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dimanche 11 mars 2012

Un Employé modèle de Paul Cleave

Comme s'en amusent Bret et Jemaine, alias Flight of the Conchords, ce qui reste le plus notable dans l'esprit du grand public quand on parle de la Nouvelle-Zélande (excepté les All Blacks, bien sûr), c'est Peter Jackson et son Seigneur des Anneaux. Mais Paul Cleave s'est fait remarquer dans le domaine du thriller depuis quelques années avec pas moins de six romans (le septième est prévu pour 2013).

En France, c'est Sonatine qui s'est lancé en 2010 dans la publication en série de cet auteur néo-zélandais avec Un Employé modèle (The Cleaner, 2006, son premier roman) et a déjà récidivé l'année suivante avec Un père idéal (Blood Men, 2010, son quatrième).

L'employé modèle en question, c'est Joe Middletown, résidant à Christchurch (tout comme son créateur et on comprend pourquoi les description de cette ville sont si détaillées) et homme à tout faire, je ne vous dis pas où (c'est sur la quatrième de couv', mais il y a peut-être des lecteurs qui aiment être surpris). Dans la vie de tous les jours et aux yeux de tous, c'est un simple d'esprit au-dessus de tout soupçon. Mais le lecteur ne peux être dupe, puisque la narration est à la première personne et Joe apparaît tout de suite tel qu'il est: calculateur, cynique et surtout tueur en série.

Ne comparez pas Joe à Dexter. Même s'ils ont comme point commun de raconter à la première personne et d'être friands d'humour noir, Joe est plutôt un anti-Dexter, en fait un serial killer qui tue, tout simplement, des innocents. Il a déjà tué six femmes, et on l'appelle le Boucher de Christchurch. Sauf que la police lui en attribue un septième, et ça, ça lui plaît pas du tout. Il va donc mener sa propre enquête, moins pour s'innocenter (quoiqu'il compte bien mettre ça sur le dos de quelqu'un d'autre afin de continuer sa carrière) que pour rendre au véritable coupable ce qui est à lui, un crime sale et bâclé, dénué d'art de tuer.

Solitaire, ses seuls amis sont ses poissons rouges, Cornichon et Jéhovah même s'il va bien de temps en temps rendre visite à son insupportable mère (qui ignore autant son camouflage de simple d'esprit que son hobby). Au fil du roman, il fera la connaissance du chat Peluche avec qui il aura des relations conflictuelles, de Sally, une collègue d'une compassion un peu trop envahissante et surtout de Melissa, encore plus casse-couilles... (le lecteur masculin imaginera la douleur de Joe, je vous le garantis).

J'aime beaucoup le personnage de Sally, son extrême naïveté est attachante. Encore sur le coup de la perte de son frère handicapé, d'où sa sympathie pour le faux Joe, elle ne manque pas d'attirer celle du lecteur. Elle est plus qu'un rôle secondaire et même Joe n'aura pas conscience de son importance dans sa vie autant que dans l'intrigue.

Le roman se dévore, car des tensions se créent si finement que tout devient imprévisible et Paul Cleave nous fait trébûcher sur d'efficaces retournements de situations. Un thriller plein d'humour et atypique, dont la fin peut toutefois décevoir sans que l'on ne regrette quoi que soit.

Un Employé modèle, Paul Cleave, Sonatine, 22€/Le Livre de Poche, 7,50€. Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Benjamin Legrand.

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