"Rana Toad", ça se mange?

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mardi 27 décembre 2016

[...] Les Britanniques en particulier, marquèrent la société jamaïcaines de leur empreinte culturelle, ceci résultant évidemment du fait de leur position dominante en son sein. Parmi leurs nombreux apports culturels, notons la religion, la musique et la danse. En effet, le christianisme et le protestantisme ont contribué de manière significative à la construction spirituelle de la Jamaïque. De même, la musique religieuse occidentale, la musique classique, le quadrille, la valse, la polka et des instruments de musique européens tels que le violon, le piccolo, la clarinette ou la guitare européenne ont joué un rôle non négligeable dans la construction culturelle et musicale jamaïcaine. Norman Stolzoff précise d'ailleurs à ce sujet:

  Il est probable que le premier contact des esclaves avec le quadrille et les autres danses de salon européennes eut lieu pendant que des servants observaient leurs maîtres lors des bals qu'organisaient les planteurs. Ces circonstances auraient donné l'opportunité aux esclaves d'examiner en détails les gestes de leurs maîtres. [...] Ces derniers initièrent progressivement leurs esclaves aux instruments européens. [...] Ainsi, des esclaves musiciens commencèrent à recréer ce qu'ils entendaient et voyaient pour amuser leurs maîtres -- et surtout, je pense, qu'ils commencèrent à jouer des versions créolisées de ces musiques de salon pour leurs camarades.*

  A propos de cette anecdote relatant l'histoire des maîtres qui s'amusaient de leurs esclaves ne maîtrisant pas leurs activités socioculturelles, il est important de remarquer que les esclaves poussaient sciemment leurs interprétations au ridicule, pour en réalité tourner leurs maîtres en dérision. Une réaction puisant sa source dans la tradition satirique africaine évoquée plus tôt et évoquant elle aussi les prémices du caractère de résistance intrinsèque des musiques populaires jamaïcaines.

*Norman C. Stolzoff,  Wake the Town and Tell the People: Dancehall Culture in Jamaica (Durham et Londres: Duke University Press, 2000) 25.

Vibrations Jamaïcaines - L'Histoire des musiques populaires jamaïcaines au XXe siècle, Jérémie Kroubo Dagnini, Camion Blanc.

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