"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 13 novembre 2016

The Three Investigators 15.The Mystery of the Flaming Footprints (1971)/Les Trois jeunes détectives 14.L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête (1975).

Alfred Hitchcock, Robert Arthur et "Les Trois Jeunes Détectives"/"The Three Investigators"
1.The Secret of Terror Castle/1.Au Rendez-vous des revenants.
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  Suite au décès du créateur de la série, Robert Arthur, on a vu que William Arden/Dennis Lynds a commencé à la reprendre (trois contributions dont une du vivant de Robert Arthur). Puis le tome 14 était de la main d'un troisième auteur, Nick West/Kin Platt, que l'on ne retrouvera qu'une seconde fois pour le tome 16, The Mystery of the Nervous Lion/Le Lion qui claquait des dents. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, le quinzième tome sur lequel je m'arrête ici, The Mystery of the Flaming Footprints/L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête marque la première contribution d'un nouvel auteur, ou plutôt d'une nouvelle auteure, Mary Virginia Carey (1925-1994). 
M. V. Carey.
  Entre le tome 17, The Mystery of the Singing Serpent/Le Serpent qui fredonnait et le tome 34, The Mystery of the Wandering Caveman (non traduit en France) c'est-à-dire dix ans (1972-1982), la série sera prise en charge par elle et William Arden. Ce n'est qu'à partir du 35ème tome (1983), The Mystery of the Kidnapped Whale/La Baleine emballée qu'un autre auteur, Marc Brandel, fera son apparition. Mais je n'en suis pas encore là...
  Tout comme pour Kin Platt, je ne vous donne pour l'instant qu'un lien (anglophone) afin de vous familiariser avec M.V. Carey. Malheureusement, je n'ai pas trouvé grand-chose à part cette page de threeinvestigatorsbooks.com, plus substantielle même que celle de Wikipedia, trop pauvre pour être signalée. On peut y lire notamment que, grande lectrice depuis son enfance, elle a affirmé avoir découvert le roman policier à 11 ans, grâce à une bibliothécaire qui l'a laissée explorer le rayon adulte.
  Une dernière précision qui a son importance, elle a toujours été créditée par Random House, l'éditeur original américain, seulement par les initiales M.V. Philip Fulmer, dans son formidable site consacré à la série (T3I Readers' Site) émet l'hypothèse que c'était afin de ne pas révéler qu'une femme contribuait à une série pour jeunes garçons. Sexisme ridicule puisque, toujours selon Fulmer, de nombreuses jeunes filles suivaient également la série.

I.Contribution de M. V. Carey à la série.

  1.Continuité.

a.Repère temporel - Enquêtes précédentes.

  Dans la Chronologie que j'ai établie, j'ai pu démontrer que les 13 premiers tomes de la série se déroulaient de juillet à septembre d'une année non définie. Seuls le tome 10, écrit par Arden mentionnait l'hiver et le tome 14, écrit par Nick West, ne précisait pas de donnée temporelle. Ce quinzième tome se démarque puisque dès la deuxième page, M.V. Carey, dans une réplique du Potier rompt totalement cette continuité:

  "Jupiter, my boy!" shouted The Potter. "How are you? And Mrs Jones! My, you're looking radiant this June morning!"

  "Salut, Hannibal! lança le Potier. Bonjour, madame Jones! Vous avez une mine splendide ce matin!"

NOTE: Claude Voilier, toujours au poste de traductrice, a omis la précision concernant le mois.

   On ne peut absolument pas supposer qu'elle date d'avant The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants, car une allusion nous est donnée un peu plus loin dans ce premier Chapitre:

  "[Jupiter] had a collection of cases solved by The Three Investigators. The records were all in the trailer, neatly preserved in file folders."

  J'ai été obligé de traduire moi-même, car ces lignes font partie d'un passage complètement oblitéré par Voilier:
  "[Hannibal] avait une collection d'affaires résolues par les Trois jeunes détectives. Toutes les archives étaient dans la caravane, conservés précieusement dans des classeurs."

  De plus, l'apparition d'un Worthington/Warrington beaucoup plus familier avec le trio au Chapitre, infirme définitivement l'antériorité de cette enquête aux précédentes. Rappelez-vous que les détectives font pour la première fois appel à lui dans le tome inaugural.
  Ainsi, faut-il partir du principe que The Mystery of the Flaming Footprints/L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête se déroule l'année d'après? Je pense que oui... pour l'instant. Malheureusement, je crains que la continuité n'aura peut-être plus d'importance dans les tomes à venir.
  L'allusion ci-dessus sera la seule qui liera cette aventure aux précédentes.

b.Éléments familiers.

  Mais ce n'est pas la seule fois où Carey tient à garder un lien avec l'univers créé par Robert Arthur et continué par William Arden. Plusieurs détails, tout au long du roman sont glissés afin que les lecteurs de la première heure ne soient pas déstabilisés.

  Pour commencer, le Chapitre 8 nous rappelle les aspects trouillard et réticent de la personnalité du détective adjoint, Pete Crenshaw/Crentch:

  "[...] I suggested to Tom that one of The Three Investigators might spend the night with the Dobsons. They will feel safer, and one of us will be on the scene if something unusual occurs. There is another line of inquiry I would like to follow up with Bob. Pete, could you call your mother and - "
  "Not me!" cried Pete. "Listen, Jupe, somebody could burn that house down with those flaming footprints! And the windows upstairs are awfully high. If you got shoved out of one of them, you might not recover."
  [...] "Well, if you won't, you won't," said Jupiter Jones. "I had hoped, though..."
  Pete scowled savagely. "All right! All right! I'll do it. I get all the dangerous assignments."

  "[...] J'ai proposé à Tom que l'un de nous aille passer la nuit avec eux. Cet arrangement présente deux avantages: nos se sentiront davatage en sûreté et l'un de nous se troiuvera sur place s'il se produit un fait nouveau. J'ai besoin de Tom pour enquêter dans un certain domaine. Tu vas donc téléphoner à ta mère, Peter, pour...
  -Non! Pas moi! s'écria Peter. Ecoute, Hannibal! De nouvelles empreintes de feu pourraient fort bien incendier la maison tout entière. Et je ne me vois guère sautant par une des fenêtres du haut. C'est horriblement dangereux.
  [...] -Bon! si tu as peur, n'en parlons plus, dit Hannibal. J'irai moi-même. Mais j'avais espéré...
  -Oh, ça va! grommela Peter. Puisque tu le prends sur ce ton!... Allez! Passe-moi l'appareil..."

NOTE: Le texte français confond Bob et Tom. Autre différences, Hannibal se propose d'aller tenir compagnie aux Dobson et Peter, au lieu de se plaindre d'être affecté aux missions les plus dangereuses, demande le téléphone.

  Si l'on se penche d'autre part sur le personnage du détective en chef, Jupiter Jones, certaines choses nous sont très familières. 
  Je commence avec deux extraits qui illustrent très subjectivement mon propos. En effet ce sont des allusions indirectes mais qui mettent la puce à l'oreille de quelqu'un ayant étudié de près le personnage au fil des volumes.
  William Arden, dans The Mystery of the Laughing Shadow/L'Ombre qui éclairait tout signalait que Jupiter parlait et comprenait plusieurs langues, dont l'espagnol ce qui lui permettait de converser avec des personnages moins à l'aise avec l'anglais. Je n'ai pu m'empêcher d'y penser quand je lis ceci, à la fin du premier chapitre:

  "[He said] something in a language which Jupe could not understand."
  "[...] Il murmura quelques mots dans une langue qu'Hannibal ne connaissait pas."

  Je ne peux garantir que Mary V. Carey fait allusion directement au multilinguisme du détective en chef, avéré par Arden. Toutefois, dans le Chapitre 9, un autre extrait va dans mon sens. Bob et Jupiter écoutent les deux hommes mystérieux qui ont investi Hilltop House/La Maison de la colline:

  "The younger man came out of the house on to the moonlit terrace, crossed to the instrument on the tripod, looked into it, then called out something. He looked again and laughed, then made another remark. Jupiter frowned. The cadence of the speech was peculiart. There was almost a singsong quality to what the man said. 
  [...] [The bald man] said a word or two, shrugged, and returned to the house. The younger man hurried after him, speaking rapidly and urgently.
  "Not French," said Jupiter when they had gone.
  "Or German," said Bob, who had had a year of that language.
  "I wonder," said Jupiter, "what Lapathian sounds like."
Jacques Poirier, 1975.
  "Le plus jeune des deux étrangers déboucha soudain sur la terrasse éclairée par la lune, s'approcha de la lunette et colla son œil à l'oculaire. Après avoir regardé, il cria quelque chose. Puis il regarda de nouveau, se mit à rire et lança une autre remarque par-dessus son épaule. La langue qu'il employait avait des inflexions chantantes.
  [...] [Le chauve] dit deux ou trois mots, haussa les épaules et rentra dans la maison. Son compagnon le suivit en parlant avec volubilité.
  "Ce n'est pas du français, déclara Hannibal quand les deux étrangers eurent disparu.
  -Ni de l'allemand, ajouta Bob qui avait étudié cette langue pendant un an.
  -Je me demande si ce ne serait pas du karathien."

  Ainsi, à défaut de connaître cette langue, nos amis font l'effort d'écouter afin de les comparer avec celles qu'ils connaissent un peu. Notons que c'est probablement la première fois qu'il est signalé la familiarité de l'allemand par Bob.

  Une seconde allusion indirecte peut-être décelée dans le Chapitre 7, lorsque Jupiter fait allusion à la Boston Tea Party: "a tax on tea had a great deal to do with our American Revolution". Même si tous les jeunes Américains doivent apprendre ça à l'école, Jupiter s'en souvient et cela peut être interprété comme un rappel caché de son érudition. Claude Voilier omet cet élément, mais je suppose qu'elle n'a pas jugé essentiel de conserver ce qu'un jeune public français n'aurait probablement pas pu comprendre.

  Mais on trouve des allusions franchement plus directes et donc plus familières aux lecteurs de longue date. A commencer par le passage du Chapitre 4 où Jupiter/Hannibal tente de joindre ses acolytes par téléphone. Il appelle Peter en premier:

  "Uncle Titus acquired several pieces of garden furniture today. [...] They are all badly rusted and Aunt Mathilda is now directing Hans on the removal of rust and old paint I am certain that when she sees me, I shall join Hans."
  Pete, who was accustomed to Jupiter's precise method of speech, simply wished him happy paint-removal."

  "Oncle Titus vient d'acquérir un lot de sièges de jardin. Ils sont passablement rouillés et Hans est chargé de les remettre à neuf [...]. Dès qu'elle me verra, ma tante me sautera dessus pour que j'aide Hans.
  -Eh bien! je te souhaite du plaisir! Bon "dérouillage" et bonne peinture!"

  Une fois de plus, l'élément important n'est pas traduit par Claude Voilier. Dans cet extrait, Mary V. Carey fait référence à la façon dont Jupiter s'exprime, Pete qui y est "habitué" semble ironiser en réutilisant "removal" (Voilier emploie tout de même "dérouillage" pour souligner l'air goguenard de Pete), terme qu'il ne doit pas lui-même souvent prononcer. On peut toutefois contredire l'auteure en rappelant que Peter a souvent été laissé perplexe par les propos de son chef et que Bob devait "traduire".

  Une autre scène ne manque pas de nous faire sourire au Chapitre 5:

  "The Potter did not believe in encumbering himself with possessions," Jupiter explained.
  Eloise Dobson shot him a curious glance. "Do you always talk like that?" she asked.
  "Jupiter reads a great deal," explained Aunt Mathilda [...]"

  La traductrice omet encore ces lignes qui pourtant rappelle l'érudition de Jupiter et sa façon élaborée de tourner ses phrases.

