des croyances païennes aux croyances chrétiennes.

Un exercice de style novateur qui permet ne découvrir de nouveaux auteurs très actifs dans le domaine de la promotion des littératures de l'imaginaire.

Deux des tableaux à voir sur le site de l'éditeur

Éditions du Riez, collection Brumes Étranges, décembre 2009.

Freaks corp n°2

Pour leur deuxième numéro l'équipe de Freaks Corp (chronique du premier numéro) adopte une mise en page plus fluide donnant une fois de plus la part belle aux jeunes auteurs avec quatre nouvelles abordant des thèmes fantastiques au délicieux ton d'humour noir.

On retrouve aussi les rubriques,comme dans le numéro précédent de cette revue trimestrielle, chroniques, avec des critiques courtes de dvd, un portrait du groupe Gossip et ses influences musicales, ainsi que des critiques de livres et de revues et fanzines, un poème, des portraits des artistes Scenocosme et Alice Locoge ainsi qu'un "Coin de l'étrange" avec un article sur les civilisations englouties, des mots-mêlés thématiques, un quiz de culture générale sur la ville de Beaune et plein d'anecdotes et d'annonces parodiques.

Mais s'il l'on ne devait retenir qu'un seul aspect de ce nouveau numéro cela serait la qualité des illustrateurs mis en avant comme

Georgia Caldera
Zao
Mandy
Zedeven
Aurélien Police
Lisa Di Marco
LostFish

Encore de belles découvertes grâce à cette association qui nous a fait l'honneur de venir présenter ce numéro à Place aux livres le 12 février.

My Space de la revue
Blog de la revue
My Space de l'association Sélénor

mercredi 17 février 2010

La Peur qui rôde

Les Éditions Alternatives inaugurent leur nouvelle collection Tango avec la réédition de cette nouvelle de Lovecraft. J'entends les mauvaises langues dirent: "Mais on n'a pas fait le tour de Lovecraft?" et bien pas sous l'angle novateur qu'apporte cette collection! En effet son but est de croiser un texte bien connu avec la vision d'un plasticien, artiste ou photographe. Et le résultat en est tout simplement bleffant!

Romain Fournier, grâce à l'emploi de maquette, de photographie, de sculpture et d'infographie le tout parfaitement mêlé au texte parvient à rendre l'horreur, le dégout et la folie de l'auteur.
La vision des extraits de l'ouvrage, du site de l'illustrateur et de l'exposition présentant des planches et des maquettes ainsi que la pochette du cd vendu à part s'impose!

Extraits sur le site de l'éditeur

Site officiel de l'illustrateur

Une exposition lui est consacré au Dune du 7 au 21 mars à Paris

Merci à l'éditeur pour cette découverte.

Note: Les Éditions Alternatives seront présentes à la prochaine cession de Place aux Livres le 19 mars (voir site officiel pour plus de renseignements) avec Un Nouvel art de militer.

lundi 15 février 2010

Sur la route à dix-huit ans de Yu Hua


Après avoir lu l'inoubliable Brothers il est très difficile de ne pas remarquer la sortir d'un nouveau livre de Yu Hua. Encore un auteur dont il faudra se procurer les précédentes publications et que j'ai bien l'intention de suivre à l'avenir.

Ce recueil, plus propice à la lecture en transports que Brothers, présente 11 nouvelles publiées dans diverses revues entre 1987 et 1997. Malgré leurs différences et cet étalement dans le temps, on ne manque pas de retrouver les éléments narratifs qui constituent le roman déjà cité deux fois.

A l'absurde décalé de "Sur la route à dix-huit ans" répond l'inéluctable tragique de "Récit de mort" où les héros ne sont pas épargnés par l'irrationnel furie des foules. Intercalé entre ces deux récits, la légèreté de "Un midi où hurlait le vent du nord-ouest" nous fait croire que l'humour va dominer le recueil et ne nous prépare pas à la violence de la nouvelle suivante. Une douche écossaise mais chinoise.

Le conte traditionnel a toujours sa place, l'exemple le plus explicite étant "Fleurs de prunier ensanglantées" qui voit Ruan Haikuo partir sur les routes pour résoudre le meurtre de son père. Dans cette quête, longue de plusieurs années, les fausses impasses, les errances, sont réduites à quelques pages. Procédé aussi employé pour "Histoire de deux êtres" qui survole un demi-siècle en seulement 7 pages. Autre jeu avec le temps, moins réussi, selon moi, dans le trop long "Passé et châtiment" où le protagoniste est confronté à ses souvenirs. Bien écrit mais un peu indigeste.

