"Rana Toad", ça se mange?

Nous sommes libraires de divers horizons, bibliovoraces friands de découvertes, ici pour partager!

lundi 20 septembre 2010

Mirage sur Port d'Amar de Marie Bertherat


Nous avons déjà fait connaissance avec les enquêteurs du Samovar, petite boutique de curiosités d'une ruelle bretonne, créés par Marie Bertherat (voir chronique sur Meurtre au Majestic/Le Cri du rubis).

Dans Mirage sur Port d'Amar, Constantin et Véra, respectivement oncle et mère (si ça avait été le contraire, ça ne serait probablement pas un livre pour la jeunesse...) de Lou, reçoivent une lettre, en provenance de Moscou, qui remet en cause toute leur généalogie. Au début du roman, un narrateur anonyme nous fait part, entre guillemets et en alternance avec les scènes où figurent les héros, de sa vie et de son parcours, dès son plus jeune âge à la vie difficile de Russie jusque ses premiers pas dans l'espionnage. L'identité de ce narrateur reste indéfinie mais le lecteur s'en fait tout de même une petite idée...
Avant de partir avec Mme Rose en Russie pour organiser une rencontre avec l'auteur de la lettre qui s'annonce comme étant leur père biologique, Constantin (Véra doit partir une fois de plus avec son mari pour honorer un engagement musical et maritime), en compagnie de Lou et Stanislas, amorce une enquête dont il cèdera la charge aux deux adolescents. Un directeur de la galerie d'art Mirage (photographie pour être précis), Gérard Canasson est retrouvé mort chez lui. Une première approche des lieux ne permet hélas pas aux enquêteurs de trancher entre le suicide et le meurtre.
Lou et Stanislas s'attellent donc à une nouvelle enquête quelque peu parasitée dans la tête de Lou par une rencontre agréable qu'elle fait alors qu'elle se fait de l'argent de poche en vendant des glaces. C'est ainsi que l'arrivée de Jason est prétexte à une course poursuite amoureuse, entre Port d'Amar et Londres.
Je ne vais pas en dire plus sur l'intrigue, seulement vous rappeler: gare aux fausses pistes et aux personnages à première vue sans intérêt.

Inédit et bénéficiant du double de pages par rapport aux précédentes "Enquêtes du Samovar", Mirage sur Port d'Amar (huitième enquête, quatre ans s'étant écoulé depuis la première édition de la septième, Vipère masquée) confirme d'une part la capacité de Marie Bertherat à jongler avec trois intrigues tout en les ficelant en une seule (ce dont le lecteur avisé comprend assez vite même s'il ne sait pas de quelle façon) et d'autre part ses quelques défauts d'écriture (encore une fois, certains indices ou pistes déboulent de nulle part surtout dans la partie russe du roman). Le personnage de Stanislas est un peu plus présent, même si dans quelques dialogues, on a la mauvaise impression qu'il remplit mécaniquement la fonction d'interlocuteur renvoyant la balle à Lou. Il est mis l'accent sur son aspect geek et il pointe un soupçon de jalousie, sans réelle conséquence puisqu'il est étouffé dans l'œuf par ce bon copain gentleman, face à la romance entre Lou et Jason (justifiée puisque Lou est après tout une adolescente, mais qui laisse malheureusement trop de place à des passages fleur bleue, plutôt irritant quand le lecteur n'est pas la cible première de la collection).

Pour terminer, je pense qu'il est important de faire un récapitulatif sur la série du Samovar. Tous les titres, exceptée la seconde enquête (Eaux mortelles) parus initialement chez Fleurus (toujours disponibles chez cet éditeur) ont été réédités dans la collection "Chambres Noires" (je présenterai prochainement Vipère masquée/L'Affaire Cornélius et Trompe-L'oeil/Porté disparu). Je suis toutefois curieux de savoir pourquoi Jacques Baudou, si c'est bien son choix, a décidé de tout rééditer dans le désordre. Même si, dans l'absolu, ce n'est pas vraiment dérangeant, les différentes enquêtes se suffisant à elles-mêmes, on trouve une anomalie que dis-je un cafouillage dans Mirage à Port d'Amar. Page 78, une note de bas de page nous informe qu'un personnage apparaît pour la première fois dans Porté disparu, cinquième enquête dans l'ordre original, mais dont la parution chez Mango est de six mois ultérieure à Mirage... Et ce n'est pas tout, c'est un double cafouillage puisque la note précise que Porté disparu se trouve "dans le roman Vipère masquée" au lieu de Trompe-L'Oeil comme signalé plus haut. On va dire que je chipote, mais ça fait tout de même désordre, non?

Pour la forme et les puristes:

Ordre de parution initial chez Fleurus:
1.Meurtre au Majestic
2.Eaux Mortelles
3.L’Affaire Cornelius
4.Porté disparu
5.Trompe-L’œil
6.Le Cri du rubis
7.Vipère masquée


Ordre choisi pour a collection "Chambres Noires" chez Mango:
1/2.Meurtre au Majestic/Le Cri du rubis
3.Mirage sur Port d'Amar
4/5.Vipère masquée/L’Affaire Cornelius
6/7.Trompe-L’œil/Porté disparu
(Reste Eaux mortelles non réédité)

Comme la fois précédente, je me pose la question de l'avenir de cette série: est-il prévu des suites inédites? Et juste encore un tout petit reproche, je trouve ces rééditions trop proches les unes des autres. Les espacer aurait permis la parution d'autres plumes que celle de Marie Bertherat, je n'ai rien contre s'entend, seulement j'aimerais juste qu'il y ait plus d'alternance entre les auteurs, déjà connus ou pas, figurant dans cette collection. Cependant, le n°8 de "Chambre Noires" répond déjà à mes attentes puisqu'il s'agit d'un roman de Paul Berna, Le Témoignage du Chat noir. Très prochainement (enfin, j'essaie) chroniqué sur Rana Toad.

Mirage sur Port d'Amar, Marie Bertherat, Mango Jeunesse, collection "Chambres Noires", 9€. Illustration de couverture par Karen Laborie.

Aucun commentaire: