"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 18 mars 2012

Alors ce qui venait tout juste de s'épanouir en lui se recoqueville et jaunit sur les bords, et il comprend soudain, en l'espace de quelques secondes à la fois éphémères et eternelles, qu'un homme ne saurait oublier l'immense toile de fond de son passé, et que même l'éblouissante blancheur des champs de coton en été ne peut venir totalement à bout de la croûte stérile et dure de la terre qui s'est formée au fil des hivers. Il arrive presque à mettre des mots dessus, mais c'est une impression fugace, elle a déjà disparu: il ne reste que la certitude mordante qu'il est impossible d'avancer sans sentir la bride sur son cou, que le harnais à l'épreuve des intempéries ne se desserrera jamais, que le poids de tout ce qu'on traîne derrière soi ne peut pas s'alléger.

Le Sillage de l'oubli, Bruce Machart, Gallmeister, coll. "Nature Writing". Traduit de l'américain par Marc Amfreville.

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