Une fois les disques parvenus en Jamaïque, leur date de sortie originale aux États-Unis n'avaient plus aucune espèce d'importance. Leur exclusivité constituait leur véritable valeur, en conséquence de quoi, le seul équipement vraiment nécessaire à un sound-man ramenant des imports américains était une pièce de monnaie. N'importe laquelle puisqu'on utilisait sa tranche pour effacer la totalité des informations imprimées sur le rond central des disques. Et il fallait faire vite, puisque de l'espionnage industriel au pot-de-vin, toutes les formes de coercition étaient bonnes pour découvrir l'identité d'un disque. Donc moins il y avait de gens connaissant le vrai titre d'une chanson mortellement hype, plus la probabilité qu'un rival s'en empare était faible. Une fois toutes les informations sur l'origine, les auteurs et l'interprète de la chanson effacées, il n'était pas rare que celle-ci, toute nouvellement anonyme, se voie attribuer un nouveau titre, en général à la gloire du disc-jockey ou du sound-system qui la passait [...].
Bass Culture - Quand le Reggae était Roi, Lloyd Bradley, Allia. Traduit de l'anglais par Manuel Rabasse.
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