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lundi 15 novembre 2010

Contes de villes et de fusées - Contes défaits, contes refaits...

Pour leur seconde publication après Les Pilleurs d'âmes les toutes jeunes éditions Ad Astra publie une anthologie de contes de Grimm, Andersen ou autres remaniés à la sauce Sf, space opéra, futuriste, cyberpunk ou à l'humour noir ou décalé. On y retrouve, entre autres, des auteurs bien connus de ceux qui suivent les éditions Griffe d'encre, Malpertuis, Du Riez ou Argemnios. Le petit jeu consistant bien sûr à reconnaître le, ou les contes, histoire de compliquer l'affaire.

En introduction (Il était une nouvelle fois) Lucie Chenu, directrice de cette anthologie, explique le rôle fondamental et universel des contes et le choix d'en faire des versions détournées.
Dans Une Leçon de contes de fées Julien Fouret prend le parti pris d'imaginer la création d'un conte par le maître Perrault. Il explique comment un conte permet de "sublimer" ou plutôt travestir la réalité afin de créer un obstacle (si un petit garçon est heureux en famille et à l'école pas d'histoire), car sans cette étape fondamentale il ne peut y avoir conte!
Dans La Fée des glaces Jean Millemann imagine un conte initiatique et moral avec des fées à partir de La Reine des neiges d' Andersen.
Dans Histoire de désir Delphine Imbert imagine une naissance miraculeuse, dans un univers futuriste, grâce à l'intervention des FEES ("acronymes désignant les généticiens proscrits de la Fratrie pour une Elite Eugénique, dont les travaux ont été interdits par la Convention de Salem, et dont le credo était de créer une humanité nouvelle douée de toutes les perfections imaginables.")
Dans La Griffe et l'épine Pierre-Alexandre Sicart crée une version SF à base d'hologramme du mythe de Pygmalion et du conte La Belle et la bête en imaginant les relations d'un couple de scientifiques lorsque l'homme tombe amoureux de sa créature/hologramme mais cette relation contre nature se complique encore lorsqu'il se voit interdire de toucher une rose enfermée dans une tour avec un monstre toucher pendant un an.
Dans Recréation Antoine Lencou imagine une version futuriste d'un Pinnochio entouré par des robots et élevé par un humain.
Dans Un grain se sel et Bretelle Pierre Gévart imagine une version cybernétique d'Hansen et Gretel envoyés sur une planète pour éradiquer la publicité illégale et les infections de produits bizarres dans le sang.
Dans La Petite capuche rouge Nico Bally imagine une version particulièrement trash du Petit chaperon rouge. Avec lui le grand méchant se déguise en petit chaperon rouge afin de tuer la grand-mère de façon particulièrement pornographique et trash! Le vrai chaperon rouge subira-t-il pareil outrage lors de sa visite? Une vision aussi courte qu'efficace qui m'a particulièrement séduite, je l'avoue, par son côté abrupte et décalé! Qualités que j'ai trouvé aussi aux films Hard Candy et Freeway sur le même thème.
Dans Cover Girl Charlotte Bousquet suit en focalisation interne les pas d'un flic coincé dans un conflit entre fées et humains dans un monde d'humains. Une fée se faisant passer pour une humaine est arrêtée. Une rencontre entre monde de féerie et grisaille policière quotidienne.
Dans Le Pacha botté Sylvie Miller et Philippe Ward imaginent les embrouilles politiques et amours au Caire démêlées par un détective des mythes égyptiens.
Dans Un temps de cochon! Jean-Michel Calvez imagine la fin de trois frères empoissonnés par les émanations toxiques d'une usine dévastée par un cyclone. Le loup peut prendre bien des formes!
Dans Le Sang du large Lionel Davoust décrit les doutes d'un auteur de fantaisie sur une île isolée envoûté par le chant d'une sirène. Mais il doit sans doute avoir une explication rationnelle...
Dans La Mort marraine Sophie Dabat imagine que la femme d'un homme meurt et qu'une vieille lui ouvre le ventre afin d'en extraire leur enfant. Des jumelles naissent mais l'une appartient à la mort alors que l'autre est l'élixir de jouvence de son père et voit sa sœur mourir à petit feu. Une vision qui décrit magnifiquement le désespoir du père alterné avec la vision de la sœur morte.
Dans Pour Judith Jess Kaan décrit la quête d'un soldat pour retrouver sa femme et leur enfant en pleine épidémie meurtrière.
Dans Swan le bien nommé Mélanie Fazi un frère et une sœur doivent acceptée une belle-mère après la mort de leur mère. Mais la fille est persécuté par un fantôme, la Femme-oeil, malgré son départ de la maison familiale. Les révélations de ce fantôme la ramèneront à la maison pour sauver son frère transformé en cygne par la méchante belle-mère. Mélanie Fazi apporte au conte d'origine l'idée supplémentaire de la vengeance et choisit de ne pas raconter la fin du conte. Voir en bonus l'épisode magnifique de Monstres et merveilles, série de Jim Henson, consacré à ce conte (épisode 6).
Dans Poche et troncs Estelle Valls de Gomis décrit la vie d'un auteur alcoolique qui ne voit pas le temps passer et qui voit une gloire soudaine et inattendue.
Enfin dans Sacrifices, ma seconde version remaniée préférée, Léonor Lara imagine la lettre d'adieu de la femme de l'ogre du Petit Poucet et la vengeance du fantôme de ce dernier. Une fin extrêmement émouvante et sensible.

Une explication de l'auteur suit chaque conte dans laquelle il développe son choix thématique et stylistique. On trouve une biographie de chacun en fin d'ouvrage.

Éditions Ad Astra, septembre 2010.

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