Tous ces déments ne se rendent compte de rien. Il y a des pathologies assez malignes pour faire de vous un spécialiste. Aucun sujet ne les arrête. Leur monde est infini. Ils sont dans l'addiction et notre monde d'accumuluation accueille l'excès et l'addiction à bras ouverts.
Rien ne peut arrêter les monomaniaques. RIEN, j'te dis, Jack! Ils ont leur sujet vital, les monomaniaques.
OUI! JE LE SAIS!
Tu as cet oeil brillant, Jack?
D'accord on ne savait pas d'où elles venaient, ces monomanies, comment elles étaient nées, comment elles s'étaient déclenchées et développées, peut-être que le sourire maladroit d'une mère ou d'un père avait permis à l'enfant futur monomaniaque de percevoir le pouvoir soudain qu'il exerçait ou croyait exercer quand il était brillant ou bien était-ce la simple lecture d'un texte qui avait provoqué ça, parfois juste trois pages lues par un grand-père ou une institutrice. On ne savait pas comment cela se produisait mais leur avenir était décidé, il leur venait des idées, des rêves, des obsessions, parfois ils voulaient devenir dompteurs, spécialistes de Don Quichotte, créer des jardins ou expliquer la relativité et, tête baissée, genre Bernadette-à-Lourdes, sans plus jamais en démordre, ils se lançaient dans des travaux d'horticulture ou de spéologie pendant des années, il n'y avait plus que leur sujet, ils se perdaient dans le paysage, étaient partis et ne revenaient plus parce qu'ils n'avait aucune raison de revenir. Aucune raison.
En général ils ne revenaient pas.
La Présence, Jean-Pierre Ostende, Gallimard.
3 commentaires:
REDRUM
Moi j'en connais des monomaniaques...
It's a way of life...
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