"Rana Toad", ça se mange?

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mardi 2 mars 2010

Gagner la guerre

Ce roman est tout simplement dément. Pour commencer, imaginez un livre de 688 pages où jamais on ne s’ennuie, et où, malgré les nombreuses actions, on reste souvent surpris voir époustouflé, et ce, jusqu’à la fin ! Dès le départ, l’auteur donne le ton. On retrouve Benvenuto Gesufal, le maître assassin présent dans le recueil Janua Vera (que je n’ai pas lu mais vais m’empresser de le faire). Ce dernier, au service du Podestat Ducatore, se trouve à bord d’une galère après la victoire de leur flotte au Cap Scibylos. La guerre contre Ressine est gagnée. Et c’est là que tout commence, car cette victoire ne sera effective que si elle est exploitée par ses vainqueurs. Je n’en dirais pas plus car il ne faut rien dévoiler au lecteur potentiel de cette captivante aventure.
L’auteur maîtrise son sujet et est parfaitement renseigné sur ce qu’il écrit. Batailles navales, conditions de détentions, trames politiques et même médecine, tout est brillamment construit, ce qui participe à ce côté époustouflant cité plus haut. Dessinée sur une trame italienne de la Renaissance, la république de Ciudalia, est parfaitement décrite et calquée sur des éléments historiques extrêmement crédibles. Lorsque l’on s’enfonce dans les terres, on retrouve un monde d’inspiration germanique plus proche d’une fantasy plus classique. On croise quelques elfes et même un nain. En parallèle à cette construction parfaite, le héros et narrateur Benvenuto fait preuve d’un esprit terriblement intelligent. Tout s’enchaine à grande vitesse, pour le plus grand bonheur du lecteur. Les évènements autant que les actions des personnages (combats, raisonnement) sont incroyables de logique et de précision. L’intelligence, voilà un mot clé de ce roman.
S'il est un autre exploit de l’auteur dont je souhaite parler, c’est sa capacité à rendre attachant un assassin sans scrupules ! Étant le narrateur, c’est lui qui nous guide durant ces 688 pages. Seulement voilà, il est terriblement humain cet assassin, et terriblement intelligent. Toutes ses actions sont justifiées par un esprit logique, et sensé comme vous et moi ; alors on le suit, et on prend plaisir à le faire.
Enfin, les trames politiques décrites font preuve d’une grande lucidité et d’un raisonnement sans faille. La lecture devient captivante, puis passionnante et enfin époustouflante. Une fantasy intelligente (on l’aura compris) qui justifie pleinement les prix que Jean-Philippe Jaworski a reçu, surtout lorsque l‘on sait qu‘il s‘agit de son premier roman (prix imaginales 2009, prix du premier roman Région Rhône-Alpes 2009).

Jean-Philippe Jaworski, Les moutons électriques, 2009, 688 pages, 28€

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