"Thank you, sir!" Jupiter cried, and Bob and Pete echoed the words. The First Investigator leaped to his feet. "Come on," he said. "We have to get busy."
There was a flurry of boys, and then they were gone.
"Mmm," Mr. Hitchcock murmured to himself, "I wonder if I should have mentioned to the boys my friend Professor Yarborough, and the ancient Egyptian mummy which he says whispers to him whenever he's alone in the room with it?"
Slowly and thoughtfully he gathered up the newspapers and stacked them in a neat pile.
Hannibal se leva.
"Maintenant, fit-il, nous allons prendre congé. Notre prochaine enquête nous attend."
Les trois garçons saluèrent et, en file indienne, quittèrent le bureau.
"Hum! murmura Alfred Hitchcock resté seul. J'aurais peut-être dû leur toucher un mot de cette momie égyptienne qui appartient à mon vieil ami le professeur Yarborough et qui lui parle à l'oreille chaque fois qu'il est tout seul... J'ai bien envie de leur téléphoner..."
La fin de The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait indique de nouveau quelle sera l'intrigue principale du volet suivant. Mais, un peu plus tôt, dans la même scène, Bob énumère quelques affaires potentielles et je ne me souviens plus si l'une ou plusieurs d'entre elles feront l'objet d'une aventure:
[...]"We've been offered several assignements already on the strength of those stories. What do we have booked, Bob?"
Bob Andrews whipped out his notebook.
"Let me see," he said. "A lost Siamese kitten: a statue of the Greek god Pan, stolen from a garden in Hollywood: a ghostly old boat that appears only on foggy nights and always beaches in front of a certain house at Malibu Beach; and the mystery of why someone keeps changing the numbers on the front of three houses in Rocky Beach. That's all so far."
Mr. Hitchcock shook his head.
"My imagination staggers," he said, "at the thought of what these mysteries will turn into once you lads begin delving into them [...]"
"[...] On nous a déjà proposé plusieurs enquêtes, à la suite de cet article. Qu'avons-nous à l'ordre du jour, Bob?"
Bob Andy tira son carnet.
"Un chat siamois perdu; une statue du dieu grec Pan dérobée dans un jardin d'Hollywood; un vaisseau fantôme apparaissant par temps de brume face à une certaine maison de la plage de Malibu; les numéros de trois maisons de Rocky qui ne cessent de changer pour une mystérieuse raison. Pour l'instant, c'est tout!"
M. Hitchcock secoua la tête.
"Ces mystères ont l'air tout simples, dit-il. Mais la tête me tourne à l'idée de ce que vous allez en faire [...]."
Il s'avèrera qu'une enquête concernant un chat disparu est menée simultanément à celle de la momie. Même si le texte original passe d'un "Siamese kitten" à un "Abyssinian cat", on peut supposer sans se tromper que Robert Arthur avait bien l'intention d'utiliser la première proposition reçue par les Trois Jeunes Détectives après la publicité que leur précédente aventure leur avait apporté. Une raison de plus pour le croire est la lettre de la cliente, Mme Banfry: "'My very dear friend, Miss Waggoner, in Hollywood, had told me you find her missing parrot, Little Bo-Peep-'"/"Mon ami, Mlle Waggoner, de Hollywood, m'a raconté la brillante enquête que vous avez menée pour lui rendre son perroquet perdu...". La continuité est belle et bien respectée Mlle Waggoner, propriétaire de Little Bo-Peep/Petit Patapon (voir Le Perroquet qui bégayait) les lui a recommandés.
En parlant de continuité... Il faut remettre l'histoire de l'attelle de Bob sur le tapis. Voici l'allusion qui y est faite dans le premier chapitre de The Mystery of the Whispering Mummy:
"Having a brace on his leg as a result of a fall on a local hill when he was small, Bob was slightly handicapped in the more active exploits of the team. Accordingly, his job was to keep all the records, do research, and make full notes on all the cases."
Cet accident de Bob était bien expliqué dans le tout premier chapitre de The Secret of Terror Castle. Il y a cependant un petit ajout dans l'extrait ci-dessus qui me gène un poil. Le "when he was small" précise que l'accident est moins récent que le premier roman le laissait supposer. Était-ce un ajout conscient et assumé de la part de Robert Arthur? Avait-il ce détail en tête lors de la toute première allusion sans avoir été totalement clair (voir l'article, le lien est au début de celui-ci)?
