A force de ne pas bouger, elle devient caillasse et la couleuvre passe sous ses yeux tranquille. Les bruits ne sont plus les mêmes, elle les entend maintenant. Elle croît reconnaître les pas d'Antony quelque part qui fouraille. Peut-être un renard. Elle pense au petit prince. Elle a du mal à comprendre ce qu'Antony vient chercher là. Ce qu'il trouve, ce qu'il perd quand il vient là. Elle sait qu'il y a une clé, elle sait qu'il y a ici, quelque part, le sens d'une vie. La vie d'Antony. Ce qu'il a construit inventé pour exister. Ce qui guérit. Ce qui le guérit lui. Ce qui le panse le pense le met au monde.
Elle ne sait pas quoi.
Peut-être c'est mieux si elle ne comprend rien, si ça lui échappe.
Quelque part dans la nuit des chiens, Sandrine Bourguignon, Sulliver, coll. "Littératures actuelles".
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