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samedi 25 avril 2015

Dernier meurtre avant la fin du monde de Ben H. Winters


C'est sûr et certain, inévitable, dans quelques mois un astéroïde de 6,5 km de diamètre va entrer en collision avec la Terre. L'échéance a été officiellement annoncée à la télévision, non par un illuminé au mysticisme fumeux, mais par Leonard Tolkin, un scientifique haut placé de la NASA.

La folie pré-apocalyptique se manifeste partout dans le monde notamment par des suicides, collectifs ou individuels, religieux ou non. Certains plaquent tout pour réaliser ce qu'ils ont toujours voulu faire sans en avoir l'occasion ou le temps. Même si pour beaucoup, la vie continue, on peut aussi déceler une autre réaction, la résignation. « A quoi bon ? » se demande-on. Quelle importance revêtent les occupations quotidiennes quand on sait que tout va finir ?

Entre autres conséquences de la catastrophe à venir, les réseaux téléphoniques sont chaotiques et la multinationale McDonald's a fait faillite (tout n'est pas si négatif...), certains petits malins ayant repris les locaux sans avoir à payer la franchise. Et puisqu'il est question du feu roi du fast-food, c'est dans les toilettes d'un McDonald's que le roman commence avec le cadavre de Peter Zell, simple agent d'assurance, pendu.

C'est la PJ de Concord, dans le New Hampshire, qui va s'occuper de l'affaire. Simple agent de patrouille promu inspecteur, suite à la défection d'un supérieur, Henry Palace ne pense pas comme ses collègues qui vont au plus simple, à ce qui semble le plus évident. Mais dans une région où les suicides par pendaison exposent, un tueur n'en profiterait pas pour maquiller son meurtre ? Quelle importance au fond puisque l'astéroïde 2011GV1, rebaptisé Maïa, n'épargnera pas grand monde sur Terre ?

Pourtant Palace va s'aventurer dans les méandres de son enquête sous le regard moqueur de ses collègues. Elle deviendra même plus importante que son beau-frère Kyle, emprisonné par la police militaire pour des raisons obscures. Mais cette intrigue secondaire ne serait-il pas le moyen pour l'auteur de planter quelques interrogations supplémentaires ? Et puis avec Nico, la sœur de Henry, c'est l'occasion d'intégrer leur passé familial, n'en disons pas plus.

L'originalité de Dernier meurtre avant la fin du monde réside dans cette atmosphère à la fois expectative et pourtant résignée, ce compte à rebours, cette épée de Damoclès que l'on considère implacable. Cette ambiance n'empêche cependant pas Ben H, Winters de distiller un humour logiquement noir, parfois pince-sans-rire. Ceci est le premier tome d'une trilogie, l'échéance est heureusement repoussée... pour le lecteur.
 
Dernier meurtre avant la fin du monde, Ben H. Winters, Super 8, 18€. Traduit de l'américain par Valérie Le Plouhinec.

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