En tout cas, si vous m'avez suivi depuis le départ, vous n'ignorez pas que la traduction des deux premiers volets de la série était contradictoire. Dans les premières éditions dans la collection Idéal-Bibliothèque, il y a déjà un conflit car l'attelle est bien présente dans Au Rendez-vous des Revenants mais l'unique allusion est occultée dans Le Perroquet qui bégayait. Je disais que c'était dommage pour la continuité car l'allusion dans le deuxième roman présageait que Bob ne la garderait pas. En tous cas, le texte original de la troisième enquête mentionne encore le handicap de Bob et la traduction française ne l'occulte pas:
"Bob devait son poste à l'appareil orthopédique qu'il portait à la jambe depuis une chute de bicyclette et qui l'empêchait de jouer un rôle dans la partie la plus active des enquêtes menées par l'agence: impossible de lui disputer ce juste dédommagement." Cette "chute de bicyclette" sort de nulle part ainsi que l'ajout du dernier commentaire. Le traducteur prend en compte pour la première fois ce détail concernant Bob. Elle devient fidèle quitte à manquer de cohérence par rapport aux choix faits précédemment. Cette traduction française est un mystère en soi: qui en est l'auteur exactement? Les premières versions mentionnent une certaine Tatianna Bellini qui reste plutôt obscure alors que les versions plus récentes mentionnent Vladimir Volkoff, figure déjà plus célèbre dans le milieu littéraire (je ferai un article annexe à son propos, promis juré!). Or, la traduction reste exactement la même! J'ai supposé très rapidement que Tatianna Bellini n'était autre qu'un pseudonyme de Volkoff.
Cette rupture de continuité dans la traduction française est très déroutante. S'il s'agit de la même personne, c'est-à-dire Volkoff, pourquoi avoir choisi de rendre compte du handicap de Bob dans le premier et troisième roman alors qu'ils ne le faisait pas dans le deuxième? Était-ce un oubli ou une négligence (je rappelle que dans Le Perroquet qui bégayait, il n'y avait qu'une allusion et que cela ne gênait pas trop la suite de l'histoire). Je me suis demandé, autre hypothèse, si Tatianna Belinni était une autre personne, peut-être que l'éditeur ne l'avait pas gardée au profit de Volkoff (ce qui expliquerait une traduction plus fidèle). Du coup, à chaque fois que je reprochais à Volkoff, je me trompais de cible? Bah figurez-vous que l'ambigüité reste entière puisque le volet suivant, Le Chinois qui verdissait comporte la même ambiguïté entre l'ancienne (Bellini) et la plus récente version (Volkoff) alors qu'il s'agit du même texte traduit. Quant à celles du cinquième volet, L'Arc-en-Ciel a pris la fuite, elles ne mentionnent que Tatianna Bellini! A partir du sixième volet, le traducteur sera quelqu'un d'autre, mais on en reparlera quand on y sera...
Si j'étais en train de faire une thèse ou si j'étais un gars sérieux, je ferai de plus amples recherches pour élucider tout ça. Mais je ne fais pas une thèse et je ne suis pas un gars sérieux. Plus précisément, je fais tout ça pour le plaisir et surtout je manque cruellement de temps pour des recherches approfondies. Je sais que mes articles y perdent en crédibilité (je ne la recherche pas vraiment de toute façon) mais je préfère plutôt lancer un appel: si quelqu'un (qu'il ou elle ait travaillé pour la Bibliothèque Verte à l'époque ou qu'il ou elle ait fait les recherches que je n'ai pas la possibilité de faire) connait la réponse à cette histoire de traducteur, je vous en supplie, contactez-moi via les commentaires.
D'autre part, je pourrais corriger mes deux premiers articles et appeler le traducteur Belinni/Volkoff (ce que je ferai désormais), mais j'ai plutôt décidé de tout laisser tel quel afin de conserver et de rendre compte de l'aspect évolutif de mon projet: je n'ai pas une vision globale précise de la série et donc je re-découvre dans l'ordre le côté ludique et passionnant des aventures du trio de ma jeunesse autant que je m'intéresse au côté technique de la traduction ou du rapport texte/image, ce qui ne pouvait être au goût du jour à l'époque. Mes erreurs de jugement ne seront donc pas occultées et vous pourrez voir tous mes tâtonnements, à condition de vous intéresser suffisamment au sujet pour lire l'intégralité de ce projet (ce dont je doute).
J'ai remarqué que la traduction prenait beaucoup moins de libertés dans ce troisième volet. Il est vrai que Wilkins, le valet du proffesseur Yarborough voit son nom changé en Wiggins, comme le fut Worthington an Warrington. Il y a bien certains ajouts, des petits chamboulements dans la syntaxe des phrases, mais ils sont moins radicaux qu'avant. Alors la question se pose toujours: qui traduit? Un petit détour par la page française de Wikipedia consacrée à la série ne confirme rien de précis puisqu'elle mentionne autant Bellini que Volkoff. Cependant, si on clique sur le lien concernant Le Perroquet qui bégayait, cette page-là mentionne Volkoff ("La première édition de ce roman, paru en France chez Hachette, dans les collections Bibliothèque verte et Livre de poche, a été traduite en français par Vladimir Volkoff, dont on peut parfois reconnaître la trace dans la tournure des phrases en français.") contredisant la page racine qui mentionne Bellini. Et rien n'est élucidé sur cette question, je n'en suis pas plus avancé quant à savoir si Tatianna Bellini est un pseudonyme ou une personne à part entière.
Mais passons à autre chose. Dans l'article précédent, je m'étais déjà arrêté sur Bob concernant l'apparence physique que lui donnait Jacques Poirier. J'avais dit qu'aucune mention à des lunettes n'avait été faite dans les deux premiers tomes de la série, j'en suis toujours à peu près sûr. Harry Kane, le premier illustrateur, ne lui mettait pas de lunettes et le dessinait aussi avec les cheveux brun. Au début. Car Kane s'est adapté au texte que lui donnait Robert Arthur. Je rappelle que les descriptions physiques de nos amis étaient très vagues dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants et qu'il a été établi que Bob était blond. Eh bien figurez-vous que dans le chapitre 4 de The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui Chuchotait, on peut lire ça:
"The butler went into the house and returned leading three boys on to the terrace - one stocky and black-haired, one tall and muscular, one slight, wearing glasses, who had a brace on his leg and limped a little."
"Quelques instants plus tard, le valet revenait avec trois jeunes garçons. Le premier était gros et brun; le deuxième, grand, tout en muscles; le troisième, plus petit que les deux autres, portait des lunettes et un appareil orthopédique."
Donc, nouvelle mise à jour: Pete est un peu moins précis ici, mais sa toute première apparition dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des revenants l'avait établi comme "grand et brun" (toutefois Yves Beaujard le représentera très souvent roux sur ses couvertures pour la Bibliothèque Verte), Jupiter/Hannibal est brun et Bob porte bel et bien des lunettes. Jacques Poirier continuera, contrairement à son confrère Harry Kane, de le dessiner comme il a commencé à le faire: brun avec des lunettes et bien qu'elle ne soit jamais mentionnée, une cravate.
The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait est aussi l'occasion d'aborder un autre point de traduction déjà évoqué pour le précédent volet. Je veux parler des accents, la façon de parler des personnages non-anglophones. Cette fois-ci, il est surtout question du jeune Libyen Hamid. Comme il est présent dans de nombreux dialogues, il n'est pas bien difficile de trouver un extrait représentatif dans le Chapitre10:
"Listen, Hamid," he said. "How does it happen you speak so good English, if you come from Lybia?"
"If I speak English good, I am happy," Hamid said, sounding pleased, although in the total darkness Pete couldn't see his face. "I have American tutor. My father, head of the House of Hamid, wish me to be able to travel all over the world to sell our rugs so I learn English, French, Spanish.
"You see, Investigator Pete, in Libya the House of Hamid has been respected for many, many generations. We make and buy and sell the finest Oriental rugs. But my father is ill. So he has been training me, even though I am still young, to become next head of the House of Hamid."
"Écoute, Hamid. Tu parles tout de même très bien l'anglais pour un Libyen. Comment se fait-il?
-Moi content si moi parler anglais bien, répondit Hamid d'un ton ravi. Moi avoir précepteur américain. mon père, chef tribu Hamid, vouloir moi pouvoir voyager monde entier pour vendre tapis. Alors moi apprendre anglais, français, espagnol... Toi comprendre, détective Peter. En Libye, tribu des Hamid très respectée depuis beaucoup générations. Nous acheter et vendre meilleurs tapis Orient. Mais mon père très malade. Alors moi jeune recevoir formation pour remplacer lui."
Je trouve que la traduction française exagère beaucoup. Certes les phrases d'Hamid sont plutôt simples, pas très élaborées mais de là à employer "moi" au lieu de "je", l'infinitif pour chaque verbe est un peu rabaisser les capacités du jeune Lybien. Pour faire un peu de grammaire anglaise, Hamid utilise le Present Perfect progressif dans "has been training me", ce qui est le signe d'un savoir déjà bien avancé de la langue. L'omission des déterminant "le/la" ou "un/une" est plus compréhensible. D'une part le texte original le fait déjà et d'autre part c'est une caractéristique de beaucoup de langue de ne pas les employer. On a souvent l'occasion d'entendre que le passage d'une langue à l'autre ne garantit pas ce qui peut paraître évident pour la langue d'arrivée.
Hans et Konrad, les employés bavarois de Titus Jones parlent aussi brièvement dans cette enquête. D'abord Hans dans le Chapitre 8:
"Hokay," Hans said. "I go now. Konrad and me, we want to go to drive-in movie."
"Très bien, approuva Hans. Alors je m'en vais. Ce soir, Konrad et moi, nous allons au cinéma."
Vous voyez ici qu'ici les phrases aussi simples et neutres soient-elles, elles contiennent toutefois quelques éléments dans le textes original qui démontrent la provenance étrangère du locuteur. Le "h" de "Hokay", le "I go now" au lieu de "I'm going now" (la différence est difficile à traduire) et l'omission du "the" pour "drive-in movie. L'allemand utilise pourtant les déterminants et je crois que dans un allemand correct la phrase permettrait la même omission contrairement à l'anglais. Ceci dit, le texte français ignore totalement ces distinctions.
Et voici une intervention orale du frère de Hans, Konrad (Chapitre 17):
A moment later they were joined by Konrad, who rubbed his hands with pleasure.
"Got those two tied up good with rope from truck," Konrad said. Then he caught sight of the perspiring Jupiter. "Jupe!" he called. "You hokay?"
Une seconde plus tard, Konrad fit son entrée, en se donnant de grandes claques sur les cuisses.
"C'est toujours utile d'avoir de la corde dans une camionnette, constata-t-il. Les deux gars sont garrottés de la belle manière."
Puis il aperçut le neveu de son patron:
"Babal! s'écria-t-il. Eh bien, rien de cassé?"
Déjà, il y a une très grandes différence entre se frotter les mains et se donner des claques sur les cuisses, non? Outre cette petite liberté, Belinni/Volkoff, comme dans Le Perroquet qui bégayait, gomme le parlé du Bavarois et monte même d'un cran dans l'aisance de l'anglais qu'il n'a pas vraiment à l'origine.
Pour en finir avec le sujet de la langue, Belinni/Volkoff se permet une autre petite liberté avec le personnage d'Harry, un des voleurs.
Chapitre 10: "He was certainly anxious to get the case to go along with the mummy."/"Il avait l'air d'y tenir à ce sarcanthropophage."
Chapitre 15: "He was mighty anxious to get that mummy case."/"Il y tient à son saxifrage!"
"We'll make delivery"/"On livre le saxophage"
Même si ce n'est pas le cas dans la première déformation de "sarcophage", le texte français utilise l'italique pour les deux autres Ce n'est pas gênant du tout, cela rajoute plutôt de l'humour la où le texte américain reste neutre. Ce n'est aucunement un accent ou le signe que l'anglais n'est pas sa langue maternelle. Vu l'occupation du personnage, le traducteur s'est amusé à transcrire un bas niveau d'éducation. Pourtant le texte américain ne fait à aucun moment passer Harry pour un illettré.
Pour conclure cet article, passons à la désormais traditionnelle revue des différentes couvertures. Ci-dessus, la toute première édition américaine illustrée par Harry Kane. On peut clairement discerner la tête d'Alfred Hitchcock avec une coiffe égyptienne dans le coin en haut à droite.
L'ombre d'Hitchcock plane toujours sur les couvertures des éditions françaises. La première de Jacques Poirier fait allusion au fait que Peter se retrouve dans le sarcophage à un moment de l'aventure. Et la seconde d'Yves Beaujard est la seule à figurer le professeur Yarborough. En effet, à l'instar de celle d'Henry Kane, la majorité des couvertures américaines figurent seulement les trois détectives (ce qui n'est pas erroné dans le texte, ils sont tous présents lors de la première visite chez le professeur) sans leur hôte ou même Wilkins/Wiggins. Seule celle de Stephen Marchesi fait le choix de figurer le professeur de profil avec la statue d'Anubis et le trio en plus petit.
La plus récente de Bill Dodge semble reprendre celle de Kane dans une version modernisée et moins luxuriante (voir la description de la pièce dans le Chapitre 2) des jeunes amis (Bob tient le couvercle, Jupiter se penche et Peter se tient en retrait). Une petite différence toute de même dans l'expression des visages: Intriguée et concentrée pour Kane, stupéfaite pour Dodge. Selon ce dernier la momie est-elle sensée chuchoter au moment où ils ouvrent le sarcophage? Dans ce cas c'est une entorse au texte, puisqu'elle n'y parle exclusivement qu'au professeur. Robert Adragna quant à lui rend compte également du son possible (Bob et Peter penche la tête de façon à écouter). Ci-contre une couverture pour l'édition britannique Armada qui montre encore Jupiter, Peter et Bob sans le Professeur ou Wilkins. Le sarcophage semble s'ouvrir tout seul et la momie s'exprimer devant des détectives à la réaction excessive. Sensationnelle et trompeuse. J'ai préféré garder une autre couverture britannique, bien plus fidèle, pour une vignette puisqu'elle se trouve être une scène bien spécifique du roman.
