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dimanche 7 mars 2010

Sous la baguette du Reich - le Philharmonique de Berlin et le national-socialisme

La venue en France du philharmonique de Berlin, bon d'accord c'était le mois dernier à la salle Pleyer je suis un peu en retard..., est pour moi une bonne occasion pour vous parler de cette biographie sortie chez Héloïse d'Ormesson en septembre 2009, je suis très en retard dans mes lectures aussi... et enfin parce que parler musique classique ça change de Camion Blanc, mode private joke off.

Dans cette biographie de Misha Aster le célèbre philharmonique ouvre pour la première fois ses archives afin d'éclaircir certains mal entendus quand à son emploi comme organe de propagande par les nazis. Fondée bien avant la période nazie, en 1882, l'association autogérée dans laquelle seuls les musiciens sont actionnaires ressemble d'avantage à sa fondation à une mini république qu'à un ensemble dépendant d'un quelconque organisme d'état ou autre forme de création subventionnée donc devant des comptes sur sa gestion, sa programmation ou les musiciens qu'elle emploi. En l'espace de 50 ans l'association acquiert une réputation mondiale mais est malheureusement rachetée par le Reich en 1933 à cause de problèmes financiers. Elle passe alors d'un statut d'association indépendante à celui moins envieux d'organe de propagande dirigé par Goebbels et son ministère de l'éducation du peuple et de la propagande. Le philharmonique devient alors le fer de lance de la propagande nazie et se produit dans toutes les plus grandes manifestations. Mais s'il acquiert ainsi de multiples privilèges un mélange de peur, de gratitude et de révolte se développe insidieusement.

L'auteur, grâce principalement aux archives du philharmonique dépeint les luttes d'opinion au sein même de l'association, regroupant de manière qui pourrait sembler contradictoire partisans du régime nazi mais aussi quelques musiciens juifs, mais s'intéresse aussi aux portraits des dignitaires les plus importants du parti et leurs influences, ainsi qu'aux marques laissées, au combien essentielles à étudier pour une meilleure compréhension de l'évolution des différentes interprétations des plus grands artistes classiques, par les différents chefs d'orchestre successifs.

Une biographie passionnante pour comprendre non seulement l'intérêt musical mais aussi les implications politiques d'une institution emblématique d'un pouvoir mais aussi dissidente quand à sa gestion interne. Un carnet de photographies en noir et blanc permet de retracer les évènement essentiels.
J'ai particulièrement apprécié le fait que l'auteur insiste sur le fait qu'elle n'a pas pu explorer tous les aspects historiques et que de multiples approfondissements sont encore possibles.

Misha Aster, Éditions Héloïse d'Ormesson, traduit de l'allemand par Philippe Girandon, septembre 2009.

2 commentaires:

Gilmoutsky a dit…

C'est dans quel livre qu'on apprend qu'ils invoquaient des démons en jouant des symphonies à l'envers, toujours sur ordre du Reich?

Taly Lefèvre a dit…

Je prends note de votre demande cher monsieur et je vous fait signe quand je vois un livre sur ce thème passer! Comment ça s'esquive la question comme avec mes clients boulet??? :)