L'enfance et ses rapports de force occupent une part importante du recueil. Le vagabond châtié en public pour avoir volé une pomme dans "L'enfant dans le crépuscule" clôt le recueil. L'amitié de deux gamins dans "Prédestination" et sa chute fantastique est suivie par les humiliations, de la part de ses camarades, que subit l'anti-héros de "Je n'ai pas de nom à moi". Celui de "J'ai un sang de navet" est dans une situation similaire où il n'est pas facile de s'affirmer. La mort du père est le passage le plus épique du recueil.

Je finis, une fois n'est pas coutume, par mon coup de coeur. Dans "Un jeu plein d'entrain", un vieux commerçant, dont l'épicerie se trouve en face d'un hôpital, observe un couple et son enfant. D'une simplicité poignante.

Sur la route à dix-huit ans, ne décevra pas les amateurs de Brothers. On y trouve une écriture et des thèmes identiques mais de manière, bien évidemment, plus éclatée. C'est peut être un bon aperçu si vous n'avait pas encore osé lire le pavé. En espérant que vous vous laissiez tenté par la suite.


Sur la route à dix-huit ans, Actes Sud, 19€. Traduit du chinois par Jacqueline Guyvallet, Angel Pino et Isabelle Rabut.

vendredi 12 février 2010

La forêt des damnés

Paru cette semaine et achevé en une soirée, "La forêt des damnés" se veut un roman de plus sur le genre zombiesque, mais cette fois, chose rare, adressé à un public adolescent.
Notre narratrice Mary vit dans un village renfermé sur lui même, une autarcie un peu malsaine coordonnée par des Soeurs et protégée par des Gardiens.
Dans ce village, une fille est bonne a marier, ou bonne à prier. Tel est le destin de Mary. Elle qui a entendu parler de l'océan rêve de le rejoindre et de sortir de sa condition (là on rentre dans le pathos) : à savoir qu'elle aime le promis de sa meilleure amie et que le frère de ce dernier lui, veut l'epouser (alors que "sa meilleure amie" aime en fait son promis) mais n'ose pas lui dire, du coup elle se retrouve chez les Soeurs. Bref un beau bordel qui gâche sacrément le récit, surtout que ça évolue pas, ou peu.

Revenons à ce qui nous intéresse : les zombies. Le village est entouré d'une clôture, et de multiples plateformes installées dans les hauteurs en cas de brèche. Tout autour, une immense forêt : "La forêt de Mains et de Dents" (qui porte bien son nom^^)
Rien ne sous entend qu'il y ait un "ailleurs" si ce n'est la transmission de vieux souvenirs, et les damnés se jettent les uns après les autres sur le grillage, les corps défoncés et le cri perçant, afin d'empoigner un peu de chair fraiche. Leurs intrusions font l'objet de scènes d'action relativement bien décrites : "pop corn! qui va survivre pendant les assauts?" et s'enchainent de plus en plus rapidement.
Et puis un jour Mary découvre qu'une jeune fille venue d'un autre village est retenue chez les Soeurs (il y a un "ailleurs"!) Une jeune fille au blouson rouge qui deviendra assez vite "la rapide": le monstre qui causera leur perte.

Le roman est un peu contradictoire : d'un côté on a carrément une mievrerie sentimentale, de l'autre énormément d'actions réussies, de tension, déchirement macabres au sein des familles, courses poursuites au pays des damnés, bras coupés, regards vides, suspens. L'auteur n'a pas lésiné sur les morts, tout et tout le monde y passe, le challenge étant plutôt de trouver qui survivra au carnage.

Bilan : un livre distrayant à ses heures, un peu gore; les personnages sont fades mais on s'en fout : ils se transforment assez rapidement en chair à saucisse. Bref, à lire d'une traite pour se distraire, pour grands ados et adultes, le temps d'une soirée et on passe à autre chose.