[...]"We've been offered several assignements already on the strength of those stories. What do we have booked, Bob?"
Bob Andrews whipped out his notebook.
"Let me see," he said. "A lost Siamese kitten: a statue of the Greek god Pan, stolen from a garden in Hollywood: a ghostly old boat that appears only on foggy nights and always beaches in front of a certain house at Malibu Beach; and the mystery of why someone keeps changing the numbers on the front of three houses in Rocky Beach. That's all so far."
Mr. Hitchcock shook his head.
"My imagination staggers," he said, "at the thought of what these mysteries will turn into once you lads begin delving into them [...]"
"[...] On nous a déjà proposé plusieurs enquêtes, à la suite de cet article. Qu'avons-nous à l'ordre du jour, Bob?"
Bob Andy tira son carnet.
"Un chat siamois perdu; une statue du dieu grec Pan dérobée dans un jardin d'Hollywood; un vaisseau fantôme apparaissant par temps de brume face à une certaine maison de la plage de Malibu; les numéros de trois maisons de Rocky qui ne cessent de changer pour une mystérieuse raison. Pour l'instant, c'est tout!"
M. Hitchcock secoua la tête.
"Ces mystères ont l'air tout simples, dit-il. Mais la tête me tourne à l'idée de ce que vous allez en faire [...]."
J. Poirier, 1968 |
En parlant de continuité... Il faut remettre l'histoire de l'attelle de Bob sur le tapis. Voici l'allusion qui y est faite dans le premier chapitre de The Mystery of the Whispering Mummy:
"Having a brace on his leg as a result of a fall on a local hill when he was small, Bob was slightly handicapped in the more active exploits of the team. Accordingly, his job was to keep all the records, do research, and make full notes on all the cases."
Cet accident de Bob était bien expliqué dans le tout premier chapitre de The Secret of Terror Castle. Il y a cependant un petit ajout dans l'extrait ci-dessus qui me gène un poil. Le "when he was small" précise que l'accident est moins récent que le premier roman le laissait supposer. Était-ce un ajout conscient et assumé de la part de Robert Arthur? Avait-il ce détail en tête lors de la toute première allusion sans avoir été totalement clair (voir l'article, le lien est au début de celui-ci)?
En tout cas, si vous m'avez suivi depuis le départ, vous n'ignorez pas que la traduction des deux premiers volets de la série était contradictoire. Dans les premières éditions dans la collection Idéal-Bibliothèque, il y a déjà un conflit car l'attelle est bien présente dans Au Rendez-vous des Revenants mais l'unique allusion est occultée dans Le Perroquet qui bégayait. Je disais que c'était dommage pour la continuité car l'allusion dans le deuxième roman présageait que Bob ne la garderait pas. En tous cas, le texte original de la troisième enquête mentionne encore le handicap de Bob et la traduction française ne l'occulte pas:
"Bob devait son poste à l'appareil orthopédique qu'il portait à la jambe depuis une chute de bicyclette et qui l'empêchait de jouer un rôle dans la partie la plus active des enquêtes menées par l'agence: impossible de lui disputer ce juste dédommagement." Cette "chute de bicyclette" sort de nulle part ainsi que l'ajout du dernier commentaire. Le traducteur prend en compte pour la première fois ce détail concernant Bob. Elle devient fidèle quitte à manquer de cohérence par rapport aux choix faits précédemment. Cette traduction française est un mystère en soi: qui en est l'auteur exactement? Les premières versions mentionnent une certaine Tatianna Bellini qui reste plutôt obscure alors que les versions plus récentes mentionnent Vladimir Volkoff, figure déjà plus célèbre dans le milieu littéraire (je ferai un article annexe à son propos, promis juré!). Or, la traduction reste exactement la même! J'ai supposé très rapidement que Tatianna Bellini n'était autre qu'un pseudonyme de Volkoff.
