Une fois encore, le titre de la vo est plus évocateur : "Gossamer" = "Gaze", en français. Tout comme le gaze, ce tissu utilisé notamment pour panser les plaies, Petite panse les blessures que l'on ne voit pas : elle balaie nos cauchemars, nos peurs, nos angoisses en nous soufflant des rêves issus des souvenirs contenus dans les objets qui nous entourent.
Petite se forme en tant que "passeuse de rêve" sur une vieille dame et son chien. Elle effleure les châles et les photographies, puis souffle au visage endormi le baiser d'un amant, les souvenirs d'une enfance joyeuse. Et puis un jour les services sociaux donnent à garder à la vieille dame un petit garçon de 8 ans : John. Un garçon rongé par la colère. Un enfant que la horde des Saboteurs, ceux qui insufflent les cauchemars, ont dans le collimateur!
On aurait pu croire à un roman pour les plus jeunes au début, trouver Petite niaise, et les rêves trop enfantins pour que cela nous touche. Mais il n'en est rien. Certains passages nous font sourire et nous attendrissent, d'autres au contraire nous frappent avec violence : John est un enfant maltraité. La vieille femme, le petit garçon, le chien forment un triangle fragile qui se soude peu à peu, puis vient se greffer un personnage dont on attend beaucoup : la mère.
Le roman est d'une incroyable sensibilité, Lois Lowry joue avec différentes forces : la douceur des rêves, la candeur de Petite et celle de l'enfance d'un côté, la brutalité extrême qui n'épargne personne en ce monde, y compris John, de l'autre. Un très beau texte.
Passeuse de rêves, Lois Lowry trad Frédérique Pressman, Edl
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