  Dans le même ordre d'idée, suit un dialogue téléphonique entre Jupiter/Hannibal et la mère de Bob, Mrs. Andrews. Je ne le cite qu'en partie puisqu'il réapparaîtra dans le série d'articles consacrée aux parents de Bob:

  "May I leave a message, Mrs Anndrews?" asked Jupe.
  "Of course, Jupiter, but I'd better get a pencil and write it down. You boys never seem to say anything in plain English.
  
  L'intégralité du dialogue est adapté en un paragraphe narratif par Claude Voilier qui indique que la mère de Bob est "habituée aux manières étanges des trois garçons" et qu'elle est "nullement surprise" par les "mots énigmatiques" d'Hannibal..
  On se souvient qu'une scène semblable se produisait déjà dans les deux premiers tomes de la série, sauf qu'on la vivait du point de vue de Bob, un peu plus tard, lorsqu'il revenait de son travail à la bibliothèque. Détail que Carey rappelle, en passant ("Bob was at his part-time job at the Rocky Beach Public Library"/"Bob était à la bibliothèque où il travaillait à mi-temps.")

  Dans le Chapitre 10, on relève un détail essentiel concernant le détective en chef dès le début de la série:

  "Total recall, Bob knew, was not uncommon among actors who had to remember lines, and Jupiter had once been a child actor"

  Claude Voilier n'a pas jugé utile de traduire cet élément de continuité, c'est donc encore ma traduction:

  "Une excellente mémoire, Bob le savait, n'était pas exceptionnelle chez les acteurs qui devaient se souvenir de leurs dialogues, et Hannibal avait été acteur lorsqu'il était enfant."

  M. V. Carey n'en fait donc pas qu'à sa tête et elle respecte la série qu'elle a eu l'honneur de continuer aux côtés de William Arden. Cependant, tout en restant dans ce cadre imposé, le lecteur assidu que je suis a perçu des changements intéressants dans l'atmosphère de The Mystery of the Flaming Footprints/L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête. Une précision que les quatorze premiers tomes ne possédaient pas. 

2.Précision géographique.

  Que connaît-on réellement de Rocky Beach excepté The Jones Salvage Yard/Le Paradis de la Brocante? En lisant les quatorze premiers tomes, on se rend compte que la géographie de la série se limite aux lieux qui n'ont d'importance que pour les intrigues. On a bien des lieux très récurrents, mais ils ne sont cités que par leur fonction. Le meilleur exemple, vous l'avez vu plus haut mais probablement sans remarquer une petite nuance, en est la bibliothèque où travaille Bob. 
  Au Chapitre 4, M. V. Carey lui donne pour la première fois un nom: the Rocky Beach Public Library. Même s'il reste très générique (il n'a pas le nom d'un personnage historique ou d'un écrivain), je ne crois pas me tromper en affirmant que c'est la première fois qu'elle est nommée. 
  En faisant bien attention, l'auteure baptise d'autres lieux tellement banals que d'autres ne se donneraient pas la peine de nommer. Elle n'a évidemment pas cherché bien loin en appelant le supermarché the Rocky Beach Supermarket ou la boulangerie the Rocky Beach Bakery. Mais peu à peu, on se rend compte que l'objectif de Carey est de décrire, de donner consistance à cette petite ville imaginaire.
  Dans ce but, elle livre au lecteur ce qu'il n'a jamais eu l'opportunité d'explorer. Robert Arthur, William Arden et Nick West ont emmené les trois héros dans une multitude de lieux différents (Hollywood, dans un ranch, en Varanie, sur une île en forme de crâne ou de chien pour le version française, à Seaside...). Mais a-t-on vraiment eu des descriptions détaillés de Rocky Beach ou des environs directs du Jones Salvage Yard/Paradis de la Brocante?
  Dans The Mystery of the Laughing Shadow/L'Ombre qui éclairait tout, William Arden précisait bien que le professeur "Wilton J. Meeker [...] lived a few blocks from The Jones Salvage Yard"/"habitait à deux pas de l'entrepôt des Jones." Mais on n'a pas plus de précision. D'autre part, il est vrai que dans le même roman, Arden indiquait que Jupiter et Bob ne mettent "que dix minutes pour arriver au grand bâtiment gothique de Las Palmas, où la Ligue [Végétarienne] avait son quartier général." ("It took only about ten minutes to reach the large Gothic house on Las Palmas Street that turned out to be Vegetarian League headquarters") On peut arguer qu'il pousse jusqu'à citer le nom d'une rue et à dire que "c'était la dernière maison d'un bloc, presque à la sortie de la ville." ("It was the last house on the block, located right on the edge of town").
  Seulement, M. V. Carey en plus de citer des noms de rue précis, pousse jusqu'à suivre le ou les personnages, donnant ainsi l'opportunité de visualiser le trajet, comme par exemple au Chapitre 2, lorsque, après la disparition du Potier, Jupiter/Hannibal part inspecter la maison de celui-ci:

  "[...] He pedalled up the highway, keeping well to the right to avoid the cars speeding north [...].
  The road curved at Evanston Point, and The Potter's House, stark white against the green-black of the California hills, leaped to meet the eye."

  "Hannibal pédala avec ardeur jusqu'à la maison de l'artisan qui se détachait, très blanche sur un fond de verdure. On ne pouvait manquer de l'apercevoir de loin."

  J'en ignore la raison, mais Claude Voilier gomme les indications du texte original. Elle est un peu plus précise, lorsque, Jupiter/Hannibal arrivé à destination, nous avons encore des indications sur les environs:

  "The lane which led from the highway up the mountain to Hilltop House was only a few feet beyond The Potter's yard. Jupiter saw that the gate was open. Hilltop House was not visible from The Potter's, but Jupe could see the stone wall which supported its terrace."

  "Le chemin conduisant de la route jusqu'à la Maison de la colline s'amorçait juste après la demeure du Potier. Hannibal vit que le portail était ouvert mais, d'où il était, on ne pouvait apercevoir la maison elle-même. Seul était visible le mur de pierre supportant la terrasse de la propriété."

  Mais le Chapitre 9 va plus loin dans la topographie et nous donne une autre façon d'accéder à Hilltop House/la Maison de la colline. Jupiter/Hannibal et Bob y font une visite en fin de soirée:

  "Bob and Jupe slipped out The Jones Salvage Yard through Red Gate Rover and hurried towards the place where a hiking trail meandered in a series of switchbacks to the top of Coldwell Hill.
  "We could take the coward's way out," said Bob, looking up towards the top of the hill. "We could take our bikes up to The Potter's and leave them there and walk up the lane to Hilltop House."
  "That would scarcely be the coward's way out," said Jupiter. "We do not know what brought those two men to Hilltop House. I would prefer to approach the place without being seen. It is unlikely that they are watching the path, but they might easily spot us if we attempted to walk up their lane from the main road."
  [...] Bob [...] started up the trail. Jupiter followed more slowly, panting as the going got steep, and stopping now and then to rest. But after ten minutes he had his second wind and climed more easily. "Here it is," said Bob finally.
  He turned and held out a hand to Jupe to help him up on the trail that ran along the crest of the hill. "It'll be a cinch from here," he said. "We'll be on a downgrade all the way to Hilltop House."
  Jupe stood for a few seconds, looking north along the trail. It was almost dark and the moon was not yet up. Still, the road - almost eight feet of bare earth scraped clear of growth - looked like a tawny ribbon stretching along the top of the range of hills. The srub oak that crowded close to its sandy surface seemed black and menacing in the fading light.
  [...] Jupiter began to walk, and Bob stepped brisky along beside him. The moon edged up beyond the hills, silvering the road and throwing deep black shadows beside the boys. [...] The hulking, dark mass of Hilltop House came into sight ahead and to their left."

Jacques Poirier, 1975.
  "Hannibal et Bob quittèrent la cour du bric-à-brac par la porte rouge et marchèrent d'un bon pas jusqu'à un endroit d'où plusieurs sentiers partaient en direction des collines.
  "Prenons le plus facile, conseilla Bob. Nous arriverons ainsi sans trop de mal à la maison des étrangers...
  -Je crois qu'il vaudrait mieux suivre le coupe-feu, suggéra Hannibal. Nous aurons moins de chance d'être vus."
  [...] Tous deux se mirent à grimper la pente raide. Hannibal, vu sa corpulence, haletait un peu. Mais au bout de dix minutes environ, il trouva son second souffle, et l'ascension se poursuivit sans difficulté. Bientôt Bob annonça:
  "C'est ici..."
  Le coupe-feu se présentait comme une piste forestière courant le long de la crête de la colline... Le soleil s'était couché, et la lune tardait à apparaître. Aussi le chemin était-il assez obscur. Il offrait l'aspect d'un ruban de terre dénudée serpentant à travers les arbres des collines.
  [...] Les deux détectives marchèrent un bon moment sur le sentier. Puis la lune se leva, éclairant le chemin de sa lumière douce et argentée.
  [...] A présent, la masse sombre de la Maison de la colline se dressait sur leur gauche un peu en-dessous d'eux."

  Vous remarquez que, non seulement le texte nous guide littéralement au fil de l'avancée des personnages, mais en plus de décrire physiquement les lieux, M. V. Carey plante une atmosphère de mystère ("black and menacing", "silvering the road and throwing deep black shadows", "hulking, dark mass"). Et Claude Voilier n'oublie pas de la transcrire également ("obscur", "lumière douce et argentée", "masse sombre".) Ce genre d'atmosphère n'est toutefois pas nouvelle dans la série, elle en est même intrinsèque. Carey ne fait que s'y plier comme une figure imposée.
  Par contre, j'ai trouvé qu'elle apportait un autre genre d'atmosphère au début du Chapitre 5. Jupiter/Hannibal, accompagné de sa tante Mathilda vont rendre visite aux Dobson, qui ont passé la nuit à Seabreeze Inn. De la même façon un paragraphe les suit physiquement sur leur chemin:
 
"[...]Aunt Mathilda and Jupiter walked down to the highway and then turned south. There were few people on the sidewalks in the business district of Rocky Beach, but there was a solid procession of cars edging through the town. Jupiter and his aunt passed the Rocky Beach Bakery and the delicatessen, and came to the pedestrian crossing opposite the Seabreeze Inn."

  Il est vraiment dommage que Claude Voilier se soit contentée de "Hannibal [...] suivit Mme Jones sur le chemin de l'auberge." Il est si rare d'avoir une description des environs directs du bric-à-brac des Jones. Nous sommes de plus témoins d'une atmosphère d'une petite ville américaine, un dimanche matin. A première vue, ce n'est peut-être pas ce qui prime dans un roman policier pour adolescents en quête d'action, mais comme je l'ai dit plus haut, cela donne une certaine consistance. Raconter une histoire, ce n'est pas juste écrire du dialogue et déployer des rebondissements. Aussi ennuyeuses que les descriptions peuvent paraître à certains lecteurs, elle leur permettent de visualiser un personnage, un lieu. Et il est parfois utile d'avoir plus qu'une description visuelle. L'ambiance est aussi importante.

3.Personnages secondaires - Les "figures" de Rocky Beach.