La forêt des damnés, Carrie Ryan trad. Alice Marchand, Gallimard Jeunesse, 15€50 (parution d'un tome 2 en 2011)

jeudi 11 février 2010

GIG

Pour leur première traduction les Éditions Griffe d'encre ont choisit ce livre de James Lovegrove au thème qui pourrait paraître tout simple et avoir été abordé mille fois: un chanteur, ayant annoncé la fin de son groupe qui revient après 8 ans d'absence (pour partir sur les traces de son passé, afin de prendre un nouveau départ?) , une fan vindicative qui passera la journée à chercher un pass "all access", comment voit-elle la vie de son idole? J'avoue ne pas avoir été tout de suite passionnée par la vie de ce chanteur mais je me suis très vite pris au jeu de la vision que pouvait bien avoir la fan de la situation.

L'aspect le plus intéressant de son roman est son écriture beaucoup plus complexe qu'il ne pourrait sembler au premier abord.

D'abord il y a un sens de lecture par personnage, procédé déjà utilisé dans O Révolutions de Mark Z. Danielewski paru en 2007 chez Denoël mais quand on se plonge dans une lecture plus attentive, et guidée par les introductions, on comprend l'ampleur et l'intérêt de l'utilisation stylistique du palindrome et de l'anacyclique de l'ensemble qui rappelle les plus belles heures de l'Oulipo. En effet les titre des chapitres peuvent être lu en miroir ("nifal" pour "final", "Dans la salle B" pour "Bella Salsnad"), les noms de drogues ou médicaments prennent un tout autre sens dans la partie du chanteur, les vies des deux personnages sont non seulement parallèles mais se répondent point par point comme si on avait à faire à des jumeaux psychiques qui s'ignorent!

Il convient alors par conséquent de féliciter les talents de traductrice de Mélanie Fazi qui parvient à ne jamais trahir les péripéties d'aucune des parties tout en conservant le parfait effet de miroir entre les deux personnages.

Petit jeu: au lecteur de choisir par quel sens de lecture il souhaite commencer l'aventure, j'ai commencé par Mik le chanteur mais on peut voir les choses différemment en suivant les pas de Kim la fan...

Un extrait sur le site officiel de l'auteur


James Lovegrove,Éditions Griffe d'encre, mai 2009.

lundi 8 février 2010

Me, I'm just a lawnmower: Des Tondeuses et des hommes de Jean-Paul Eid


Dans la rubrique élargissons nos connaissances en BD mondiale, partons pour une petite excursion au (ou à?) Québec. Ne croyez surtout pas que je m'y connaisse beaucoup dans cette branche, mais je vous soumets un petit historique très succinct pour amener le personnage de Jérôme Bigras.

Croc fut un magazine mensuel d'humour et de bande dessinée quelque part entre Mad (sans la masquotte toutefois) et Fluide Glacial. Créé en 1979, par une figure importante, Jacques Hurtubise (alias Zyx), il s'arrêta au n°184 en avril 1995. Je vous ai prévenus, c'est très succinct.

Parmi les personnages récurrents propres à ce genre de magazine se trouvait donc, dès 1985, Jérôme Bigras. Reprise des pages mensuelles deux albums furent publiés là-bas aux éditions Logiques - Croc Album: Bengalopolis (1992) et On a marché sur mon gazon (1994).

En France, Jean-Paul Eid et son personnage nous sont arrivés par le biais du Comptoir des Indépendants qui distribue La Pastèque, éditeur québécois. Refonte des deux albums précédemment cités, agrémenté d'inédits, Des Tondeuses et des hommes - Le Meilleur de Jérôme Bigras est une agréable découverte.

Bungalopolis, où tout les pavillons sont identiques, lieu d'action a priori monotone et sans surprise, se révèle être pourtant une "vaste capitale du quitsh" (je cite l'auteur) où tout devient possible. Sous le crayon de Jean-Paul Eid, le cadre formel de la bande dessinée subit de petites distortions expérimentales et ludiques.

Cobayes de ces expériences, parlé québécois en prime, Jérôme Bigras et son "animal" de compagnie une tondeuse appelée Rex sont dans cet album à la fois super-héros, pions sur un plateau de Monopoly, laissés entre les mains du lecteur dans une aventure interactive du type dont-vous-êtes-le-héros, prisonniers d'une boucle bédéoïde, ou hantés par des fantômes... imprimés sur le verso de la page. Rex se fait même complice d'une émission de caméra cachée pour piéger son maître. Sans oublier quelques rencontres/clins d'oeil inattendus avec la BD franco-belge.

Même si ce genre de facéties n'est plus nouveau, il est toujours agréable de découvrir des auteurs et des personnages cousins d'outre-Atlantique. En parlant de pastèque, comment les québécois traduiraient-ils "Watermelon In Easter Hay"? Un peu tiré par les cheveux, j'en conviens.


