"Rana Toad", ça se mange?

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vendredi 24 septembre 2010

Le Pianiste déchaîné

Dans le futur le travail de l'humanité est réalisé par des machines qui ont pris de plus en plus de place après la troisième guerre mondiale. Les valeurs essentielles sont devenues la productivité et l'efficacité. L'État-nation n'est plus qu'une notion et le patriotisme un esprit de corps.
Les relations internationales ne tournent plus qu'autour des notions économiques.
Les machines étant devenues plus efficaces que les humains une société à deux niveaux totalement inégaux s'est formée (qui rappelle la vieille répartition moyenâgeuse entre Tiers état, noblesse et clergé): les administrateurs et ingénieurs au QI élevé et aux compétences pas encore surpassées par les machines et les autres, beaucoup plus nombreux, non diplômés, ou pas assez, et moins intelligent. Soit on les occupe à l'armée, on ne leur donne pas d'arme vu qu'on les considère comme incapable de s'en servir correctement, ou ils font semblant de travailler dans les usines dans des services de Reconstruction et de Récupération.
Mais la colère gronde car certaines personnes ne supportent plus de n'être que de simples consommateurs à qui ont ne porte aucun intérêt.
La ville d'Illum, dans l'état de New-York, est une parfaite illustration de ce système: les deux classes sont séparées par un fleuve. Paul Proteus, un ingénieur ayant un poste très important au sein d’Ilium Works et fils d'un figure importante de ce système, a tout pour lui, même s'il sent des rivalité qui pourraient lui nuire. Mais il s'ennuie et a mauvaise conscience. Il se pose donc des questions, commence à fréquenter des personnes de l'autre classe afin de cerner leurs problèmes et remet en question les valeurs qui lui ont été inculqués depuis l'enfance.

L'ambiance est dépressive et cynique. Le lecteur comprend vite qu'à trainer avec l'autre classe et à se poser des questions considérées comme infondées notre héros a de grandes chances de se faire broyer par le système.

On suit en parallèle de l'histoire une multitude de saynète qui permettent une multiplicité de points de vue ce qui apportent une véritable richesse stylistique thématique (un touriste visitant l’Amérique, le Chah de Bratpuhr, accompagné de son neveu et traducteur Khashdrahr Miasma, ou encore le docteur Ewing J. Halyard). Cette aspect rappelle le regard distancié des deux voyageurs des Lettres Persanes de Montesquieu.

Le Pianiste déchaîné ( Player piano) est un classique de l'anticipation dystopique au même titre que Le Meilleur des mondes d'Huxley car Kurt Vonnegut Jr anticipe parfaitement la modernité industrielle et son omniprésente dévastatrice. Le genre d'auteur dont on peut dire "Punaise il avait tout compris dans les années 50 (1952 pour être précis) et les gouvernements ont été trop con pour l'écouter...!"

J'ai lu sur d'autres sites qu'il ne s'agissait pas du meilleur roman de l'auteur, il s'agit en effet d'une œuvre de jeunesse, mais vu qu'honnêtement je le découvre avec ce titre je ne peux qu'être impatiente de lire les autres!

En passant je suis toujours aussi fan de l'illustrateur de la couverture Aurélien Police, son portfolio.

Kurt Vonnegut Jr, Folio sf, traduit de l'américain par Yvette Richards, mai 2010.

3 commentaires:

LucaKaCouCou a dit…

Son plus grand roman serait d'après la critique "Abattoir 5" mais personnellement je l'ai littéralement adoré dans "le pianiste déchainé"
Un excellent roman

Damo a dit…

ça a l'air bien chouette ! mais, franchement, "anticipation dystopique", ça fait pas un peu trop ? :D pourquoi pas "prospective post-moderne" non plus ^^

Taly Lefèvre a dit…

j'avoue j'ai copié sur un autre site pour la définition du style...

j'aime beaucoup ta proposition aussi ^^