The Sisters Brothers/Les Frères Sisters de Patrick deWitt

C'est un titre amusant, vous ne trouvez pas? A la présentation de la rentrée littéraire d'Actes Sud, en juin, l'auteur était présent et avait lu un passage. Sur un ton pince-sans-rire, il avait déclenché un certain amusement chez l'auditoire. Une sorte d'humour s'approchant des frères Coen ou de Wes Anderson. Une bonne raison pour noter la lecture des Frères Sisters dans mon agenda mental.

Charlie et Eli Sisters sont tueurs à gages. Engagés par le Commodore pour une mission dont il ne savent pas grand-chose, ils sont à la recherche de Hermann Kermit Warm, un prospecteur qui aurait causé du tort au puissant Commodore. Ce sont les grandes lignes du roman.

Dès le début, le plus important c'est ce point de vue d'Eli, à la première personne. L'Oregon des années 1850 est rude, tout à l'image du grand frère Charlie. Alors qu'Eli se pose des questions sur le bien-fondé de leur mission exterminatrice, qu'il compatit aux personnages qu'ils croisent sur leur route, Charlie est froid, sans états d'âme, dur comme la pierre. C'est sur cette dichotomie que repose le roman. Sur quelle route vont-ils finir par s'engager, celle du sang qui engendre le sang ou celle de la recherche d'une vie honnête et tranquille? Vont-ils le faire ensemble ou en emprunter chacun une? 

Il n'y a vraiment pas beaucoup a rajouter, c'est une intrigue très simple où s'opposent la violence de Cormac McCarthy et la sensibilité de John Steinbeck. On y décèle parfois un humour à froid, un recul, qui teinte ce western d'un absurde dépouillé d'existentiel trop appuyé. Les Frères Sisters a parfois l'amertume d'un café trop fort qu'on ne peut toutefois pas s'empêcher de siroter sereinement. Parce que finalement, ça fait du bien.

Les Frères Sisters, Patrick deWitt, Actes Sud, 22,80€. Traduit de l'américain par Emmanuelle et Philippe Aronson.