"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 23 octobre 2011

Un gars habillé en noir avec un drôle de chapeau vient me raconter sa vie. Je lui ai demandé, moi. Et il s'écoute parler, il fait le Cours Florent. Il y croit vraiment très fort. Je le trouve vraiment très con. Il a pas compris que se foutre un chapeau ridicule sur le tête et s'habiller en décalage n'a jamais transformé personne en artiste. Il utilise des mots compliqués qu'il a dû trouver super classes dans les trois textes de théâtre qu'il a été obligé de lire et qui représentent à eux seuls toute sa culture littéraire. Des mots dont il ne connaît même pas le sens à la façon dont il s'en sert, parce que ces mots, je les connais, et il ne les met pas dans les bonnes cases. Alors pour faire bien, je lui dis que je suis hypoglicémique, un autre mot compliqué. Mais il s'en fout et il continue à me parler de théâââââtre, parce que tu vois, Machine, le théâââââtre...Je baille en lui rétorquant que j'ai pas la télé, que je sors jamais de chez moi, et que je sais pas lire.
Je me tourne vers mon autre voisin de fenêtre, un mec avec des dreadlocks et l'oeil aussi vif qu'un poisson mort. Un mec qui a une aura qu'on peut voir, et sentir surtout, un gros nuage de shit. Il se plaint de la musique de la soirée parce qu'elle est trop commerciale à son goût. J'ose pas lui répondre que c'est lui qui est trop commercial, vu le succès avec lequel il vend du cliché. Je me contente de hurler dans ma tête mais qu'est-ce que je fous à moisir mon cerveau au milieu de ces gens foireux.

A Contre-jour, Charline Quarré, Les éditions Baudelaire.

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