  Ainsi, dans ce quinzième tome, qui se déroule exclusivement dans cette petite ville californienne de Rocky Beach (Rocky tout court pour la version française), le lecteur a l'occasion de visiter un peu plus en détail quelques unes de ses rues, de ses boutiques etc. C'est un cadre géographique quotidien que les autres auteurs n'avaient pas vraiment établi. M. V. Carey apporte quelque chose de plus encore, qui y est associé. 
  En effet, la galerie de personnages secondaires gravitant autour des trois personnages principaux, n'avait pas vraiment évolué en quatorze tomes. La liste des récurrents est la suivante: les parents de Peter et Bob, l'oncle et la tante de Jupiter, Hans et Konrad, les employés bavarois du bric-à-brac, Worthington/Warrington, le chef de la police Reynolds, Skinny Norris et je peux ajouter le plus illustre d'entre eux, Alfred Hitchcock.
  On a cru que Carlos, dans The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait pouvait réapparaître; il est parfois fait allusion, pas nommément toutefois, à August Auguste, l'anglais de The Mystery of the Fiery Eye qui a permis au trio de continuer à utiliser la Roll-Royce du concours gagné par Jupiter/Hannibal; dans le même roman, Robert Arthur a amorcé l'idée d'une aide féminine (souvenez-vous Liz Logan!) qui n'a pas reparu, non plus.
  Tous les autres personnages secondaires de la série joue également leur rôle dans une aventure précise sans jamais revenir (excepté Huganay, le trafiquant d'art français qui fait deux apparitions et M. Grant, complice de Stephen Terrill dans The Secret of Terror Castle, qui, sans apparaître physiquement, maquille Jupiter/Hannibal en Professeur Yarborough dans The Mystery of the Whispering Mummy.) Mais là encore, ceux-là étaient nommés. Certains personnages, s'il sont négligeables dans l'enquête n'ont même pas de nom et sont relégués en quelque sorte au rang de simples figurants.

a.Artistes locaux et collègue de Worthington/Warrington.

  Une des particularités de M. V. Carey est qu'elle nous donne des noms précis à des personnages de Rocky Beach avec lesquels le lecteur n'a et ne fera pas à proprement connaissance. Par exemple ces artistes locaux qui figurent dans le même article que le Potier (Chapitre 1):

  "Beneath the photograph of the salvage yard was a picture of Mr. Dingler, who made silver jewellery in a small shop in Rocky Beach, and one of Hans Jorgensen painting a seascape. And there was one of The potter himself."

  "Sous la photographie de l'oncle Titus en était collée une autre, représentant M. Dingler, fabricant de bijoux d'argent, à son établi. Une troisième montrait Hans Jorgenson devant son chevalet de peintre. Sur une quatrième apparaissait le Potier lui-même."

  Un autre nom est cité au Chapitre 8, dans un passage où intervient le chauffeur britannique Worthington/Warrington:

  "I am afraid that the Rolls-Royce isn't available tonight," said Worthington ruefully. "There is a big party in Berverly Hills. Perkins took the car over."

  C'est une réplique que Claude Voilier n'a pas jugé utile de traduire. Et pourtant, même si cela n'est pas dans l'absolu d'une importance majeure, on suppose que ce Perkins est un collègue du chauffeur britannique. Ce qui signifie que l'agence de location (appelée "Rent-'n-Ride dans la version originale) compte un personnel d'au moins trois chauffeurs: Worthington/Warrington, Finch (qui apparaissait dans The Mystery of the Stuttering Parrot) et ce fameux Perkins dont on ne connaîtra jamais rien de plus (à moins que M. V. Carey le fasse intervenir dans une aventure ultérieure? ce que je ne suis pas encore en mesure de vous dire). Sans oublier M. Gelbert, le patron qui apparait dans The Mystery of the Fiery Eye. J'en profite pour dire que le chauffeur semble avoir atteint un degré de familiarité proche de l'amitié avec les jeunes détectives, ce qui était déjà le cas dans le tome précédent, sous la plume, rappelons-le, de Nick West. Mais vous aurez tous les détails dans la suite d'articles consacrés à ce personnage.

b.Mr. Holtzer et Miss Hopper.

  Jusqu'ici, au fil des quatorze premiers tomes, on a fait connaissance de la plupart des personnages secondaires non récurrents en même temps que nos trois amis. Il est rare qu'il soit fait mention d'une interaction antérieure. On pourrait rappeler comme contre-exemple la secrétaire d'Alfred Hitchcock dans The Secret of Terror Castle/Au Rendez-vous des Revenants, Henrietta Larson n'était pas inconnue du trio. Il est d'ailleurs dommage qu'elle ne réapparait pas par la suite (il était précisé dans le Chapitre 1, de toute façon, qu'elle n'était que la "secrétaire temporaire de M. Hitchcock".)
  Or, on peut croiser dans The Mystery of the Flaming Footprints/L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête plusieurs personnages qui font partie intégrante du quotidien de Rocky Beach. Il n'est donc pas saugrenu de voir que Jupiter & Co. les côtoient régulièrement.

  Premier exemple, au Chapitre 4, Mr. Holtzer, l'agent immobilier. De même que les artistes et le collègue de Worthington/Warrington, il n'apparait pas stricto sensu, mais on a plus de détails sur lui, par le biais du détective adjoint Peter Crenshaw/Crentch:

  "Good."" Jupiter turned to Pete. "You're friendly with Mr. Holtzer?" he asked.
  "The real estate man? I mow his lawn once in a while, when he doesn't feel like doing it himself. Why?"
  "He has the only real estate agency in Rocky Beach," said Jupiter. "If someone has moved into Hilltop House, he will know it. He may also know who and why."
  "He probably won't want his lawn mowed tomorrow," said Pete, "but he's open on Sunday. I'll drop in and see him."

  "Parfait!" approuva Hannibal. Puis, s'adressa à Peter: "Dis-moi, tu connais M. Holtzer, je crois.
  -L'agent immobilier? Oui, il me demande de tondre sa pelouse de temps à autre. Mais pourquoi?...
  -Parce que, si quelqu'un a loué ou acheté la Maison de la colline, il est certainement au courant. Il pourrait te renseigner. Tâche de savoir qui sont les deux étrangers.
  -Entendu. Je me débrouillerai! promit Peter."

  Et la scène sera raconté par Peter dans le Chapitre 7:

  "[...] Pete, what were you able to find out about Hilltop House?"
  Pete took a small notebook out of his pocket. "Mr. Holtzer has never been so happy," he told the others. "I stopped in his office today if he wanted his lawn mowed - which he doesn't - and I didn't even have to ask any questions. He's had Hilltop House on his books for about fifteen years, and it's a such a mouldering ruin that he's never been able to sell it or rent it even give it away, and then along comes this man who decides it is the one and only house in Rocky Beach, and he has to have it. Took a year's lease and paid three months in advance. Mr. Holtzer had the lease out on his desk - I think he was working out his comission - so I got a look at the new tenant's name."
  "Which is?"
  "Mr. Ilyan Demetrieff," said Pete. "Or maybe it's Demetrioff. I was looking at it upside down, and Mr. Holtzer needs to clean his typewriter. Anyhow, Demetrieff, or Demetrioff, listed his previous address as 2901 Wilshire Boulevard, Loas Angeles."

  "[...] Peter! qu'as-tu découvert à propos de la Maison de la colline?"
  Le détective adjoint sortit un carnet de sa poche.
  "J'ai eu de la chance, expliqua-t-il modestement. Je suis passé chez M. Holtzer pour lui demander si, par hasatd, il ne voulait pas que je tonde sa pelouse. Il n'avait pas besoin de mes services, mais je n'ai eu aucun mal à lui tirez les vers du nez. Il était tout disposer à parler. Il était tellement heureux! Voilà quinze ans, m'a-t-il expliqué, que la Maison de la colline était inscrite sur ses registres. Et elle est en si mauvais état qu'il n'avait jamais pu, pendant tout ce temps, arriver à la vendre ou la louer. Or, voilà qu'un étranger s'est présenté à son agence pour déclarer que seule la maison en question lui convenait. L'inconnu a signé tout de suite un bail d'un an et a payé trois mois d'avance. M. Holtzer ne se tenait plus de joie.
  -Sais-tu le nom du locataire?
  -Oui: Hyan Demetrieff, à moins que ce ne soit Demetrioff. Je l'ai lu à l'envers sur le registre et je n'ai pas pu voir s'il s'agissait d'un e ou d'un o. L'adresse antérieure de ce bonhomme est 2901 Wiltshire Boulevard, à Los Angeles."

  De même qu'à la suite directe du passage où Jupiter/Hannibal et sa tante Mathilda se rendent à Seabreeze Inn, cette dernière en complimente la patronne ("Miss Hopper does keep the inn very nicely.", non traduit), ce qui sous-entend que les deux femmes se connaissent. Et lorsque nous, lecteurs, faisons connaissance de Miss Hopper, cette impression de "tout le monde se connait" se renforce au Chapitre 5:

  "Aunt Mathilda strode into the office of the Seabreeze Inn and rang the little bell on Miss Hopper's registration desk.
  A door behind the desk opened. "Mrs. Jones!" cried Miss Hopper. She emerged, tucking in a stray wisp of white hair. She carried with her a distinct odour of roasting chicken. "Jupiter, nice to see you."
  "I understand that Mrs. Dobson and her son are staying with you," said Aunt Mathilda, getting right to the point.
  "Oh yes, poor dear thing. What a state she was in when she checked in yesterday. And then Chief Reynolds came to see her, right here in the inn! Imagine!"
  Miss Hopper appreciated Chief Reynolds's service to the citizens of Rocky Beach, but it was plain that she did not care to have the police invade her little inn."

  "Mlle Hopper, la propriétaire de Seabreeze Inn, accueillit les visiteurs avec amabilité.
  "Bonjou, madame Jones. Comment vas-tu, Hannibal?"
  Après un échange de civilités, la tante Mathilda expliqua ce qui l'amenait:
  "J'ai appris, commença-t-elle, que Mme Dobson était ici avec son fils?
  -Oh, oui, la pauvre! Elle est arrivée hier dans un bien triste état. Et savez-vous que le chef de la police, M. Reynolds, est venu l'interroger ici même?

  La traductrice française ne rend pas justice aux efforts de l'auteure pour donner une consistance à Miss Hopper. Elle supprime tous les à-côtés du dialogue, ce qui pourtant définit encore plus le personnage pour le lecteur.
  Si je m'arrête au personnage de Miss Hopper, c'est qu'elle apparait, un peu comme Mathilda, comme un personnage dickensien, avec un aspect comique toujours agréable dans un roman, qu'il soit destiné à la jeunesse ou pour un public adulte. Ainsi, avant même que cela soit explicité, on comprend qu'elle aime les potins et observer ses clients:

  "She and the boy are there, and that nice Mr. Farrier is trying to cheer them up," said Miss Hopper.
  "Mr. Farrier?" echoed Jupiter.
  "One of my guests," explained Miss Hopper. "Charming person. Seems to take a real interest in Mrs. Dobson. It's nice, don't you think? Nowadays, people don't seem to care about one another. Of course, Mrs. Dobson's a very pretty young woman."

  "Vous la trouverez dans le jardin. M. Farrier est en train de la réconforter.
  -M. Farrier? répéta Hannibal.
  -Oui... un autre des mes hôtes. Un homme charmant. Il semble porter un grand intérêt à Mme Dobson. Il faut dire qu'elle-même est une jeune femme charmante..."

  Cet intérêt, digne d'une parfaite commère, envers ses deux clients se confirme au Chapitre 13, lorsque Jupiter/Hannibal et Pete viennent l'interroger à propos de Mr. Farrier.

  "Miss Hopper hesitated for a moment, then said with a touch of slyness, "I heard Mr. Farrier come in last night. Well, actually it was this morning. Three o'clock. [...] Mr. Farrier was so attentive to young Mrs. Dobson yesterday, I wondered if he might not be helping her get settled."
  [...] "No, miss Hopper," said Jupiter. "We have just come from The Potter's, and Mr. Farrier did not spend the evening with Mrs. Dobson."
  "Now where do you suppose the man could have been until that hour?" wondered Miss Hopper. "Well, it is his own concern, I am sure. And how is poor, dear Mrs. Dobson this morning? I saw her drive by earlier."
  "She is reasonably well, under the circumstances. She came into town to file an official report with Chief Reynolds. She wants her father found." Jupiter had no hesitation about confiding this much to Miss Hopper, who always found things out anyway."

