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dimanche 2 mai 2010

Le ballet des âmes

Voici le nouveau roman de Céline Guillaume aux Éditions Du riez. On y retrouve la sensibilité et l'amour de l'auteure pour le merveilleux arthurien et la cruauté du réel.

On suit en focalisation interne le destin d' Enora, jeune paysanne de 13 ans orpheline en plein troubles historiques, quotidiens ainsi que personnel (éveil amoureux et sexuel) au début du 13ème siècle. Si le début du roman reprend les codes du merveilleux arthurien la réalité va très vite rattrapée notre héroïne. Elle qui croit être protégée par la maîtresse de la nature croisée au détour de la forêt sous un cerisier (transfert de l'image protectrice maternelle?) se retrouve au service d'un maître cruel, pervers mais aussi triste qui voit en elle sa femme défunte tant aimée.
Elle apprendra par les autres domestiques que la servante précédente a été assassiné par celui-ci pour avoir refusée de porter son enfant alors qu'elle sentira la présence omniprésente de la femme morte du maître.
Mais son destin est aussi marqué par une malédiction, aspect qui pourrait sembler banal dans ce genre de littérature mais qui est détourné et magnifié par l'écriture de l'auteure. L'intrigue prend alors un tour auquel on ne s'attendait pas du tout au départ.
Elle partagera soudainement un amour sincère avec un jeune prêtre... mais découvrira vite leur lien de parenté ainsi que ceux qui la lie au maître alors qu'elle est enceinte de lui. La fin est aussi tragique qu'inattendue au point de m'en tirer, j'avoue, une larme.

En conclusion une écriture toujours aussi sensible que tragique qui transforme ce personnage un peu niais au départ en femme propriétaire de sa propre destinée et détourne plaisamment les codes du merveilleux arthurien et l'image traditionnel du destin dans ce type de littérature.

Note: la couverture est de Mathieu Coudray, illustrateur de Et cette porte, là-bas, qui se fermait chez Argemnios et Les Sombres Romantiques aussi aux Éditions Du Riez que j'avais précédemment chroniqué.

Céline Guillaume, Éditions Du Riez, collection Vagues Celtiques, mars 2010.

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