River Blues de Bill Cheng
Robert Lee Chatham n'est qu'un enfant lorsque la grande crue de 1927 oblige ses parents et lui à quitter le comté d'Issaquena. Déjà sous le coup d'un premier drame qui a laissé sa mère Etta brisée, ils sont vite séparés.
Robert
est recueilli dans un bordel tenu par Miss Lucy, l'hôtel Beau-Miel,
où il fera la rencontre du pianiste Eli Cutter, d'Augustus Duke qui
veut se faire de l'argent sur le dos de ce dernier et de la charmante
Emaline.
Mais
ce ne sera qu'une partie du roman, les événements le pousseront
malgré lui à l'errance permanente marquée irrémédiablement par
d'autres personnages, qu'ils soient trappeurs canadiens ou
d'anciennes connaissances, elles aussi ravagées par les années.
Autour de son cou, une amulette offerte par Eli Cutter qui le sauvera
peut-être d'une malédiction sous les traits d'un Chien qui le
poursuit (référence à peine dissimulée à la chanson de Robert
Johnson, Hellhound on my
Trail.)
Traversant
une période où le progrès commencent à s'imposer, River
Blues s'imprègne de
cette atmosphère du Sud hantée par de fantomatiques notes jouées
par de mythiques bluesmen que Bill Cheng ne manque pas de citer dans
ses remerciements.
Le blues reste intemporel et son influence indélébile dans la musique contemporaine est indéniable. Eric Clapton, les Rolling Stones ou Led Zeppelin n'aurait jamais existé si un nombre incalculable de bluesmen des années 1920-1930 n'avaient pas sillonné avec leur guitare les coins les plus reculés des Etats-Unis.
Certains ont eu la chance
d'être enregistrés et même d'être reconnus mondialement, mais
certains sont restés obscurs. Morris Jones, le personnage de Ran
Walker est le symbole fictionnel, voire l'archétype de ces vieux bluesmen en
voie d'extinction.
Le roman se divise en
trois parties distinctes et à travers le regard de trois
personnages: Coltrane Washington, un écrivain se voit confier
l'élaboration d'un article sur Morris Jones et part à Oak Bluff le
rencontrer ; le jeune Jason, tout à ses découvertes
adolescentes, trouvera dans la musique de Jones une amie
insoupçonnée ; et le propre fils de Morris Jones, Ike, recevra
des nouvelles de son père après une quarantaine d'années de
silence.
Tout au long du vingtième
siècle, des spécialistes (notamment Alan Lomax et William Ferris)
ont effectué un impressionnant travail de terrain et d'archivage,
afin que ces musiciens ne tombent pas dans l'oubli, qu'il soient
reconnu comme les racines d'une partie du patrimoine culturel
américain voire mondial. Avec Il était une fois Morris Jones,
Ran Walker rend à son tour hommage à ce qui est plus qu'un
folklore, une expression humaine de l'universel.
River Blues, Bill Cheng, Rivages, 21,50€. Traduit de l'américain par Cyrielle Ayakatsikas.
Il était une fois Morris Jones, Ran Walker, Autrement, 18 €. Traduit de l'américain Philippe Loubat-Delranc.
En hommage à B.B. King (1925-2015)
River Blues, Bill Cheng, Rivages, 21,50€. Traduit de l'américain par Cyrielle Ayakatsikas.
Il était une fois Morris Jones, Ran Walker, Autrement, 18 €. Traduit de l'américain Philippe Loubat-Delranc.
En hommage à B.B. King (1925-2015)
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