Cette rupture de continuité dans la traduction française est très déroutante. S'il s'agit de la même personne, c'est-à-dire Volkoff, pourquoi avoir choisi de rendre compte du handicap de Bob dans le premier et troisième roman alors qu'ils ne le faisait pas dans le deuxième? Était-ce un oubli ou une négligence (je rappelle que dans Le Perroquet qui bégayait, il n'y avait qu'une allusion et que cela ne gênait pas trop la suite de l'histoire). Je me suis demandé, autre hypothèse, si Tatianna Belinni était une autre personne, peut-être que l'éditeur ne l'avait pas gardée au profit de Volkoff (ce qui expliquerait une traduction plus fidèle). Du coup, à chaque fois que je reprochais à Volkoff, je me trompais de cible? Bah figurez-vous que l'ambigüité reste entière puisque le volet suivant, Le Chinois qui verdissait comporte la même ambiguïté entre l'ancienne (Bellini) et la plus récente version (Volkoff) alors qu'il s'agit du même texte traduit. Quant à celles du cinquième volet, L'Arc-en-Ciel a pris la fuite, elles ne mentionnent que Tatianna Bellini! A partir du sixième volet, le traducteur sera quelqu'un d'autre, mais on en reparlera quand on y sera...
Si j'étais en train de faire une thèse ou si j'étais un gars sérieux, je ferai de plus amples recherches pour élucider tout ça. Mais je ne fais pas une thèse et je ne suis pas un gars sérieux. Plus précisément, je fais tout ça pour le plaisir et surtout je manque cruellement de temps pour des recherches approfondies. Je sais que mes articles y perdent en crédibilité (je ne la recherche pas vraiment de toute façon) mais je préfère plutôt lancer un appel: si quelqu'un (qu'il ou elle ait travaillé pour la Bibliothèque Verte à l'époque ou qu'il ou elle ait fait les recherches que je n'ai pas la possibilité de faire) connait la réponse à cette histoire de traducteur, je vous en supplie, contactez-moi via les commentaires.
D'autre part, je pourrais corriger mes deux premiers articles et appeler le traducteur Belinni/Volkoff (ce que je ferai désormais), mais j'ai plutôt décidé de tout laisser tel quel afin de conserver et de rendre compte de l'aspect évolutif de mon projet: je n'ai pas une vision globale précise de la série et donc je re-découvre dans l'ordre le côté ludique et passionnant des aventures du trio de ma jeunesse autant que je m'intéresse au côté technique de la traduction ou du rapport texte/image, ce qui ne pouvait être au goût du jour à l'époque. Mes erreurs de jugement ne seront donc pas occultées et vous pourrez voir tous mes tâtonnements, à condition de vous intéresser suffisamment au sujet pour lire l'intégralité de ce projet (ce dont je doute).
J'ai remarqué que la traduction prenait beaucoup moins de libertés dans ce troisième volet. Il est vrai que Wilkins, le valet du proffesseur Yarborough voit son nom changé en Wiggins, comme le fut Worthington an Warrington. Il y a bien certains ajouts, des petits chamboulements dans la syntaxe des phrases, mais ils sont moins radicaux qu'avant. Alors la question se pose toujours: qui traduit? Un petit détour par la page française de Wikipedia consacrée à la série ne confirme rien de précis puisqu'elle mentionne autant Bellini que Volkoff. Cependant, si on clique sur le lien concernant Le Perroquet qui bégayait, cette page-là mentionne Volkoff ("La première édition de ce roman, paru en France chez Hachette, dans les collections Bibliothèque verte et Livre de poche, a été traduite en français par Vladimir Volkoff, dont on peut parfois reconnaître la trace dans la tournure des phrases en français.") contredisant la page racine qui mentionne Bellini. Et rien n'est élucidé sur cette question, je n'en suis pas plus avancé quant à savoir si Tatianna Bellini est un pseudonyme ou une personne à part entière.
Jacques Poirier, 1968 |
Mais passons à autre chose. Dans l'article précédent, je m'étais déjà arrêté sur Bob concernant l'apparence physique que lui donnait Jacques Poirier. J'avais dit qu'aucune mention à des lunettes n'avait été faite dans les deux premiers tomes de la série, j'en suis toujours à peu près sûr. Harry Kane, le premier illustrateur, ne lui mettait pas de lunettes et le dessinait aussi avec les cheveux brun. Au début. Car Kane s'est adapté au texte que lui donnait Robert Arthur. Je rappelle que les descriptions physiques de nos amis étaient très vagues dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants et qu'il a été établi que Bob était blond. Eh bien figurez-vous que dans le chapitre 4 de The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui Chuchotait, on peut lire ça:
"The butler went into the house and returned leading three boys on to the terrace - one stocky and black-haired, one tall and muscular, one slight, wearing glasses, who had a brace on his leg and limped a little."
"Quelques instants plus tard, le valet revenait avec trois jeunes garçons. Le premier était gros et brun; le deuxième, grand, tout en muscles; le troisième, plus petit que les deux autres, portait des lunettes et un appareil orthopédique."
