"Rana Toad", ça se mange?

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samedi 12 décembre 2015

Fuite périlleuse (Chapitre 7)

Peter Archer, 1982..
  "The blows against the door thudded methodically. Someone was using an axe. But the door was oak, three inches thick, and it would hold for several minutes.
  It was like a scene from a movie. Everything was happening too swiftly for any of the boys to react calmly. The one thing they knew what they had to get out of there.
  "Come on, Pete!" cried Jupiter. "Bob, bring the silver spider and let's go!"
  Bob hesitated for a long moment, then ran to join the group. Elena led the way out of the balcony.
  They crowded together in the cool darkness, the city lights gleaming below. "The ledge goes round the side of the building to the back," said Elena. "It's wide enough if you keep your nerve. I'll lead."
  She climbed over the balustrade of the balcony on to a stone ledge. Jupiter hesitated.
  "My camera!" he said. "I forgot it."
  "No time now!" Rudy said urgently. "The door will give us two minutes more, maybe three. We can't waste a second."
  Reluctantly abandoning the camera-radio, Jupe followed Pete. Faces to the wall, they pressed themselves against the rough stone of the castle and moved after Elena, who was travelling as fast and surely as a cat.
Gonzales Vicente, 1984.
  There was no time to feel scared. Behind them they could still hear the crashing blows against the door to their room. They came to a corner. The night wind plucked at them and for a moment Bob swayed, losing his grip. Far below him ran the Denzo River, dark and swift in the night. Rudy's hand, gripping Bob's shoulder, steadied him. He regained his balance and folowed the others.
  "Faster!" Rudy breathed in his ear.
  A pair of pigeons, disturbed from their roost on the ledge, flapped wildly round their heads. Bob resisted an impulse to duck, and followed the others over a balustrade on to another balcony. Here all five gathered for a moment.
  "Now we have to climb!" Elena whispered fiercely. "I hope you're good climbers because it's the only way. Here's the rope. It has knots in it. There's another rope, hanging down to the balcony below, but that's to fool them into thinking we went that way."
  A rope dangled down from above. She started up it. Pete followed easily, Jupiter, grunting and puffing, more slowly. Bob gave him a chance to get up several feet, then grasped the rough knots of the dangling rope and started after him.
  Rudy had left them for a moment. Daringly he went back along the ledge to peer round the corner. He called softly. "They're still getting through the door. But we've got to get out of sight."
  "What?" Bob paused to listen to Rudy. As he turned his head, his right hand slipped from the knot he was holding. The rope slipped through his fingers and he was falling backwards, down into the darkness.
  He crashed against something that broke his fall - Rudy - and they both went tumbling to the balcony. Bob's head hit against the stone, and waves of red yellow light seemed to pass before his eyes."

Harry Kane, 1967.
Roger Hall, 1969.


















