Sortilège est une adaptation libre du célèbre conte de Madame Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête. Je ne vous ferai pas l’affront de vous résumer l’histoire originale, mais sachez néanmoins que l’intrigue est transposée à notre époque.
Kyle Kingsbury est lycéen dans un établissement huppé de New York. Il est beau, riche,…le gendre idéal en apparence. Mais Kyle est aussi très imbu de sa personne, superficiel et incroyablement arrogant. Un jour, Kendra, une fille "moche" de sa classe lui reproche de ne s’intéresser qu’à l’apparence. Pour la contredire, il l’invite à l’accompagner au bal du lycée, pensant lui faire une mauvaise plaisanterie en la plantant seule à l’entrée. La soirée se passe…Kyle rentre chez lui, où Kendra l’attend. Elle s’avère être une sorcière. En représailles à sa moquerie, elle lui lance un sort qui le transforme en un monstre hideux. Le charme ne s’éteindra que si Kyle arrive à aimer une jeune fille et à s’en faire aimer en retour dans un délai de deux ans, malgré son aspect repoussant … C’est au moment où il se résigne à vivre sous cette apparence monstrueuse (car qui pourrait aimer un être aussi laid ?) que Linda entre en scène…
La suite, vous la connaissez.
La Belle et la Bête étant un de mes contes préférés, j’ai lu avec grand plaisir cette adaptation de l’histoire transposée dans un monde moderne. L’auteur met ainsi en lumière une partie du conte peu développée dans l'original et dans ses réécritures : les circonstances de la transformation du prince en monstre. Pour une fois, on redécouvre l’histoire du point de vue du prince/de la Bête, et non de la Belle, comme c’est souvent le cas dans la plupart des adaptations de ce conte.
Le fait que ce soit un jeune homme moderne qui prenne la parole, riche et prétentieux de surcroît, apporte au récit une touche de piquant, car il décrit son entourage de manière très cynique, teintée de cruauté.
On rencontre donc Kyle avant que la sorcière ne lui lance le sortilège, et on peut constater à quel point cet individu est détestable par son arrogance et sa méchanceté. Puis Kendra le transforme en monstre. On assiste alors à sa disgrâce, à sa mise au rebut de la société par son père, riche présentateur de télévision soucieux du qu’en-dira-t-on, qui l’exile dans une maison excentrée de New York. Il découvre peu à peu à quel point son entourage était superficiel, attiré uniquement par la beauté et la richesse. Lentement, le changement s’opère en lui en même temps que sa prise de conscience. C’est pour lui (pour nous ?) l’occasion de réfléchir un peu au sujet de la beauté physique, et des facilités qu'elle apporte dans la vie quotidienne à ceux qui en jouissent, peu importe leur mérite.
Cependant, ce n'est pas un roman qui révolutionnera le genre. Soyons clair, il n'a pas la poésie du conte original. Malgré tout il m’a donné un très agréable moment de lecture. (Et donné envie de visionner une énième fois l’adaptation de Jean Cocteau !)
Sortilège – Alex Flinn – Éditions Hachette – Collection Black Moon – 2009 – 332 pages
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