Le vieil homme avec le pardessus de mon père est introuvable. Je dépasse le carrefour où je l'ai vu pour la première fois et le banc où nous nous sommes assis. Je ne le cherche pas vraiment, mais je m'attends à le revoir, comme si on s'était donner rendez-vous. Je prends maintenant la pleine mesure de cette idée. C'est le briscard de Hollywood en moi qui travaille. Celui qui pose des personnages secondaires au début de l'histoire pour qu'ils puissent réapparaître au bon moment par la suite. Aucun des personnages des scripts que j'ai réécrits n'apparaît qu'une seule fois. Au départ, la seule raison de leur existence, c'est de pouvoir revenir par la suite. Leur seule raison d'être, c'est de réapparaître au bénéfice d'un autre.
Je sais, bien évidemment, qu'il y a une grande différence entre la vraie vie et les scripts que je réécris. La vie de la plupart des gens n'est fonction ni du personnage ni de l'intrigue, mais elle est mue par des courants aléatoires, des tendances et des humeurs. Ces vies sont plus de l'ordre de l'humeur que de l'intrigue. J'en suis bien conscient, mais le correcteur de scénarios en moi aimerait bien que la vie puisse parfois être réécrite.
Karoo, Steve Tesich, Monsieur Toussaint Louverture. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke.
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