  "[...] Ça ne m'étonne pas que M. Farrier dorme encore. Je l'ai entendu rentrer à trois heures du matin. [...] M. Farrier s'était montré si empressé auprès de Mme Dobson que je me demande s'il n'était pas chez elle pour l'aider à s'installer.
  [...] - Non, Mlle Hopper, dit [...] Hannibal. Nous revenons de la maison du Potier, et M? Farrier n'a pas passé la soirée d'hier là-bas.
  -Mais qu-a-t-il donc pu faire jusqu'à une heure aussi avancée! Il est vrai, continua Mlle Hopper en rougissant un peu, que ce ne sont pas mes affaires. Il est bien libre d'employer son temps à son gré... Voyons, comment va cette chère Mme Dobson? Je l'ai aperçue qui filait dans sa voiture, de bonne heure ce matin.
  -Elle va aussi bien que possible vu les circonstances. Ce matin, elle a prié le chef de la police de rechercher officiellement son père."

  On sourit à la façon dont elle se dédouane de cette curiosité mal placée ("Well, it is his own concern, I am sure."/ "Il est vrai, [...] que ce ne sont pas mes affaires."). Même si Claude Voilier est en partie excusée par ses ajouts ("en rougissant un peu" et "Il est bien libre d'employer son temps à son gré..."), il est bien dommage de constater l'omission de la phrase signalant que Jupiter "n'hésita pas a confier autant à Mlle Hopper. qui d'une façon ou d'une autre finissait toujours par tout savoir." (ma traduction). C'est une ironie envers ce personnage qui est réitérée par la bouche de Jupiter juste après la tentative de la tenancière pour relancer la conversation sur la disparition du Potier:

  [...] "What a strange thing The Potter to do - going off that way without a word to anyone. But then, he has always been a strange man."
  [...] "Xell, we must be going, Miss Hopper," said Jupiter. "We only thought you would like to know that Mrs. Dobson and her son are settled in at The Potter's house. You always take such an interest in your guests."
  "How nice of you, Jupiter," said Miss Hopper.

  Dans la version française, Mlle Hopper n'entretient pas le sujet de la disparition mais la phrase ironique du détective en chef est bien prise en compte:

  "Bon! Eh bien, nous allons filer. Nous étions juste passés pour vous donner des nouvelles des Dobson. Vous portez toujours tellement d'intérêt à vos hôtes, Mlle Hopper!"

Jacues Poirier, 1975.
  Mais la conversation continue encore le temps de quelques répliques, car Miss Hopper trouve qu'elle
n'a pas encore assez parlé de Mr. Farrier:

  "Poor man. One shouldn't be too hard on him. He has such dreadful luck!"
  "Oh?" prompted Jupiter.
  "Yes. He's been here four days just for the fishing, and he hasn't caught a thing."
  "Terribly frustrating, said Jupiter, and he and Pete took their leave of Miss Hopper."

  "[...] Pauvre homme! Il a de la deveine en ce moment.
  -Comment cela? demanda Hannibal.
  -Ma foi, depuis quatre jour qu'il est ici et qu'il s'acharne à pêcher, il n'a pas encore pris un seul poisson!
  -Ce doit être bien décourageant", admit Hannibal.
  Et, là-dessus, les deux garçons prirent congé de Mlle Hopper."

  Ce petit commérage donne une raison supplémentaire de soupçonner ce personnage. Car s'il rentre constamment bredouille, c'est qu'il n'est peut-être pas là pour pêcher...
  En fait, on savait déjà ce que les jeunes détectives pensait de Miss Hopper, car, dans un passage du Chapitre 8, omis par Claude Voilier, on peut lire:

  "[...] I wonder how many crimes have been solved because some little old lady who slept lightly got up in the middle of the night to see who was making a noise on the street?
  Bob grinned. "Remind me to be careful when I go past Miss Hopper's."
  "I think she doesn't miss a great deal," conceded Jupîter."

  Si on n'en savait pas encore assez sur Miss Hopper, Jupiter/Hannibal la connait encore plus qu'on ne l'imaginait. Et à l'instar de Pete avec M. Holtzer, une telle familiarité lui sera très utile dans le Chapitre 14:

  "He [...] proceeded with all due speed to the Seabreeze Inn. [...] Miss Hopper, he knew, was addicted to afternoon naps and might well be dozing peacefully in her own apartment. With the exception of a stray guest or two, that only left Marie the maid to be reckoned with.
  The lobby of the Seabreeze Inn was deserted, and the door behind the desk was closed. Jupiter tiptoed around desk. Miss Hopper was an extremely meticulous innkeeper, and Jupiter knew her very well. He found the spare key to room 113 where he knew it would be - in its properly numbered slot in the bottom drawer of Miss Hopper's desk."

  "[...] Il pédala à vive allure jusqu'à Seabreeze Inn. [...] A cette heure-ci, il le savait, Mlle Hopper devait faire la sieste. S'il rencontrait quelqu'un, ce ne serait qu'un pensionnaire de l'auberge ou Mary, la femme de chambre...
  La chance servit le chef des détectives. Le hall d'entrée était désert. Personne ne se trouvait derrière le bureau de la réception [...].
  Hannibal sourit. Il connaissait les habitudes de Mlle Hopper et savait qu'un passe-partout ouvrant toutes les chambres était suspendu au bureau. Il n'eut qu'à passer la main derrière le meuble pour décrocher cette clé de secours."

  Au passage, notons aussi l'allusion à la femme de ménage de l'auberge, appelée Mary. Elle apparait dans le Chapitre 13, juste avant l'arrivée de Jupiter/Hannibal et Peter. Je n'ai cependant pas juger utile de citer sa contribution, même si c'est grâce à elle que le détective en chef apprend le numéro de chambre du faux pêcheur.

c.Le sergent McDermott et l'officier Haines - Le chef Reynolds - Problème de continuité.

  Si dans le Chapitre 13, Jupiter/Hannibal ruse pour s'introduire dans la chambre de M. Farrier afin de faire avancer son enquête, celle-ci commençait par une méprise dont il était victime au Chapitre 3. Alors qu'il se trouve chez le Potier dans l'espoir de vérifier si celui-ci ne s'y est pas réfugié, il découvre qu'un intrus l'a devancé. Malheureusement, Eloise et Tom Dobson, arrivent et le soupçonne de fouiller chez le membre de leur famille. Mme Dobson fait donc appel à la police.
Yves Beaujard, 1984.
  La série a déjà logiquement fait appel à des personnages de policiers, de quelques grades qu'ils soient. Je peux de mémoire rappeler par exemple de simples officiers anonymes au début de The Mystery of the Green Ghost/Le Chinois qui verdissait et à la fin de The Mystery of the Crooked Cat/Le Chat qui clighnait de l'Oeil par exemple. D'autres sont nommés comme l'officier Zebert/Roberts, qui arrête Bob et Harry dans The Mystery of the Screaming Clock/Les Douze Pendules de Théodule et le lieutenant Carter qui répond rudement à Jupiter/Hannibal dans The Mystery of the Talking Skull/Le Crâne qui crânait. Il est même amusant de noter que ces personnages ont figuré sur des illustrations qu'elles soient de Harry Kane, Roger Hall, Jacques Poirier ou Yves Beaujard (le lieutenant Carter, ci-contre)
  Bien évidemment, vous le savez, la principale figure d'autorité policière à Rocky Beach, c'est le Chef Reynolds. Mais avant de parler de ce personnage vu par M. V. Carey, ce sont deux de ses subordonnés que l'on voit intervenir dans le Chapitre 3 de ce quinzième tome. Je m'arrête sur eux car l'auteure, encore une fois, en plus de les nommer, donne des détails qui participent à sa volonté de nous les rendre plus familiers. Je cite beaucoup de ce passage afin de pouvoir intégrer deux illustrations de Jacques Poirier où ils apparaissent:
Jacques Poirier, 1975.
  "Officer Haines had lived in Rocky Beach all his life, and Sergeant McDermott had just celebrated his fifteenth year on the force. Both me knew Jupiter Jones. Both men were also well acquainted with The Potter. Sergeant McDermott made several brief notations on a pad he carried, then said to Eloise Dobson, "Are you prepared to prove that you're The Potter's daughter?"
  Mrs. Dobson's face went red, then white. "I beg your pardon?" she cried.
  "I said, are you prepared - "
  "I heard you the first time!"
  "Well, ma'am, if you'll just explain - "
  "Explain what? I told you, we came and found this...this cat-thief...."
  Sergeant McDermott sighed. "Jupiter Jones may be a pain in the neck," he admitted, but he doesn't steal things." He favoured Jupe with a resigned stare. "What happened, Jones?" he asked. "What were you doing here?"
  "Shall I begin at the beginning?" asked Jupiter.
  "We've got all day," said McDermott.
  So Jupiter began at the beginning. He told of the appearance of the Potter at the salvage yard, and of the purchase of furniture for the expected guests.
  Sergeant McDermott nodded at that, and Officer Haines went into the kitchen and brought out the chair, so that Mrs. Dobson could sit down.
  Jupe then reported that The Potter had simply walked away from the salvage yard, leaving his truck behind, and had taken to the hills behind Rocky Beach. "I came up to see if he had returned home," said Jupe."
Jacques Poirier, 1975.
  "L'officier de police Haines habitait Rocky depuis toujours. Quant au sergent McDermott, il y avait juste quinze ans qu'il était entré dans les forces de l'ordre de la ville. Tous deux connaissaient parfaitement Hannibal Jones et le Potier. Aussi, après avoir pris quelques brèves notes sur son calepin, le sergent se tourna-t-il vers Eloïse Dobson pour lui demander:
  "Êtes-vous en mesure de fournir la preuve que vous êtes bien la fille du Potier?"
  La figure de Mme Dobson passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
  "Co... comment? bégaya-t-elle.
  "Êtes-vous bien la fille du Potier? Il faudrait que vous puissiez le prouver.
  -Prouver quoi? Ainsi que je viens de vous le dire, nous sommes arrivés ici pour trouver ce jeune voleur..."
  Le sergent McDermott poussa un soupir résigné.
  "Hannibal Jones peut parfois donner du fil à retordre, avoua-t-il, mais il serait bien incapable de voler fût-ce une épingle... Voyons, Jones! Racontez-nous un peu ce que que faisiez ici?
  -Puis-je commencer par le commencement? demanda Hannibal.
  -Allez-y! Nous ne sommes pas pressés!"
  Hannibal expliqua donc tout, en n'omettant aucun détail. Le sergent McDermott prenait des notes."

  Je ne suis pas d'accord avec la traduction de "be a pain in the neck". "Donner du fil à retordre" évoque plutôt une notion de difficulté, d'obstacle à surmonter. L'expression employée par McDermott évoquant plutôt l'agacement, on pourrait traduire par "Il nous casse les pieds." Cette réflexion du collègue du Chef Reynolds visant le chef des détectives semble étrange pour les assidus de la série.
  On trouve dans le Chapitre 4 une réplique encore plus explicite:

  "Well, watch it, Jones!" McDermott called after him from the house. "You keep poking your nose in where it doesn't belong, you'll get it cut off one of these days."

  "Méfiez-vous tout de même! lui cria McDermott en le regardant s'éloigner. Un de ces jours, à force de fourrer votre nez dans les affaires d'autrui, vous finirez par attraper un mauvais coup." 

   Cette attitude du sergent envers Jupiter/Hannibal annonce ce qui s'avérera une énorme incohérence.
  Tout comme Mathilda, Titus et Worthington/Warrington, le chef de la police Samuel Reynolds possède sa propre série d'articles. Mais le traitement de Reynolds par M. V. Carey mérite d'être discuté ici. Cette figure de l'autorité policière de Rocky Beach fait deux apparitions (Chapitres 13 et 14). Sans citer les passages en question, celui-ci se montre très agressif envers les Trois jeunes détectives et en particulier Jupiter/Hannibal, ne prenant pas en considération ses déductions et lui enjoignant de se mêler de ses affaires.
  Or il a été établi dès The Mystery of the Green Ghost/Le Chinois qui verdissait que la relation entre ces personnages est une véritable collaboration. Reynolds a même rédigé une attestation, reprise par William Arden, qui enjoint leurs interlocuteurs à leur faire confiance, car ils sont considérés comme des auxiliaires de la police.
  C'est donc un bémol pour M. V. Carey, une incohérence qui fait entorse à la continuité de la série.
  Je peux toutefois nuancer la chose, avec ces répliques du Chapitre 13:

  "Is he always that grumpy?" Tom asked.
  "Only when Jupe doesn't let him in on things," said Bob.

