"Rana Toad", ça se mange?

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lundi 22 février 2010

L'Homme du lac d'Arnaldur Indridason


Il est diablement prolifique le bougre. Hypothermie, sixième enquête de Erlendur Sveinsson vient de sortir, toujours chez Métailié. Bon prétexte pour ne pas me laisser trop distancé, moi qui ne suis seulement qu'au quatrième volet. Désolé pour le retard (même la version poche date un peu maintenant), mais un retour en arrière peut aussi avoir fonction de rappel à ceux qui, comme moi, traîneraient un peu sur la série d'Arnaldur Indridason.

L'Homme du lac commence avec la découverte d'un squelette par une ingénieur hydrologue. Renseignés par le carbone 14 et la trouvaille d'un appareil d'espionnage de fabrication russe attaché au cou du squelette, Erlendur, Sigurdur Oli et Elinborg, le trio habituel, va devoir fouiner un peu du côté des quelques disparitions survenues en Islande dans les années 60. Erlendur, par intuition se penchera plus particulièrement sur un certain Léopold, prénom d'emprunt pour un faux représentant de machines agricoles dont l'identité ne sera dévoilée que dans les dernières pages.

Parallèlement à l'enquête, nous suivons aussi Tomas, un ancien étudiant Islandais parti à Leipzig, l'une des villes principales de l'ex-RDA, pendant la Guerre Froide. La perpétuelle méfiance, conséquence malsaine de la "surveillance réciproque" instaurée par le Parti, rappellera à la réalité le plus naïf du petit groupe d'islandais réuni par les convictions. D'autres personnages principaux de cette époque auront leur rôle quarante ans plus tard dans l'enquête: Hannes, autre étudiant islandais de retour au pays après délation et expulsion et Lothar, jeune allemand un peu trop sociable.

Inutile de faire très long, ceux qui sont déjà familiarisés avec Erlendur et ses collègues sont déjà convaincus que suivre la série est une agréable obligation. Et puis je ne sais pas à quoi c'est dû, mais à chaque fois on rentre avec une telle facilité dans l'intrigue que les pages semblent se tourner bien plus vite qu'à la normale. Les éléments de la vie personnelle d'Erlendur s'immiscent encore dans l'histoire: les apparitions fluctuantes de sa fille junkie et de son fils aussi taciturne que lui, ses visites à Marion, son mentor friande de westerns, sa relation presque amoureuse en dent de scie et son obsession pour les livres racontant les disparitions d'êtres humains. J'avais oublié qu'il avait perdu son frère quand ils étaient enfants, ça m'apprendra à espacer entre les tomes. Heureusement que tout ces importants détails, inutiles à l'intrigue mais primordiaux pour la consistance du personnage, nous sont rappelés avec sobriété et sans gêner qui que soit.

Bien évidemment, l'auteur nous distille toujours, entre les lignes, humour noir et grincement de dents à l'appui, quelques informations sur la société islandaise contemporaine.

Bon j'essaierai de lire Hiver Arctique avant la publication du septième. En français. J'ai l'excellente excuse de ne pas avoir le temps de maîtriser suffisamment la langue islandaise d'ici là.


L'Homme du lac, Arnaldur Indridason, Seuil, coll. "Points",7,50€. Traduit de l'islandais par Eric Boury. Prix du polar européen du Point 2008.

1 commentaire:

alain a dit…

Beaucoup aimé aussi "Hiver arctique". J'attends qu'on me prête le dernier sorti..