Des Tondeuses et des hommes - Le Meilleur de Jérôme Bigras, Jean-Paul Eid, La Pastèque, 15€.

Ghost in the machine : Exit le fantôme de Philippe Roth

Il y’a de longs mois de cela je ruminais quelque part par là à propos d’un brillant auteur américain vieillissant traitant de la vieillesse avec une pénible désinvolture de pétomane. (http://ranatoad.blogspot.com/2009/04/that-joke-isnt-funny-anymore-une.html) Dans la même lignée (celle des brillants auteurs américains vieillissant), Philippe Roth se livre au même exercice avec nettement plus de brio au travers d’Exit le fantôme, sorte de pseudo-testament littéraire de Nathan Zuckerman, son double fictionnel de toujours.

Contraint à un retour à New-York pour y soigner sa prostate défaillante après des années de réclusion volontaire à la campagne, Zuckerman va faire la rencontre de trois personnages qui incarnent ou réveillent, chacun à leur manière, ses plus anciens démons : un jeune écrivain aussi arriviste qu’encombrant ; la vieille compagne affaiblie d’un auteur défunt qui fut aussi son mentor littéraire ; mais surtout une très très jeune femme (intelligente et belle, cela va de soit) dont Zuckerman s’éprend, lui qui se croyait revenu de tout.

De ces rencontres-miroirs, ou -abîmes (le plus sûrement les deux), et avec pour toile de fond le New-York post-11 septembre qui fait politiquement écho à la désillusion qui a suivi, 40 ans plus tôt, la mort de Kennedy (voir du côté de De Lillo ou du Vineland de Pynchon), Roth-Zuckerman, tout en se tenant, non sans un certain cynisme, légèrement à distance de tout imbrication politico-sociologique, se livre à un inventaire des obsessions d’un vieil homme, plus qu’accessoirement écrivain : l'impact de la littérature, la postérité et le sort réservé à une oeuvre une fois son auteur disparu ; la déchéance physique avec pour corollaire la fuite de la mémoire ; et ce qu’il advient alors des fantasmes et de la libido, incontournables moteurs de création…

Loin d’être le meilleur de Philippe Roth, mais un livre plaisant, à la fois ludique et amer.

Exit le fantôme, Philippe Roth, Gallimard 2009, 327 pages. Traduit de l’américain par Marie-Claire Pasquier

dimanche 7 février 2010

Cristallisation secrète

"Tu ouvres les yeux un matin dans ton lit et quelque chose est fini, sans que tu t'en sois aperçue. Essaie de rester immobile, les yeux fermés, l'oreille tendue, pour ressentir l'écoulement de l'air matinal. Tu sentiras que quelque chose n'est pas pareil que la veille. Et tu découvriras ce que tu as perdu, ce qui a disparu de l'île."

C'est dans cette atmosphère de décrépitude silencieuse que Yoko Ogawa nous projette : une île coupée du monde et condamnée par l'oubli.

Les parfums, les bateaux, les fleurs,.. chaque objet s'efface progressivement du coeur de ses habitants pour laisser place au néant. Le chant d'un oiseau, les battements de ses ailes n'éveillent plus la moindre émotion. Et pour s'en assurer, la Police secrète veille.

La mémoire de la narratrice se disloque également (Cela ne donne pas lieu à une expérience stylistique tordue, pas d'inquiétude!) Cette dernière témoigne au fil des pages avec impuissance de l'infinie poésie des choses avant leur anéantissement.

Je ne dévoilerai pas tout, mais évoquerai surtout mon ressenti.
Il me semble que la mémoire est la clef de voute de l'oeuvre de Yoko Ogawa. La mémoire, et ce en quoi elle consolide l'identité des hommes. Le style de Yoko Ogawa est d'une précision, d'une beauté extraordinaire, peaufiné jusqu'au dernier détail. Son texte m'a laissé une très forte impression.

Si l'on pouvait associer ce livre à plusieurs lectures, j'aurais cité Farenheit 451 de Bradbury et La femme des sables d'Abe Kobo (lisez l'un et l'autre, et même le troisième!).

Un article qui m'a donné envie de me lancer, merci Actualitte ^^ (en même temps la lecture de "La formule préférée du professeur" chez Babel m'avait déjà bien motivée!)

Cristallisation secrète, Yoko Ogawa trad Rose Marie Makino, Actes Sud 22€