Au mot "jardin" manquent - ou excèdent - des nuances pour définir ce rectangle de terre qui s'enfonçait dans les profondeurs de la bâtisse. Des centaines de livres étaient enfouis dans les brousailles, comme si on les avait plantés. Certains ne laissaient voir que le dos, le coin de la couverture ou une page. Ils étaient entassés, démantibulés, rongés par l'humidité et l'abandon. Les fourmis parcouraient les pages, telles des lettres égarées à la recherche de leur place perdue. Je vis une encyclopédie ouverte, dont les pages avaient été traversées par la patience d'une ortie, comme une illustration qui se serait éveillée à la vie. D'autres livres étaient couverts de plantes rampantes qui leur improvisaient un abri contre le mauvais temps.
La Soif primordiale, Pablo de Santis, Métailié. Traduit de l'espagnol (Argentine) par François Gaudry.
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