"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 23 octobre 2011

Parfois, sans s'en rendre compte, Nehemiah nous parle avec, posés sur sa langue, tous les livres qu'il a déchiffrés, et sa langue devient si lourde que ses paroles privées d'ailes tombent du nid avant de nous parvenir. Lui seul alors est capable de les ramasser. Pris d'un doute, il jette un oeil sur nos figures et s'aperçoit de son erreur. Il nous fait des excuses. Pour nous consoler de la science qui nous manque, il prétend que les maîtres comprendraient encore moins que nous ses discours. Qu'ils préféreraient, eux, mettre leur cervelle aux enchères, plutôt que d'avoir à les comprendre un jour. Et qu'ils sont pour finir, eux qui haïssent tant le noir, les esclaves volontaires de l'obscurité, les réels enfants de la nuit.

Blues, Alain Gerber, Fayard.

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