  "Est-ce qu'il est toujours aussi hargneux? s'enquit Tom.
  -Non, répondit Bob. Seulement quand Hannibal se trouve sur sa route."

  Claude Voilier fait ici un contresens: "to let someone in on something" signifie en réalité "mettre quelque dans la confidence", "tenir quelqu'un au courant de quelque chose."
  Cette réplique de Bob peut expliquer l'attitude inhabituelle de Reynolds. Mais le dialogue entre Jupiter/Hannibal et Reynolds dans le Chapitre 14 reste trop ambigu pour donner crédit à l'auteure. C'est quelque chose qu'il va falloir suivre et commenter tout au long de mon projet.

  Je n'aborderai pas formellement la traduction française, mais puisque je viens de relever un contresens, je peux en signaler un autre dans le dialogue qui clôture le Chapitre 3, entre l'officier Haines, le sergent McDermott et Jupiter/Hannibal. Cela me permet non seulement d'intégrer une troisième illustration de Poirier, mais me sert aussi de transition:

Jacques Poirier, 1975.
"Mrs. Dobson began to cry again. Young Tom hurried her out of the house and down the path to the road where she got behind the wheel of a blue convertible with Illinois license plates.
  "Now I've seen everything!" said Sergeant McDermott. "The Potter's daughter!"
  "If she is The Potter's daughter!" said Officer Haines.
  "Why would she pretend?" said McDermott. "The Potter's a real kook, and he's got nothing anybody wants."
  "He must have something," said Jupiter Jones, "or why would someone go to the trouble to search his office?"

  "Mme Dobson se remit à pleurer. Vivement, le jeune Tom l'entraîna dehors. Tous deux se hâtèrent de rejoindre la voiture bleue, immatriculée dans l'Illinois. Mme Dobson se glissa derrière le volant.
  "Décidément, soupira alors le sergent McDermott, j'aurai tout vu! Le fille du Potier!
  -Si vraiment elle est sa fille: rappela Haines.
  -Bah: Pourquoi nous aurait-elle menti à ce sujet? fit le sergent. Le Potier n'est pas riche. Il ne possède rien dont on puisse souhaiter le dépouiller.
  -Et pourtant, fit remarquer Hannibal, il doit certainement avoir quelque chose de valeur. Autrement, je ne vois pas pourquoi quelqu'un se serait donné la peine de cambrioler son bureau..."

d.Le Potier et Mathilda Jones.

  Claude Voilier fait un contresens, "kook" signifie "fou", "cinglé". C'est en fait un jugement péjoratif du sergent McDermott. Le personnage autour duquel tourne le mystère principal du roman, le Potier lui-même, est une de figures de Rocky Beach. une sorte d'ermite excentrique.
  Il est présenté pour la première fois aux lecteurs, mais il est clair dès le premier Chapitre que la tante Mathilda et son neveu font partie de ses connaissances régulières:
  "[...] The man who was known in Rocky Beach simply as The Potter was a source of anxiety to [...] Aunt Mathilda. Every Saturday morning, The Potter drove his battered old truck into town to pick up his supplies and groceries for the week. Often Aunt Mathilda has been present when the truck coughed and spluttered its way into the parking lot outside the Rocky Beach supermarket. Always Aunt Mathilda predicted that the ancient vehicle would never be able to groan and puff back up the highway. Always Aunt Mathilda was wrong."

  "[...] L'homme que les habitants de Rocky appelaient tout simplement "le Potier" était une perpétuelle source d'inquiétudes pour la tante Mathilda. Le samedi matin, le Potier venait faire ses provisions au supermarché dans une camionnette si vétuste que la brave Mme Jones tremblait toujours de la voir s'écrouler.
  Mais ce samedi-là, comme les autres, l'antique véhicule semblait tenir bon."

  En plus de cette habituelle virée du samedi, on apprend aussi qu'il est plutôt solitaire. Sa visite au Paradis de la Brocante est exceptionnelle puisqu'il cherche de l'ameublement pour accueillir quelqu'un:

  "Expecting company?" echoed Aunt Mathilda. "My gracious to heavens!"
  In spite of his cheerful, outgoing ways, The Potter had never been known to have a close friend. Jupiter knew that his aunt was wondering mightily who might be coming to visit the old man. However, she refrained from questioning him [...]."

  "Des invités!" s'exclama la tante Mathilda d'un air surpris.
  En dépit des manières sociables du Potier, on ne lui connaissait aucun ami. Il menait une vie très indépendante. Hannibal devina que sa tante, dévorée de curiosité, retenait avec peine les questions qui lui brûlaient les lèvres."
 
  Vous n'êtes pas sans vous rendre compte que ces deux détails concernant le Potier sont narrés du point de vue d'un personnage que l'on connait déjà un peu: Mathilda Jones.
  C'est plutôt inhabituel de ma part de citer des passages où figure la Tante Mathilda. Mais vu la place inhabitielle qu'elle prend dans ce roman, il m'est permis de vous faire part de quelques informations la concernant. Ainsi, n'en ayant pas terminé avec le Potier, voici la description qui nous en est fait, du point de vue de Mathilda (l'illustration d'Harry Kane fait référence à la scène en fin de chapitre, j'ai jugé utile de l'intégrer ici afin que vous puissiez comparer l'apparence du Potier avec celle selon Jacques Porier):

Jacques Poirier, 1975.
  "The Potter fairly bounced out of the cab of his truck, his spotless white robe swirling around him.
  Aunt Mathilda could never decide whether or not she approved of The Potter. It was true that he was one of the most skilled craftsmen on the West Coast. People came from as far south as San Diego ans as far north as Santa Barbara to buy the pots and jars and vases that he fashioned so beautifully. Aunt Mathilda admired fine craftsmanship. Still, she believed firmly that all male human beings should wear trousers once they had graduated from the romper stage.
  The Potter's flowing robes disturbed her sense of things as they should be. so did The Potter's long, gleaming white air and his neatly combed beard, to say nothing of the ceramic medallion that dangled from a lether thong about his neck. The design on the mediallion was a scarlet eagle with two heads. In Aunt Mathilda's opinion, one head per eagle was the right number. The two-headed bird was only another of The Potter's strange whims.
  Now Aunt Mathilda looked down at the man's feet with open disapproval. As always, The Potter was barefooted. "You'll step on a nail!" warned Aunt Mathilda.
  The Potter only laughed. "I never step on nails, Mrs. Jones," he told her."

Harry Kane, 1971.
  "Il sauta à terre en prenant bien soin de ne pas salir sa longue robe blanche. Le Potier avait beau être
une figure familière à tous les gens du pays, la tante Mathilda ne pouvait s'habituer à son apparence et à ses façons de faire.
  Certes, elle avait une grande admiration pour les poteries qui sortaient des mains de l'habile artisan et que les touristes venaient lui acheter de fort loin! Mais ses vêtements la choquaient. A son avis, tout individu du sexe masculin en âge de marcher devait normalement porter des pantalons.
  Les longues robes flottantes arborées par le Potier la consternaient tout autant que ses cheveux longs et la barbe blanche, bien entretenue, qui lui descendait sur la pointrine. Même le médaillon de céramique qu'il portait autour du cou la choquait! Ce pendentif original représentait un aigle écarlate à deux têtes. La tante Mathilda estimait qu'un aigle convenable devait se contenter d'une seule tête. Décidément, tout était étrange chez le Potier!
  La tante Mathilda regarda les pieds nus de son visiteur d'un air désapprobateur:
  "Un jour ou l'autre, lui dit-elle, vous finirez par marcher sur un clou."
  Le Potier se mit à rire.
  "Cela ne m'est encore jamais arrivé, assura-t-il. [...]"

  M. V. Carey nous livre ici, en filigrane, un trait très conservateur de Mathilda Jones. Mais si je m'arrête là-dessus, c'est aussi pour mentionner ce passage (toujours au Chapitre 1), où Jupiter montre plus d'indulgence envers l'apparence du Potier:

  "Aunt Mathilda might have her doubts about the old man, but Jupe liked him. "Live and let live" seemed to be his motto, and Jupe thought it was no one's business but The Potter's if he enjoyed bare feet and white robes."

  Malheureusement, Claude Voilier ne traduit pas ses lignes. Je traduit donc moi-même:

  "Tante Mathilda pouvait bien voir le vieil homme d'un mauvais oeil, Hannibal aimait bien celui-ci. Sa devise étant "Vivre et laisser vivre", Hannibal trouvait que personne n'avait à juger le Potier sur ses pieds nus et ses robes blanches si tel était son choix."

  Ainsi, le jeune Jupiter s'oppose clairement à une vision étriquée de ce qui l'entoure, il s'oppose aux opinions un peu réactionnaires de sa tante. Il manifeste ici un esprit libertaire et ouvert, sans préjugés. C'est un aspect que j'avais déjà perçu notamment quand il décide avec Bob et Peter d'aider des jeunes garçons non américains (Carlos le Mexicain, Hamid le Syrien ou Nick le Grec.).

  Mais pour en revenir à Mathilda Jones, dans ce premier tome écrit par M. V. Carey, ce personnage prend beaucoup plus de place que d'habitude. Je peux même affirmer que, tout en conservant les particularités établies par Robert Arthur et en s'aidant du personnage excentrique qui est au centre de l'intrigue, l'auteure développe habilement ce personnage sympathique. Il y a d'autres détails qui confirment mon propos mais je les garde de côté pour la série d'articles consacrée à Mathilda et Titus (qui lui est aussi est très présent).

  Ceci dit, ne perdons pas de vue le principal propos de cette partie: tout le monde se connait à Rocky Beach. C'est ce que j'ai démontré en vous présentant ces personnages secondaires que l'on n'a jamais croisés mais que M. V. Carey réussi à nous rendre familiers en nous signalant qu'ils font partie du quotidien des Trois Jeunes Détectives. Pour enfoncer le clou, j'ai gardé sous le coude un dialogue situé dans le Chapitre 4 qui résume bien cette ambiance de petite ville:

  "Today The Potter disappeared."
  "I heard about that," said Bob. "Your Aunt Mathilda sent Hans down to the market to pick some stuff. He met my mother. Just walked away and left his truck here?"
  Jupiter nodded. "That is exactly what he did. The truck is still parked beside the office. The Potter disappeared, and a number of other people appeared."
  "Such as that woman who checked into the Seabreeze Inn after you got bonked on the bean?" questioned Pete.
  "Rocky Beach is indeed a small town," murmured Jupiter.
  "I met Officer Haines," Pete explained.

  "Le Potier a disparu!
  -Je sais! dit Bob. Hans est venu faire une course en ville. Il a rencontré ma mère. Il parait que le Potier a laissé sa camionnette au Paradis de la Brocante avant de s'évanouir dans la nature...
  -Exactement, mon vieux! Sa voiture est garée dans notre cour. Le Potier demeure introuvable mais, en revanche, j'ai fait la connaissance des invités qu'il attendait.
  -Tu veux parler de cette femme qui s'est installée à Seabreeze Inn après ta rencontre avec un cambrioleur? dit Peter à son tour.
  -Décidément, soupira Hannibal, Rocky est une bien petite ville. Tout s'y sait en un rien de temps!
  -J'ai rencontré Haines, expliqua Peter."

II.Titres, illustrations et couvertures.

