"Rana Toad", ça se mange?

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mercredi 19 août 2009

La Vengeance du traducteur

Relayé à ses notes de bas de page un traducteur s'ennuie et se venge au point d'effacer le roman qu'il est supposé traduire et de n'en laisser que les astérisques renvoyant à ses notes. Ces notes n'ont d'ailleurs rien d'académiques: il s'étend sur sa vie, abrège les notices bibliographiques, critique les citations de l'auteur et bientôt décide de retirer les adjectifs à ses yeux inutiles,la ponctuation, les comparaisons et métaphores et les dialogues tout en les retranscrivant en note de bas de page afin que le lecteur puisse suivre son Modus Operandi ! Une fois ce ménage fait notre traducteur meublera les pages trop dépouillées ou étoffera les personnages à sa guise!
Il ne reste plus grand chose alors du livre d' Abel Prote, un très mauvais livre d'ailleurs trop alambiquée et artificiellement selon notre traducteur! C'est alors qu'entre en jeu Dolores Haze, LA Lolita de Nabokov, personnage qui va lui permettre tous les fantasmes littéraires!

Grâce à des alternances typographiques ainsi que l'utilisation de la barre de séparation du texte ,des notes et des astérisques Brice Matthieussent brouille les pistes et entraîne le lecteur dans une mise en abyme doublée d'un jeu de miroir dans lequel on finit par se demander si tous les personnages ne font pas partie intégrante du roman original, traducteur compris!

Un jeu subtil sur la croyance aveugle du lecteur en l'auteur qui met aussi parfaitement en avant les problèmes de traductions interprétatives et de connaissance de l'œuvre originale!

Note: Brice Matthieussent est lui-même traducteur et non des moindres: Henry Miller, Jack Kerouac, Bret Easton Ellis, Charles Bukowski entre autres !

Premières pages
Une interview de l'auteur

Brice Matthieussent, Éditions P.O.L, août 2009.

1 commentaire:

Tery a dit…

Je suis entrain de le lire. Tout ce que je peux dire, c'est qu'au début, on peut être découragé par le style décousu et un peu lourd. Mais il faut continuer...
Bon bouquin !