Donc, nouvelle mise à jour: Pete est un peu moins précis ici, mais sa toute première apparition dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des revenants l'avait établi comme "grand et brun" (toutefois Yves Beaujard le représentera très souvent roux sur ses couvertures pour la Bibliothèque Verte), Jupiter/Hannibal est brun et Bob porte bel et bien des lunettes. Jacques Poirier continuera, contrairement à son confrère Harry Kane, de le dessiner comme il a commencé à le faire: brun avec des lunettes et bien qu'elle ne soit jamais mentionnée, une cravate.
Jacques Poirier, 1968 |
The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait est aussi l'occasion d'aborder un autre point de traduction déjà évoqué pour le précédent volet. Je veux parler des accents, la façon de parler des personnages non-anglophones. Cette fois-ci, il est surtout question du jeune Libyen Hamid. Comme il est présent dans de nombreux dialogues, il n'est pas bien difficile de trouver un extrait représentatif dans le Chapitre10:
"Listen, Hamid," he said. "How does it happen you speak so good English, if you come from Lybia?"
"If I speak English good, I am happy," Hamid said, sounding pleased, although in the total darkness Pete couldn't see his face. "I have American tutor. My father, head of the House of Hamid, wish me to be able to travel all over the world to sell our rugs so I learn English, French, Spanish.
"You see, Investigator Pete, in Libya the House of Hamid has been respected for many, many generations. We make and buy and sell the finest Oriental rugs. But my father is ill. So he has been training me, even though I am still young, to become next head of the House of Hamid."
"Écoute, Hamid. Tu parles tout de même très bien l'anglais pour un Libyen. Comment se fait-il?
-Moi content si moi parler anglais bien, répondit Hamid d'un ton ravi. Moi avoir précepteur américain. mon père, chef tribu Hamid, vouloir moi pouvoir voyager monde entier pour vendre tapis. Alors moi apprendre anglais, français, espagnol... Toi comprendre, détective Peter. En Libye, tribu des Hamid très respectée depuis beaucoup générations. Nous acheter et vendre meilleurs tapis Orient. Mais mon père très malade. Alors moi jeune recevoir formation pour remplacer lui."
Je trouve que la traduction française exagère beaucoup. Certes les phrases d'Hamid sont plutôt simples, pas très élaborées mais de là à employer "moi" au lieu de "je", l'infinitif pour chaque verbe est un peu rabaisser les capacités du jeune Lybien. Pour faire un peu de grammaire anglaise, Hamid utilise le Present Perfect progressif dans "has been training me", ce qui est le signe d'un savoir déjà bien avancé de la langue. L'omission des déterminant "le/la" ou "un/une" est plus compréhensible. D'une part le texte original le fait déjà et d'autre part c'est une caractéristique de beaucoup de langue de ne pas les employer. On a souvent l'occasion d'entendre que le passage d'une langue à l'autre ne garantit pas ce qui peut paraître évident pour la langue d'arrivée.
Hans et Konrad, les employés bavarois de Titus Jones parlent aussi brièvement dans cette enquête. D'abord Hans dans le Chapitre 8:
"Hokay," Hans said. "I go now. Konrad and me, we want to go to drive-in movie."
"Très bien, approuva Hans. Alors je m'en vais. Ce soir, Konrad et moi, nous allons au cinéma."
Vous voyez ici qu'ici les phrases aussi simples et neutres soient-elles, elles contiennent toutefois quelques éléments dans le textes original qui démontrent la provenance étrangère du locuteur. Le "h" de "Hokay", le "I go now" au lieu de "I'm going now" (la différence est difficile à traduire) et l'omission du "the" pour "drive-in movie. L'allemand utilise pourtant les déterminants et je crois que dans un allemand correct la phrase permettrait la même omission contrairement à l'anglais. Ceci dit, le texte français ignore totalement ces distinctions.
Et voici une intervention orale du frère de Hans, Konrad (Chapitre 17):
A moment later they were joined by Konrad, who rubbed his hands with pleasure.
"Got those two tied up good with rope from truck," Konrad said. Then he caught sight of the perspiring Jupiter. "Jupe!" he called. "You hokay?"
Une seconde plus tard, Konrad fit son entrée, en se donnant de grandes claques sur les cuisses.
"C'est toujours utile d'avoir de la corde dans une camionnette, constata-t-il. Les deux gars sont garrottés de la belle manière."
Puis il aperçut le neveu de son patron:
"Babal! s'écria-t-il. Eh bien, rien de cassé?"
Déjà, il y a une très grandes différence entre se frotter les mains et se donner des claques sur les cuisses, non? Outre cette petite liberté, Belinni/Volkoff, comme dans Le Perroquet qui bégayait, gomme le parlé du Bavarois et monte même d'un cran dans l'aisance de l'anglais qu'il n'a pas vraiment à l'origine.