  Même si je continue à discuter la traduction française à travers les notes suivant les extraits, j'ai décidé, pour cet article, de changer un peu le format qui devenait trop habituel dans le cadre de mon projet. Au lieu de consacrer toute une partie à la traduction (on retrouve le même genre de différence que dans les tomes précédents), j'ai préféré faire la comparaison entre le titre original américain et le titre français. Et quellle façon pourrait être plus ludique que d'intégrer les illustrations, couvertures incluses, se reportant directement au texte, là où éléments justifiant les deux différents titres appraissent?

a.Titre original américain.

  Pour ce quinzième tome, le titre original se focalise sur les traces de pas enflammées qui font leur apparition chez le Potier pour la première fois à la fin du Chapitre 5:

Harry Kane, 1971.
"Jupiter was close behind her when she suddenly stopped dead. Her arms went limp, and the bags thumped to the floor.
  The Eloise Dobson screamed.
  Jupiter pushed her to one side and stared past her into the kitchen. Near the pantry door, three weird, eerie green flames leaped and flickered.
  "What is it?" Aunt Mathilda and Tom thundered down the stairs. Hans came behind them.
  Jupiter and Mrs. Dobson were immobile, staring at those tongues of ghostly green fire.
  "Gracious to heavens!" gasped Aunt Mathilda.
  The flames sputtered and sank, then died, leaving not a wisp of smoke.
  "What the heck?" said Tom Dobson.
  Jupiter, Hans and Tom shoved forward into the kitchen. For almost a minute they looked at the linoleum - at the places where the flames had danced. The Hans said it. "The Potter! He came back! He came back to haunt the house!"
  "Impossible!" said Jupiter Jones.
  But he could not deny that there, charred into the linoleum, were three footprints - and they were the prints of naked feet.

Jacques Poirier, 1975.
Harry Kane, 1971.
  "Hannibal la suivit pour l'aider... Les bras chargés, tous deux se dirigèrent alors vers la cuisine. Mme
Dobson venait en tête. Soudain, elle s'arrêta net, lâcha ce qu'elle tenait et poussa un cri d'effroi.
  Hannibal la dépassa vivement et entra dans la cuisine... Sur le sol, près de l'armoire aux provisions, trois étranges flammes vertes vacillaient en crépitant.
  "Que se passe-t-il?" cria la tante Mathilda au premier étage.
  Alertée par le cri, elle dévalait déjà l'escalier, suivie de Hans et de Tom.
  Hannibal et Mme Dobson étaient bien incapables de répondre. Ils continuaient à regarder les flammes.
  "Dieu tout-puissant!" s'exclama Mme Jones.
  Les flammes crachotèrent puis s'éteignirent en répandant une fumée âcre.
  "Qu'est-ce que c'est que ça?" murmura Tom, sidéré.
  Hannibal et Hans s'avancèrent de quelques pas. Durant une bonne minute, ils tinrent leurs yeux fixés sur le linoléum, à l'endroit où se trouvaient les flammes l'instant d'avant. Puis Hans bégaya:
  "Le... le Potoier! Il... il est revenu! Il est revenu pour hanter la maison!
  -Impossible!" affirma Hannibal avec force.
  Et pourtant, il ne pouvait nier le fait que le linoléum brûlé portait trois empreintes très nettes... des empreintes de pieds nus!"

NOTE: pas d'article sans un petit commentaire sur l'accent des frères Bavarois. Contrairement à d'habitude, il n'y a rien à remarquer à ce propos dans la réplique de Hans ci-dessus. Le texte original n'utilise aucune déformation syntaxique ou grammaticale. En d'autres termes, la phrase est correcte. Par contre, Claude Voilier ajoute dans la dramaturgie en le faisant bégayer de peur.

  Cependant on assiste à un dialogue entre Hans et Jupiter/Hannibal à la fin du Chapitre 13. Il font allusion à la scène ci-dessus:

  "I see your aunt been talking to you," said Hans, eyeing the scrubbing brush and the bucket.
  Jupiter nodded, wiped off the marble cherub, and turned to a bulging urn with grapes clustered on its sides.
  "Where is everybody?" Hans wanted to know. "I been over to house, and nobody there. Nobody in office, either."
  "Aunt Mathilda and Uncle Titus have gone up to The Potter's house to see Mrs. Dobson," reported Jupiter.
  "Huh!" snorted Hans. "I don't go to that place - not for a million dollars. That place is haunted. That crazy Potter, he's walking round up there in his bare feet. You saw it. I saw it."
  "Jupiter sat back on his heels. "We saw the footprints," he reminded Hans. "We did not see The Potter."
  "Who else could it be?" demanded Hans.
  Jupiter didn't answer."

  Ce début du dialogue est totalement omis par la traductrice. Je ne peux donc pas faire d'analyse de l'accent de Hans qui se manifeste bien dans certaines de ses répliques. Le dialogue continue, mais j'utiliserai la suite, que Claude Voilier a bien traduit cette fois, un peu plus bas puisqu'il concerne l'explication du titre français.

Roger Hall, 1972.
  Pour en revenir à la première occurrence des pas enflammés, notez que sur l'édition originale signée Harry Kane (reprise par Roger Hall en 1972, pour la première édition britannique, sur laquelle figure le médaillon du Potier), nous sommes bien dans la cuisine (notez aussi la présence d'Eloise Dobson), ce qui ne sera pas le cas de toutes les éditions, vous pourrez le constater dans mon survol des éditions européennes. D'autre part, Jupiter s'apprête à éteindre les flammes avec une couverture (ce sera le cas pour beaucoup d'autres éditions) alors que le texte signale bien qu'elles s'éteignent d'elles-même. En fait, c'est Pete qui effectue se geste à la deuxième occurrence. Nous n'y assistons pas directement, mais Pete, chargé de surveiller la maison du Potier, rappele Jupiter/Hannibal et Bob après une soirée déjà mouvementée et leur raconte les événements au Chapitre 11:

  "Just after you left," Pete explained, "we could hear water running in the pipes, but every tap in the house was turned off. Then, we were all about to turn in, and there was this sound dowstairs, like a thud. Mrs. Dobson came out to see what was up, and there were three little fires on the stairs. I smothered them with a blanket, and we've got another set of footprints."
  Jupiter and Bob returned to the stairs to examine the charred marks.
  "Exactly like the ones in the kitchen," said Jupiter. He touched one, then sniffed his fingertips. "Peculiar odour. Chemicals of some type."
  "So what does that get us?" demanded Pete. "We've got a ghost with a Ph.D. in chemistry?"

Jacques Poirier, 1975.
  "En ce qui concerne l'eau qui coule, expliqua Peter... dès que vous avez été partis, nous avons entendu des bruits dans les canalisations... mais aucun robinet n'était ouvert alors. Nous finissions de les vérifier quand un coup sourd a retenti au rez-de-chaussée. Mme Dobson est sortie de sa chambre pour voir ce que c'était et elle a aperçu trois petits feux sur les marches. Je les ai éteints à l'aide d'une couverture... pour découvrir une autre série d'empreintes."
  Hannibal et Bob retournèrent dans l'escalier pour examiner les traces de brûlures.
  "Ces empreintes sont identiques à celles de la cuisine", fit remarquer Hannibal.
  Il en toucha une, puis flaira ses doigts.
  "Drôle d'odeur! murmura-t-il. Ca sent comment certains produits chimiques...
  -Quelle conclusion pouvons-nous en tirer? dit Peter. Aucune, sinon que le fantôme possède des connaissances en chimie."

  Parmi les illustrations de couverture américaines, cette scène de l'escalier, qui, je le rappelle, est racontée par Pete après coup,  a été choisie par Charles Liese (qui dessine quatre pas au lieu de trois) et Robert Adragna. C'est plus ambigu pour Stephen Marchesi (qui ajoute un aigle à deux têtes surplombant le tout et qui attribue la couverture à Jupiter), le pas grossit alors qu'il s'approche de l'avant-plan, ce qui donne l'impression d'une avancée, qu'elle soit plate ou montante):
Stephen Marchesi, 1978.

Robert Adragna, 1984.
Charles Liese, 1980 (Original)

 
  Pour la troisième occurrence, les jeunes détectives arrivent au bon moment au début du Chapitre 16:

  "It was well after seven when The Three Invistigators reached The Potter's house. Pete pounded on the front door and Jupiter called out to identify himself.
  Young Tom Dobson opened the door. Your timing is perfect," he said. "Come on in."
  The Investigators trailed after Tom to the kitchen, where Mrs. Dobson sat in one of the straight chairs and watched a pair of green flames flicker and die out on the linoleum near the cellar door.
  "You know," she said, without much emotion, "this sort of things loses its shock value after a while."
  "Where were you when it happened?" asked Jupiter.
  "Upstairs," said Mrs. Dobson. "Something went 'bang' and Tom came down to see what, and there were some more of these nice, cheering footprints."
Jacques Poirier, 1975.
  "Les Trois détectives décidèrent de se rendre sur-le-champ à la maison du Potier. Le soleil déclinait rapidement à l'horizon. Tom ouvrit la porte à ses amis.
  "On peut dire que vous tombez à pic! murmura-t-il en les entraînant vers la cuisine. Regardez!"
  Debout au milieu de la pièce, Mme Dobson contemplait fixement en silence une triple flamme verte qui achevait de mourir sur le linoléum, près de la porte de la cave. La jeune femme n'avait même pas l'air ému.
  "A la longue, on s'y habitue! soupira-t-elle en apercevant les nouveaux venus.
  -Où étiez-vous quand cela est arrivé? demanda vivement Hannibal.
  -Là-haut. J'ai entendu un bruit sourd. Tom s'est précipité au rez-de-chaussée. Nous nous apprêtions à fouiller la maison."

NOTE: Claude voilier n'est pas aussi précise quant à l'heure où le trio arrive à la porte. Dommage qu'elle ne traduit pas le second sarcasme de Mme Dobson "these nice, cheering footprints". M. V. Carey insiste sur le changement d'attitude de la femme envers cette adversité dont elle n'a plus peur et qu'à défaut de défier la personne qui en est responsable, s'en moque.

  On apprendra que c'est le faux pêcheur M. Farrier qui en est l'instigateur. Mais pourquoi ce stratagème très précis? En fait, même si Eloise et Tom Dobson ignorent ce que signifient ces empreintes enflammées, on l'a appris au chapitre précédent grâce à livre emprunté par Bob. Avant d'extraire le passage, je tiens à préciser que l'illustration de Jacques Poirier ci-dessous contient Blackbeard le mainate que le trio possède depuis le deuxième tome de la série, sans qu'il soit mentionné à aucun moment dans le roman. C'est un détail de continuité que j'apprécie toujours de la part du dessinateur:
Jacques Poirier, 1975.
  [...] When Bob appeared at Headquarters that evening, he was almost staggering under the weight of two large books which had pieces of paper tucked in to mark various pages. [...]
  "It's so pat, I can't believe it," said Bob. "It seems there was a bit of trouble at Malenbad. One of the Kerenov daughters - her name was Olga - was accused of practising witchcraft."
  "Wasn't that tricky? asked Pete. "I mean, wouldn't it be kind of dangerous to accuse the duke's daughter of being a witch?"
  "Not as tricky as you might think," said Bob. "It was one of those hysteria things, much like the epidemic of supposed withcraft at Salem, and everybody was accusing everybody. The girl had had the bad fortune to fall out with her father because she wanted to marry the local innkeeper, and he did not approve. Besides, he was accused himself. He was worried about his own skin, and he had to call on the then-ruling Azimov to come to his defence. So the girl was burned at the stake."
  "Oh, wow!" said Pete.
  "Burned?" Jupiter came to rigid attention. "And then the Kerenovs left their castle at Malenbad?"
  "Yes. You see, after she was burned, the girl - or I guess you could say her ghost - kept coming back to the castle and tramping around and leaving..."
  "Flaming footprints!" cried Jupiter.
Jacques Poirier, 1975.
  "Quand Bob rejoignit ses camarades dans la caravane, il portait deux gros bouquins. [...]
  "Rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule, avoua Bob. Malenbad était devenu pour eux un lieu de séjour maudit. L'une des filles Kerenov, prénommée Olga, fut accusée un beau jour de sorcellerie...
  -Mais, objecta Hannibal, n'était-il pas dangereux d'accuser l'une des filles du puissant duc d'être une sorcière?
  -Mon vieux, il faut te mettre dans la peau des gens de ce temps-là. Tout s'est passé comme en période d'épidémie. La chasse aux sorcières sévit brusquement dans le pays. tout le monde accusait tout le monde. Olga eut par ailleurs la malchance d'être reniée par son père à cette époque... Elle voulait épouser un roturier et le duc s'y opposait. Bref, la malheureuse fut condamnée en un rien de temps et périt sur le bûcher.
  -Quelle horreur! s'écria Peter. Je comprends à présent pourquoi les Kerenov quittèrent leur châterau de Malenbad pour émigrer dans la capitale.
  -Et encore, tu ne sais pas tout! Après avoir été brûlée en place publique, l'infortunée Olga, ou plutôt son fantôme, revint, raconte-t-on, hanter la demeure de son père... Elle se promenait la nuit en laissant derrière elle...
  -Des empreintes de pas enflammées! acheva Hannibal.

