"Rana Toad", ça se mange?

Nous sommes libraires de divers horizons, bibliovoraces friands de découvertes, ici pour partager!

dimanche 4 décembre 2016

 Pourtant, l'aspect le plus vital de ces soirées [sound-system] était sans doute leur fonction économique. Organisées par des hommes du ghetto, elles apportaient de l'argent frais, non seulement à leur entourage immédiat, mais à une plus large part de la communauté en attirant des gens qui venaient, les poches pleines, d'autres parties de la ville ou même de plus loin. Même si cela ne représentait pas une grosse somme par individu, grâce au nombre, le total n'était pas négligeable. De toute façon, tous les extras, en terme de proportion, étaient plus que bienvenus. Car il n'y avait pas que les organisateurs et les disc-jockeys pour en profiter: tout un commerce satellite gravitait autour, assurant la répartition d'un pourcentage du cash au sein d'un cercle plus vaste. Les rues menant à l'un de ces grands rassemblements étaient généralement pleines de stands proposant du "jerk pork" et du poulet, des pâtés en croûte chauds ou du poisson frit, sans compter les hommes poussant des voitures à bras chargées de noix de coco fraîches, de cannes à sucre, de bananes et de mangues. Il était rare que ces vendeurs ne repartent pas à vide. Idem pour les camions-plateaux de boissons zigzagant, transportant des palettes de Red Stripe ou de Heineken au bord de l'effondrement, et des caisses de sodas destinées aux bars installés à l'intérieur ou à l'extérieur des arènes. Enfin, à l'extrémité de cette chaîne alimentaire musicale, n'importe quel écolier avec deux sous de bon sens se levait avant l'aube pour ramasser les bouteilles vides et les ramener à l'usine afin d'empocher la consigne d'un penny pour chacune d'elles.

Bass Culture - Quand le Reggae était Roi, Lloyd Bradley, Allia. Traduit de l'anglais par Manuel Rabasse.

Aucun commentaire: