"Rana Toad", ça se mange?

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vendredi 13 septembre 2013

Peu à peu, j'appris à me servir de ces machines rudimentaires de façon à sonder les sentiments des chanteurs. Il fallait faire vite parce que les premiers disques ne contenaient que trois ou quatre minutes par face. Il importait de maintenir la machine hors de vue, si bien qu'en général je m'asseyais entre elle et le chanteur, retournant les disques en tournant le dos à la platine. Bientôt les conversations sur les chansons se muèrent en tranches de vie. Dès l'époque des voyages dans le Delta, je me servais de grands disques d'acétate. L'acétate était plus dur à travailler que l'aluminium parce qu'il fallait, en plus de tenir le micro en position et de régler le volume, empêcher les copeaux d'acétate de s'entasser sous l'aiguille enregistreuse. Cependant, les plages étaient bien plus nettes et, surtout, chaque face contenait quinze minutes de son. Ce qui voulait dire que de longs sujets (offices religieux, jeux, contes, scènes de travail, souvenirs développés) pouvaient être répertoriés.

Le Pays où naquit le blues, Alan Lomax, Les Fondeurs de Briques. Traduit de l'américain par Jacques Vassal.

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