NOTE: Claude Voilier fait une substitution de personnage comme on a souvent pu le remarquer dans les tomes précédents. Ici une réplique de Pete se retouve prononcée par Hannibal. Elle omet aussi le fait que Kerenov était également accusé de sorcellerie et qu'il a du demander l'appui d'Azimov pour sauver sa peau.

  Pour terminer cette sous-partie consacrée au titre original, j'ai pensé qu'il serait amusant de signaler la façon dont M. V. Carey a évité d'expliquer, dans le Chapitre 19 la façon dont M. Farrier a allumé ses petites flammes. Un autre moyen de dire à ses lecteurs de ne pas essayer de reproduire cette petite expérience chez eux. C'est Bob qui s'adresse à Alfred Hitchcock, dans l'épilogue traditionnel où le trio rend compte de leur enquête au réalisateur:

  "Chief Reynolds found the stuff Farrier used to create the flaming footprints in the boot of Farrier's car, which was parked up the highway out of sight of the house," said Bob. "Whatever it was, he says we'll never know. He thinks it's a good idea not to spread some kinds of information around."

Jacques Poirier, 1975.

  "Le chef de la police a trouvé le produit chimique que Farrier employait pour produire les empreintes de pas enflammées, expliqua Bob à son tour: il était caché dans le coffre de sa voiture. Reynolds a refusé de nous en donner la composition. Il ne l'a pas davantage communiquée à la presse, "pour ne pas donner de mauvaises idées aux gens", a-t-il dit!"

NOTE: remarquez l'ajout de Claude Voilier à propos de la presse.

b.Titre français.
  L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête est sorti en 1975, à la 14ème position dans l'ordre de publication français. A la 13ème position, aussi en 1975, était paru L'Insaisissable Homme des neiges paru en 1973 sous le titre The Mystery of Monster Mountain (20ème position dans l'ordre américain).

  Il est arrivé que pour les tomes précédents, la différence du titre soit un glissement d'un élément d'intrigue à un autre. Je peux vous citer par exemple The Secret of Skeleton Island/Le Spectre des Chevaux de bois ou The Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste. Même si l'on peut toujours expliquer le glissement à cause d'un élément de traduction: dans le premier, Olivier Séchan choisissait une expression typiquement française qui modifiait jusqu'à la forme de l'île, et pour le second la rime "buste"/"Auguste" était trop belle pour s'abstenir du jeu de mots.
  J'ai la mauvaise habitude de chipoter sur les titres français, souvent destinés à faire sourire au détriment de la cohérence interne des tomes. J'en ignore la raison, mais ici, le titre français réussit à rester cohérent et aussi garder son étrangeté, car on ne sait pas encore pourquoi un aigle devrait avoir plus d'une tête. Ce détail qui interpelle au premier abord s'explique avec les nombreuses mentions du symbole d'un pays européen fictif qui sera au centre de l'intrigue: l'aigle à deux têtes.

Vladimir Kardelis & Svetozár Mydlo, 1996.
  Il est mentionné pour la première fois, de manière humoristique, comme on l'a vu, avec la réflexion de la conservatrice Tante Mathilda qui, voyant le médaillon du Potier, estime "qu'un aigle convenable devait se contenter d'une seule tête". A la fin de ce même premier chapitre, cela devient un cran plus sérieux lorsqu'une des réactions de l'excentrique personnage attire l'attention du lecteur mais aussi de Jupiter/Hannibal:

  "His right hand had come up to grip the medaillion which hung around his neck."

  "'Sa main droite était crispée sur le médaillon qu'il portait autour du cou."

  Comme l'illustration interne d'Harry Kane est déjà utilisée pour confirmer sa description du Chapitre 1, je me permet d'intégrer ci-contre la couverture de l'édition slovaque figurant le Potier et son médaillon dans un sobre montage avec les jeunes détectives.

  On n'attend pas très longtemps avant de le revoir pointer le bout de ses becs, puisque le détective en chef le remarque à l'entrée de la maison du Potier au Chapitre 2:

  "Jupe walked quicly past the displays on the wooden tables and up two little steps which were guarded by a pair of urns. The urns were almost as tall as Jupiter himself. A band of double-headed eagles, similar to the eagle on The Potter's medallion, encircled each urn. The eyes glared white in the bird's head, and the beaks were open as if they screamed defiance at one another."

  "Passant rapidement entre les tables, le jeune garçon gravit les deux marches du porche que flanquaient deux urnes presque aussi grandes que lui. Chacune de ces urnes était décorée d'une bande d'aigles à deux têtes semblables à celui représenté sur le médaillon du Potier."

  Dans le Chapitre 4, les trois jeunes se réunissent une première fois pour discuter du début de leur enquête:

  "He disappeared!" said Bob.
  "Yes. He walked away. Now I wonder, was he only holding the medallion out of habit, the way one
would twist a button perhaps, or was he trying to cover it up?"
  "It's an eagle, isn't it?" asked Bob.
  "An eagle with two heads," said Jupiter. "It could be a design The Potter made up, or it could be something more - a symbol that meant something to the men in the car."
  "Like a signal?" asked Pete.
  "Or a crest," decided Bob. "Europeans are big on crests, and they have all kinds of things on them, like lions and unicorns and falcons and such."
  "Can you check it out?" Jupiter asked. "Do you remembered what it looked like?"
  Bob nodded. "There's a new book on heraldry in at the library. If I see that double-headed eagle again, I'll recognize it."

  "[...] Il s'est volatilisé... Maintenant que j'y pense, la manière dont il tenait son médaillon n'était pas machinale. Il avait l'air de vouloir le cacher.
  -Ce pendentif représente un aigle, je crois?
  -Un aigle à deux tête, oui... Il peut s'agir d'un dessin imaginé par le Potier ou de quelque chose d'autre... par exemple un symbole qui peut avoir une signification aux yeux des deux étrangers.
  -Peut-être s'agit-il d'un emblème suggéra Bob. Un emblème héraldique! Je regarderai dans des livres spécialisés, à la bibliothèque, si on n'y parle pas d'un aigle à deux têtes."

NOTE: on peut remarquer les omissions faites par Claude Voilier: la réplique de Pete, celle de Jupiter demandant à Bob d'aller voir à la bibliothèque (pour Voilier, Bob prend l'initiative). Omise aussi est le précision de Bob sur les Européens, et il se trouve que l'aigle à deux têtes est un symbole très prisés dans de nombreux pays d'Europê de l'Est (Serbie, Albanie, Chypre...).

  Au Chapitre 5, Eloise et Tom Dobson s'intalle chez le Potier avec l'aide des Trois Jeunes Détectives, c'est l'occasion de visiter les autres pièces, notamment celle où ce trouve encore l'aigle à deux têtes sur une grande plaque. On sait maintenant que l'attention de Jupiter/Hannibal n'est pas attiré que par la taille qu'il prend au-dessus de la cheminée. J'en profite pour vous présenter la seule illustration de couverture ayant utilisé cet élément précis, celle de l'édition italienne dont j'ignoe la date de publication et le nom de l'artiste (à noter également que le titre signifie "L'Aigle écarclate", titre plus sobre que le français. Le texte original précise bien la couleur "crimson" mais pas le texte français):

Edition italienne.
  "It's got a fireplace," said Tom. "And wow, look at that wild thing!"
  Tom and Jupiter leaned on the headboard against the wall and looked at that wild thing. It was a ceramic plaque, fully five feet across. It was set into the wall above the fireplace.
  "The double-headed eagle!" said Jupiter Jones.
  Tom cocked his head to one side and examined the scarlet bird, screeching from both pointed beaks. "Old friend of yours?" he asked Jupiter.
  "Possibly an old friend of your grandfather's," said Jupiter. "He always wore a medallion with that design on it. It must have meant something special to him. There are rows of double-headed eagles on those two big urns by the front steps. Did you notice them?"

  "Elle a une cheminée, constata Hannibal.
  -Tiens! Quel truc bizarre!" s'écria Tom.
  Il désigna une plaque de céramique incrustée dans le mur juste au-dessus du manteau de la cheminée.
  "L'aigle à deux têtes! murmura Hannibal.
  -Un ami à toi? plaisanta Tom en examinant l'oiseau.
  -Plutôt un ami de ton grand-père, dit Hannibal. Il porte toujours un médaillon avec ce dessin dessus. Je suppose que cet aigle signifie quelque chose de particulier pour lui. Il y a aussi des aigles à deux têtes sur les grosses urnes qui se trouvent de chaque côté des marches du perron. L'as-tu remarqué?"

NOTE: la traductrice ne convertit et ne traduit pas la dimension de la plaque qui est d'une envergure de cinq pieds, c'est-à-dire environ 1,5 mètre.

  Le mystère perd un peu de son opacité avec le livre que Bob apporte de la bibliothèque au Chapitre 7:

Jacques Poirier, 1975.
  "'The Azimov crown, solid gold and set with lapis lazuli, is surmounted by a huge ruby said to have been the possession of Ivan the Bold, whose estates were forfeited to Frederic Azimov after his execution. The two-headed eagle atop the ruby is the family device of the Azimovs, Kerenov fashioned it of enamel on gold. The eyes are diamonds, each weighing more than two carats.'."

  "La couronne Azimov, faite d'or massif incrusté de lapis-lazuli, est surmontée d'un énorme rubis. Cette gemme merveilleuse aurait appartenu à Yvan le Hardi dont tous les biens, après son exécution, furent confisqués par Frederic Azimov. L'aigle à deux têtes que l'on voit au-dessus du rubis est l'emblème de la dynastie des Asimov. Boris Kerenov l'a exécuté en or et en émail. Les yeux sont des diamants très purs pesant chacun plus de deux carats."

  C'est donc tout à fait évident pour Jupiter de soupçonner immédiatement un lien avec le Potier (dans le même chapitre):

  "Jupe brooded. "Tom Dobson said his grandfather came from Ukrainia. Suppose Tom is wrong? The Potter and that Azimov eagle seem to be old friends. I wonder if he could have had anything to do with that royal family."

  "Hannibal était pensif.
  "Tom Dobson m'a raconté que son grand-père était venu d'Ukraine. Et si Tom faisait erreur? Le Potier et l'aigle des Azimov semblent être de vieux amis. Je me demande si le Potier n'est pas lié d'une manière quelconque à la famille royale de Karathie."

