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samedi 29 avril 2017

Bons baisers de la grosse barmaid (Dan Fante) et Juste après la pluie (Thomas Vinau)

  Il y a un genre que je n'ai pas encore abordé depuis la création du blog. La poésie contemporaine. Ah je vous vois venir bande d'esprits étriqués! C'est comme l'art contemporain, des gens qui écrivent quelques mots au sens hermétique (certainement sous l'effet du LSD, tous des drogués!) et qui appellent ça de la Poésie. Les deux recueils que je vais vous présenter échappent à ce préjugé, sinon je n'aurais pas pris la peine de les lire et encore moins le temps d'écrire quelques lignes à leur sujet.

Bons baisers de la grosse barmaid - Poèmes d'extase et d'alcool de Dan Fante.

Pour qui est très familier de la littérature américaine du XXème siècle, le nom de John Fante ne devrait pas être totalement inconnu. Sans John Fante, il n'y aura peut-être pas eu de Charles Bukowski. En voici deux qui ont eu l'art d'être des perdants mais qui n'en ont pas moins réconforté les âmes cabossées qui n'ont pas su, elles, exprimées leurs petites douleurs quotidiennes.
Mais je digresse. Le premier recueil dont j'avais envie de vous parler est signé du fils de John Fante, Dan. Écrits entre 2003 et 2008, ces poèmes marquent pour l'auteur l'autre versant, plus serein, plus posé d'une vie très troublée entre alcoolisme, divorces et tentatives de suicides. Il a écrit avant cela des romans semi-autobiographiques (l'ombre du père?), des nouvelles et des pièces de théâtre. Il est un des auteurs phares des éditions 13e Note dont la ligne éditoriale se spécialise dans l'expression d'un réalisme très cru. J'espère que je ne caricature pas en écrivant ceci.
On retrouve cette crudité dans ces poèmes simples, terre-à-terre, linéaires, à la façon dont on raconte nos mésaventures à nos amis. Mais en profondeur ils révèlent un refus des conventions, des moules qui nous sont imposés. Dans la préface accordée au lecteur français, Dan Fante, parle des soucis engendrés par l'écriture d'un roman sur plusieurs mois et l'aspect plus tranquillisant de sa poésie qui lui permet d'exprimer ses idées brièvement, de façon succincte et précise, celles qui ne méritent par forcément un long processus de réflexion.Plusieurs thèmes reviennent: ses frasques sentimentales, amoureuses ou sexuelles, son métier d'écrivains, son frère et son père avec qui il n'est pas toujours très tendre ("mon taré de frangin")... parfois grande gueule qui ne mâche pas ses mots, parfois gros nounours touchant, sans omettre ce zeste d'humour désabusé qui nous fait sourire à l'évocation de choses qui ne sont pas censées faire sourire.

Juste après la pluie de Thomas Vinau.

J'ai déjà laissé entrevoir un aperçu de ce que peut écrire Thomas Vinau dans la catégorie des citations qui ponctuent les pages de ce blog. J'avais choisi de citer un extrait de Nos Cheveux blanchiront avec nos yeux (chez l'éditeur Alma), le passage où il donne le biberon à son bébé en écoutant l'ultime album de Vic Chesnutt, qui s'est suicidé ("Il y a comme une contradiction entre toute cette vie entre mes bras et toute cette mort dans la musique").
Présenté comme un "roman-poésie" en haut de la première de couverture, Juste après la pluie est une succession de courts poèmes. Avec un art de la concision maîtrisé l'auteur, passe avec des mots simples d'une émotion à une autre, voire en exprime deux ou plusieurs à la fois. Humour, tendresse, mélancolie mais aussi des sentiments plus sombres. Parmi tous ces petits poèmes, tout ne peut pas plaire, mais je vous assure qu'il y en aura suffisamment pour la sensibilité de chaque lecteur. Plusieurs dizaines m'ont vraiment plu et vous avez déjà pu en voir quelques uns publiés en "Citations", le reste étant en attente.

Bons baisers de la grosse barmaid - Poèmes d'extase et d'alcool, Dan Fante, 13ème Note/Points. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Patrice Carrer.
Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma.

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