Joe et Harry, J. Poirier, 1968 |
Chapitre 10: "He was certainly anxious to get the case to go along with the mummy."/"Il avait l'air d'y tenir à ce sarcanthropophage."
Chapitre 15: "He was mighty anxious to get that mummy case."/"Il y tient à son saxifrage!"
"We'll make delivery"/"On livre le saxophage"
Même si ce n'est pas le cas dans la première déformation de "sarcophage", le texte français utilise l'italique pour les deux autres Ce n'est pas gênant du tout, cela rajoute plutôt de l'humour la où le texte américain reste neutre. Ce n'est aucunement un accent ou le signe que l'anglais n'est pas sa langue maternelle. Vu l'occupation du personnage, le traducteur s'est amusé à transcrire un bas niveau d'éducation. Pourtant le texte américain ne fait à aucun moment passer Harry pour un illettré.
Harry Kane, 1965 |
Jacques Poirier, 1968 |
Yves Beaujard, 1987 |
Stephen Marchesi, 1978 |
Bill Dodge, 1998 |
Robert Adragna, 1983 |
Gonzales Vicente, 1984. |
Après la lecture de ce troisième épisode, ça gamberge dans ma tête et des idées d'articles externes ne cessent de germer: j'ai commencé par en consacrer à des personnages (comme Mathilda Jones, Skinny Norris et d'autres suivront certainement), mais j'ai également l'intention d'en faire par thèmes comme le symbole du point d'interrogation, les passages secrets du Paradis de la Brocante etc., il y a des choses que j'ai fait exprès de ne pas annoncer et que je posterai une fois prêtes. Autant vous dire qu'il y aura beaucoup de choses consacrées à la série, à un point tel que j'ai pensé (et je ne ferme aucune porte définitivement) de créer un autre blog uniquement pour elle. Pour l'instant, je laisse tout sur Rana Toad. A moins que deux ou trois lecteurs intéressés me donnent leur avis.... A bientôt pour The Mystery of the Green Ghost/Le Chinois qui verdissait! Merci de me suivre.
4.The Mystery of the Green Ghost/4.Le Chinois qui verdissait.
5.The Mystery of the Vanishing Treasure/5.L'arc-en-Ciel a pris la fuite.
6.The Secret of Skeleton Island/6.Le Spectre aux Chevaux de bois.
7.The Mystery of fhe Fiery Eye/7.Treize Bustes pour Auguste.
8.The Mystery of the Silver Spider/8.Une Araignée appelée à régner.
9.The Mystery of the Screaming Clock/9.Les Douze Pendules de Théodule.
10 The Mystery of the Moaning Cave/10.Le Trombone du Diable.
11.The Mystery of the Talking Skull/26.Le Crâne qui crânait.
12.The Mystery of the Laughing Shadow/25.L'Ombre qui éclairait tout.
13.The Secret of the Crooked Cat/12.Le Chat qui clignait de l’œil.
14.The Mystery of the Coughing Dragon/11.Le Dragon qui éternuait.
15.The Mystery of the Flaming Footprints/14.L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête.
16.The Mystery of the Nervous Lion/21.Le Lion qui claquait des dents.
17.The Mystery of the Singing Serpent/16.Le Serpent qui fredonnait.
The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Tatianna Bellini/Vladimir Volkoff.
4.The Mystery of the Green Ghost/4.Le Chinois qui verdissait.
5.The Mystery of the Vanishing Treasure/5.L'arc-en-Ciel a pris la fuite.
6.The Secret of Skeleton Island/6.Le Spectre aux Chevaux de bois.
7.The Mystery of fhe Fiery Eye/7.Treize Bustes pour Auguste.
8.The Mystery of the Silver Spider/8.Une Araignée appelée à régner.
9.The Mystery of the Screaming Clock/9.Les Douze Pendules de Théodule.
10 The Mystery of the Moaning Cave/10.Le Trombone du Diable.
11.The Mystery of the Talking Skull/26.Le Crâne qui crânait.
12.The Mystery of the Laughing Shadow/25.L'Ombre qui éclairait tout.
13.The Secret of the Crooked Cat/12.Le Chat qui clignait de l’œil.
14.The Mystery of the Coughing Dragon/11.Le Dragon qui éternuait.
15.The Mystery of the Flaming Footprints/14.L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête.
16.The Mystery of the Nervous Lion/21.Le Lion qui claquait des dents.
17.The Mystery of the Singing Serpent/16.Le Serpent qui fredonnait.
The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Tatianna Bellini/Vladimir Volkoff.
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