  Il faudra attendre le Chapitre 12 pour que Jupiter/Hannibal se décide à tenter quelque chose avec l'aigle en céramique du Chapitre 5, pour voir où cela va les mener:

  "But he wore the eagle on the medallion," said Jupiter, "and he used it when he designed that plaque - and a plaque for an empty room, incidentally. Now why would he go to the trouble to make a huge thing like that and install it in an empty room?
  [...] The crimson eagle glared at them from above the mantel.
  Jupiter felt around the edges of the plaque. "It seems to be cimented into place," he said.
  Tom Dobson ducked back into his own room and returned with a nail fail. "Try this," he said.
  Jupe pried at the edges of the ceramic piece. "No. It's up there to stay," he announced. "I think The Potter must have replastered the wall above the fireplace and put the plaque right into the plaster."
  Jupe stepped back and looked up at the screaming bird. "What a job that must have been. It's a very large piece."
  "Everybody's got to have a hobby," said tom.
  "Wait!" said Jupiter. "It isn't cast all in one piece. We need something to stand on."
  Pete darted on to the kitchen and came back with one of the chairs, Jupiter stood on it and reached up towards the right head of the eagle. "That eye isn't the same as the other," he said. "It was cast separately." Jupiter pressed on the white porcelain of the eagle's eye. It gave under his fingers, and the boys heard a faint click. The entire wall above the mantel moved slightly."
Jacques Poirier, 1975.
  "N'empêche qu'il porte l'aigle en sautoir et qu'il l'a reproduit sur la plaque de céramique de la chambre de ta mère... Une chambre, entre parenthèses, qui était inoccupée avant votre arrivée. On peut se poser la question: pourquoi s'est-il donné la peine de fabriquer un énorme truc comme ça et de l'installer dans une pièce vide?"
  [...] Hannibal leva les yeux vers l'aigle aux têtes menaçantes et palpa les bords de la plaque.
  "On dirait qu'elle est cimentée dans le mur!" dit-il.
  Il se recula pour mieux voir le panneau et murmura:
  "Quel travail cela a dû demander pour mettre en place cette énorme plaque!"
  Soudain, un détail frappa son regard.
  "Attendez un peu! s'écria-t-il. Il me semble que j'aperçois quelque chose. Il faudrait que je monte sur une chaise pour mieux voir..."
  Peter se précipita à la cuisine et en revint avec une chaise. Hannibal la lui prit des mains, la disposa devant la cheminée et grimpa dessus. Approchant son visage de la tête droite de l'aigle, il l'examina attentivement.
  "Cet oeil est plus en relief que l'autre! s'écria-t-il enfin. Je me demande..."
  Sans terminer sa phrase, il appuya sur l'oeil en question. Les garçons perçurent un faible déclic. La portion de mur au-dessus du manteau de la cheminée bougea légèrement."

  Nous avons donc pendant les deux premiers tiers du roman, ces multiples apparitions de cet aigle bicéphale. Le symbole nous devient très familier. C'est dans le chapitre 13 que le titre français s'explique:

  "Tom sat down on the steps between the two huge urns which were banded with double-headed eagles.
  Jupiter frowned at one of the urns.
  "What's your problem?" said Bob.
  "One of these eagles has only one head," said Jupiter, puzzled.
  The boys crowded round the urn. It was true. One of the birds in the bright band which decorated the piece was missing a head - the right-hand head. It looked like an ordinary, one-headed creature gazing off to the left.
  "Interesting," said Jupiter.
  Bob circled the other vase, examining the band of eagles. "All of these have two heads," he reported.
  "Maybe my grandfather made a mistake," said Tom.
  "The Potter does not make mistakes such as this," said Jupiter. "His designs are always perfect. If he intended to put a band of double-headed eagles on this urn, he would have done so."'
Jacques Poirier, 1975.
  "Tom s'assit sur une marche de perron, entre les deux grosses urnes décorées d'aigles à deux têtes. Hannibal considéra fixement l'une des urnes, l'air pensif.
  "Qu'est-ce qui te tourmente? demanda Peter.
  -L'un de ses aigles n'a qu'une seule tête!" répondit le chef des détectives.
  Ses camarades regardèrent l'urne à leur tour. Hannibal avait dit vrai. L'un des oiseaux de la bande décorative ne possédait qu'une tête: celle qui regardait vers la droite. Il ressemblait dès lors à un quelconque rapace dessiné de profil.
  "Intéressant! murmura Hannibal.
  -Grand-père a peut-être oublié d'ajouter la tête de gauche! fit remarquer Tom.
  -Le Potier n'aurait pas commis d'erreur aussi grossière, assura Hannibal. Ses dessins étaient toujours parfaitement exécutés. S'il avait vraiment voulu décorer cette urne d'un aigle à deux têtes, il l'aurait fait."

NOTE: Remarquez que Jacques Poirier ne dessine pas les bandes mentionnées dans le texte. Il se contente d'un seul aigle au milieu de l'urne. C'est un peu dommage de différer ainsi du texte, car ça saute au yeux qu'il manque une tête, alors qu'avec une frise de plusieurs petits aigles, la tête manquante ne peux se repérer qu'en regardant de près.
  Du point de vue de la traduction, on remarque que Peter se substitue à Bob pour la question "Qu'est-ce qui te tourmente", ainsi que l'omission de Bob faisant le tour de l'autre urne. Celle-là même que Jupiter examinait dans le Chapitre 6:

  "Jupiter stood up and leaned against one of the urns, tracing the pattern of the screaming scarlet eagles with a forefinger."

  "Hannibal se leva et, appuyé contre une des urnes, il se mit à réfléchir tout haut."

NOTE:  dommage que Claude Voilier ne traduit pas exactement ce que dit le texte original. Dans ce dernier, Jupiter redessine du doigt le motif répété de l'aigle à deux têtes. Ainsi l'important indice aurait pu être découvert plus tôt...

  Plus important, cela justifie le "n'avait plus qu'une tête". Car comme je l'ai dit, au première abord, on se demande pourquoi un aigle en aurait plus. C'est exactement ce que se demande Hans dans la seconde partie du dialogue entre lui et le détective en chef, à la fin du Chapitre 13:

  "Jupiter didn't answer. He sarted at the urn, which was an ungainly piece, and he thought of the Potter, who made such handsome things. "The urns on The Potters porch are much better than this one," said Jupiter.
  "Yah! Yah! His stuff's good. But he was crazy anyway."
  "No, I don't think so," said Jupiter. "But I wonder why one of the eagles on that urn has only one head."
  "Nothing wrong with one head on eagle," declared Hans.
  "True. Except that The Potter seemed to prefer them with two," answered Jupiter Jones."

  La première partie du texte originale n'étant pas traduite par Claude Voilier, dans le texte français le dialogue commence ici (d'ailleurs il est précisé qu'Hans n'entre en scène qu'à ce moment-là):

  "Tout en travaillant, il songeait au Potier, qui façonnait de si jolies choses.
  "Les urnes qui ornent le porche du Potier sont mille fois plus belles que celle-ci, déclara-t-il à Hans qui arrivait.
  -Ça, c'est bien vrai! reconnut Hans. Il fabrique de la bonne marchandise. N'empêche que le pauvre homme est piqué!
  -Non, Hans, je ne le pense pas! déclara Hannibal. Par exemple, je me demande bien pourquoi, sur l'une de ses urnes, l'un des aigles n'a qu'une seule tête.
  -Il n'y a rien de bizarre à ce qu'un aigle n'ait qu'une tête, fit remarquer Hans.
  -D'accord... mais il se trouve que le Potier semblait les préférer quand ils en avaient deux!" répondit Hannibal, pensif.

NOTE: Ce tome ne fait pas exception, l'accent du Bavarois, bien visible sous la plume de M. V. Carey est gommé dans la traduction et Claude Voilié lui attribue des phrases bien trop correctes. De plus, Hans pense toujours que le Potier est mort. Or le "was crazy" est traduit au présent, "est piqué".

  Tout comme l'indique Jupiter/Hannibal, cela devient étrange quand il ne reste plus qu'une tête à l'aigle, quand tout au long du roman, il est représenté systématiquement avec une tête de plus!
  Ci-dessous les deux couvertures françaises en accord avec le titre. On peut noter entre autres la présence du Potier (à la place des armoiries pour Poirier et à la place de la tête de l'aigle manquante pour Beaujard) et le profil d'Alfred Hitchcock. Il est trop difficile de le voir, mais les résumés sont un peu différents.

Jacques Poirier, Bibliothèque Verte, réimpression de 1979.
Yves Beaujard, Bibliothèque Verte, 1994.
c.Couvertures européennes.

  Parmi les multiples couvertures allemandes, je vous présente les deux d'Auga Rasch. L'une est en raccord avec le texte original (trace de pied nu, flamme verte), l'autre pas (trace de chaussure, flamme jaune.
Aiga Rasch, édition allemande, 1981.
Aiga Rasch, édition allemande, 1979
















   
  J'ai évoqué les différences entre les éditions originales américaines, les autres éditions de par le monde manifestent les même divergences concernant:
-la couverture dont se sert Pete dans la deuxième apparition des empreintes.
-le lieu du phénomène n'est pas toujours le bon
-le nombre de pas, trois dans le texte, n'est pas toujours respecté non plus.

  En Espagne, même si je ne peux pas en être sûr, il semble que c'est bien Pete qui tient la couverture, mais la scène se déroule dans la cuisine (première occurrence du Chapitre 5) et l'on compte cinq traces de pas. En Finlande, c'est Jupiter qui tient la couverture (en jetant un oeil à d'autres titres, le dessinateur Matti Louhi donne systématiquement les cheveux bruns à Jupiter et roux à Pete) et nous sommes non dans l'escalier, mais sur le palier du premier étage.

Badia Camps, édition espagnole.
Matti Louhi, édition finnoise, 1981.





















  Le norvégien Sten Nilsen reprend l'illustration d'Harry Kane à sa façon et en Pologne, pas de couverture, c'est l'escalier qui est choisi pour cadre mais il y beaucoup plus de trois empreintes.

Sten Nilsen, édition norvégienne, 1975.
Edition polonaise.
















 
  Particularité des éditions suédoise et danoise, la scène est en extérieur. Ola Ericson nous fait le plaisir de figurer le profil d'Alfred Hitchcock sur l'urne en bas à droite et l'aigle à deux têtes a été dessiné par Peter Madsen en arrière-plan.

Peter Madsen, édition danoise, 2002 (original)
Ola Ericson, édition suédoise, 1973.

















  Il y aura d'autres éditions dans les articles annexes à venir, car elles se réfèrent à des scènes que j'ai l'intention d'isoler.

  Ainsi s'achève le quinzième article de mon projet. Je me suis déjà procuré la suite de la série en version originale jusqu'au tome 30. Ce qui a raison d'un tome par mois peut m'emmener jusqu'à février 2018! Ceci dit j'espère pouvoir avoir un peu d'avance sur cette projection sans pouvoir garantir de poster deux articles par mois.
  Comme évoqué dans l'introduction, la prochaine enquête de Jupiter & Co. s'intitule The Mystery of the Nervous Lion/Le Lion qui claquait des dents écrit par Nick West. Pour tout vous dire, je l'ai lu et les notes sont prêtes. Un des axes de l'article sera certainement la comparaison avec le quatorzième volume. J'avais même commencé le dix-huitième tome, mais je me suis forcé ralentir la cadence, surtout parce qu'il faut aussi poster des articles annexes thèmatiques. Je vous annonce que parmi ceux-ci, il y aura enfin la chronologie à laquelle je fais souvent allusion.
  Merci à tous!

16.The Mystery of the Nervous Lion/21.Le Lion qui claquait des dents.
17.The Mystery of the Singing Serpent/16.Le Serpent qui fredonnait. 

  The Mystery of the Flaming Footprintys/L'Aigle qui n'avait plus qu'une tête, Mary Virginia Carey. Traduit de l'américain par Claude Voilier.

2 commentaires:

Naé a dit…

Bravo pour ces recherches fouillées ! A suivre donc...

Gilmoutsky a dit…

Merci Naé, ça fait toujours plaisir. Mon projet est dans une période creuse en ce moment. J'ai lu les trois tomes suivants, mais je n'ai pas beaucoup avancé pour la suite des articles. Merci encore de suivre tout ça! A bientôt!