Sire Cédric fait typiquement partie des auteurs vers lesquels je ne serais pas spontanément allée tellement j'avais de lui, avant de le rencontrer au salon du livre, une image de jeune auteur à minettes gothiques de 15/20 ans marketé jusqu'aux ongles. Et qu'est-ce que je n'aurais pas raté franchement!
Ce thriller fait partie des livres dont il faut parvenir à mettre de côté tout l'aspect marketing, couverture qui n'a pas grand rapport avec l'intrigue, titre un rien racoleur, pour se plonger dans une ambiance étouffante et intrigante au point du coup de parfaitement correspondre à l'argument des thrillers best-sellers à gros bandeau rouge: "vous ne pourrez pas lâcher ce livre, vous en ferez des nuits blanches tellement le suspense vous tiendra..." .
Nous suivons les pas de deux enquêteurs, une albinos au caractère bien trempé elle-même traumatisée car victime avec sa sœur d'un serial-killer étant petite, sa sœur revenant sous la forme d'un fantôme en cas de coup dur, ce qui ne manqueras pas... (cliché quand tu nous tiens!)
Le début de l'intrigue est particulièrement soigné: nous sommes dans la maison où est retenue une jeune fille qui comprend très vite que personne ne viendra la sauver en cet endroit particulièrement isolé et que la cour de la ferme n'est pas recouverte que de pluie et que la grange n'est pas habitée par des vaches ou des moutons mais des "collègues de galère" accrochée la tête en bas avec un sceau en dessous pour récupérer leur sang, subtilement écorchée, le visage arraché. Les bourreaux entrent vite en scène: clichés de redneck qui pourraient être des cousins des familles de Massacre à la tronçonneuse ou de Frontières. Alors qu'elle pense parvenir à se sauver il la rattrape... mais notre enquêtrice sonne à la porte... pour une fois que la police arrive au bon moment! S'en suit un inévitable affrontement au cour duquel les assassins sont tués et la victime sauvée!
Mais bien sur les choses sont plus compliquées et des crimes aussi tordus ne pouvaient être la seule idée d'un groupe si bête.
Une année passe jusqu'à ce que bien sûr la même série de meurtres reprenne ce qui confirme la première intuition de l'héroïne qui se demandait bien ce que faisait là les signes ésotériques sur les murs de la dite ferme et un emblème bizarre tracé au sang qui ressemble fort au blason de la famille d'Elisabeth Bathory (faut croire qu'elle est à la mode en ce moment entre le film La Comtesse et la prochaine biographie de Jacques Sirgent dont je reparlerais).
Sire Cédric utilise en les détournant les clichés du thriller à l'américaine mais dans l' Aveyron pour en faire soit des éléments grotesques qui stoppe l'enquête à un moment supposé fatidique (des collègues de nos enquêteurs se font arrêter par des gendarmes locaux pour la violation de domicile du suspect et bien sûr un bleu ne veut rien entendre et fait son cow-boy pendant que la collègue albinos "est retenue" par le dit suspect) ou "un oubli" de rapprochement de dossier amène un éclairage nouveau et complètement évident sur l'affaire et l'identité du suspect ou permettent d'apporter plus d'épaisseur psychologique aux personnages, surtout l'enquêtrice albinos.
En conclusion l'auteur parvient à jouer avec nos nerfs et notre curiosité quant à l'intérêt et la psychose du suspect pour le mythe de la comtesse non sans humour et dérision dans son traitement des clichés du genre.
Premières pages sur le site de l'éditeur
Sire Cédric, Éditions Le Pré aux clercs, mars 2010.
2 commentaires:
Contente d'apprendre au passage la parution d'une bio de E Bathory.
Je viens de finir le livre, j'ai beaucoup aimé. Comme toi, je ne pouvais plus lâcher le livre, mais je n'ai pas fais de nuit blanche, trop fatiguée, mais j'ai fini dès ce matin !
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