  "A présent, un bruit effroyable venait du côté de la porte. Les gardes cherchaient à l'abattre à coups de hache. Mais le battant était en chêne solide, bien épais. Il faudrait un bon moment pour en venir à bout!
Édition suédoise.
Hannibal, Peter et Bob avaient l'impression d'être devenus les acteurs d'un film mouvementé. Les événements se succédaient à une cadence telle qu'il était impossible aux jeunes garçons de réagir avec calme. Ils n'avaient pas le temps de raisonner. Une seule pensée hantait leur cerveau enfiévré: fuir! fuir au plus vite!
  "Viens, Peter! cria Hannibal. Bob! Emporte l'araignée d'argent avec toi! Suis-nous!"
  Bob hésita un long moment puis finit par rejoindre le petit groupe. Elena en tête, tous passèrent sur le balcon.
  Pressés les uns contre les autres dans les ténèbres fraîches, ils voyaient briller au-dessous d'eux les lumières de la ville.
  "La corniche de pierre fait le tour du palais et nous conduira sur le derrière du bâtiment, expliqua Elena. Soyez calmes et tout ira bien. Elle est assez large. N'ayez pas peur!"
  La première, elle enjamba la balustrade du balcon et prit pied sur la corniche. Hannibal marqua un temps d'arrêt.
  "Mon appareil photographique! souffla-t-il. Je l'ai oublié!
  -Pas le temps de retourner en arrière! dit Rudy d'une voix pressante. La porte tiendra bon encore deux minutes, peut-être trois, mais pas plus! Nous ne pouvons pas perdre une seule seconde!"
  Renonçant de mauvais gré à récupérer son appareil, Hannibal suivit Peter... Face au mur extérieur du palais, les fugitifs plaquaient aussi étroitement que possible leur corps contre la pierre et se déplaçaient avec précaution à l'exemple d'Elena qui avançait aussi vite et aussi souplement qu'un chat.
Jacques Poirier, 1971.
  L'urgence de la fuite faisait oublier la peur. Derrière eux les cinq amis pouvaient entendre, venant de la pièce assaillie par les gardes, les coups sourds dont ceux-ci ébranlaient la porte... On arriva à un tournant. Le vent nocturne cingla les visages qui s'offraient à lui. Perdant l'équilibre, Bob lâcha prise et s'écarta du mur. Loin au-dessous de lui coulait les Denzo, sombre et tumultueux. La main de Rudy, se posant sur l'épaule de Bob, conjura la catastrophe. Un peu haletant, Bob continua sa route périlleuse. On contourna un second angle de pierre.
  "Plus vite!" murmura Rudy derrière Bob.
  Un couple de pigeon, qui sommeillait sur la corniche, se réveilla au passage des fugitifs. Les deux oiseaux s'envolèrent dans un furieux battement d'ailes. Elena et les garçons enjambèrent la balustrade d'un second balcon pour faire une petite halte et reprendre leur souffle.
  "Maintenant, annonça le jeune fille d'une voix décidée, il va falloir grimper. J'espère que vous êtes bons grimpeurs car monter à la corde est la seule façon de vous tirer d'affaire. D'ailleurs, voici la corde! Elle est à nœuds. Il y a une autre corde, attachée à ce balcon même et qui pend en dessous. Il s'agit d'une ruse pour faire croire à vos poursuivants que vous êtes descendus par là."
  Les détectives levèrent les yeux. Une corde à nœuds, accrochée au-dessus de leurs têtes, était là, à portée de leurs mains. Elena l'empoigna et se hissa à la force des poignets. Peter l'imita sans difficulté. Hannibal, grognant tout bas et haletant, suivit avec plus de lenteur, en s'aidant surtout des jambes. Bob attendit qu'il ait grimpé à une certaine hauteur pour empoigner la corde à son tour.
  Rudy, pendant de temps, était hardiment retourné sur ses pas. Il revint pour annoncer à mi-voix:
  "La porte n'a pas encore cédé mais elle ne tardera guère. Nous devons disparaitre au plus vite!"
  Bob, surpris par la voix de Rudy, interrompit son ascension pour mieux l'écouter:
  "Comment?..."
  Mais il n'acheva pas sa phrase. En regardant au-dessous de lui, il fit un faux mouvement. Sa main droite lâcha le nœud qu'elle tenait. La corde glissa entre ses doigts... et Bob tomba à la renverse dans l'obscurité.
  Un obstacle arrêta sa chute - c'était Rudy!
  Puis tous deux, perdant l'équilibre, s'étalèrent sur le balcon. La tête de Bob heurta le dallage. Une vague de lumière rouge et jaune passa devant ses yeux." 
Jacques Poirier, 1971.

  Il y a quelques différences dans les illustrations par rapport au texte, surtout concernant l'ordre dans lequel s'avancent les personnages: Pete est en tête, Hannibal suit et Bob est derrière (Rudy ferme la marche). On peut voir que cet ordre n'est pas toujours respecté. 
  D'autres remarques peuvent être brièvement faites: l'agréable complémentarité des illustrations internes anglo-saxonnes avec la dernière de Jacques Poirier, la différence de hauteur entre celle de Kane et celle de Hall, ces deux mêmes figurant Elena et Rudy...
  Au niveau de la traduction, cela rejoint ma remarque dans l'article principale. Nous sommes dans le Chapitre 7, c'est-à-dire dans la partie où la traduction est beaucoup moins sujet à controverse. Regardez-bien, à part quelques différences dans le découpage des phrases ou dans l'emphase dramatique, le texte français conserve (avec quelques béquilles sans conséquences) ce que dit le texte original sans gros changement. Alors que Claude Voilier se permet beaucoup de libertés à partir du Chapitre 8. D'où ma théorie un peu conspirationniste d'un second traducteur non crédité (Olivier Séchan ou Jean Muray).

The Mystery of the Silver Spider/Une araignée appelée à régner, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Claude Voilier.

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