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vendredi 24 août 2012
Chronique du Tueur de Roi
Alors que sort aujourd'hui en librairie La Peur du Sage de Patrick Rothfuss aux éditions Bragelonne, penchons-nous rétrospectivement sur la série Chronique du Tueur de Roi dont elle fait partie, puisque c'en est le 2ème tome.
Le Nom du Vent, le premier tome, est paru il y a déjà presque trois ans, et j'avoue avoir attendu le second plus qu'impatiemment (et l'avoir lu en 4 jours, aussi).
L'histoire commence lorsqu'un chroniqueur itinérant se présente dans une auberge banale d'un petit village, dans des temps troublés par la guerre. Il tient pour certain que l'aubergiste, un rouquin des plus anodins, serait en réalité Kvothe l'arcaniste, Celui-qui-ne-saigne-pas, le Tueur de Roi, le musicien de légende...
Et il se fait fort, là où personne n'a toujours colportées que des histoires sur ce personnage incroyable, de le convaincre de coucher sa vie sur du papier, afin de rétablir les vérités de sa propre histoire.
Mais les apparences sont parfois trompeuses, et s'ils s'avère que l'intuition du chroniqueur est bonne et que l'aubergiste accepte de raconter son histoire, le lecteur n'est pas au bout de ses surprises.
Il serait sans doute dommage de raconter quoi que ce soit d'autre à propos de ces ouvrages, tant l'histoire se savoure pleinement dans ses rebondissements. Patrick Rothfuss, complètement inconnu avant d'être publié, peut être considéré à juste titre comme le renouveau de la fantasy à l'instar de Scott Lynch, et la comparaison est loin d'être anodine car ils font tous les deux des romans d'apprentissage.
Le roman d'apprentissage est un grand classique de la fantasy, où l'on voit un jeune garçon devenir un héros et une légende en traversant maints périls avec courage et astuce (comme L'Epée de Vérité, et plus loin de nous, Bilbo le Hobbit).
Là où cette nouvelle génération d'auteurs américains passionne avec ses ouvrages, c'est qu'elle sait renouer avec l'épique. J'avoue ne plus être un aussi gros lecteur de fantasy qu'auparavant - ce qui est un euphémisme pour dire que je n'en lis plus - alors que la SF est toujours restée dans ma poche. La raison en est que, honnêtement, la fantasy est devenu ennuyeuse. Il n'y a plus rien d'original, les auteurs ne se forcent pas, et même David Gemmell qui au début me semblait passionnant a fini par se plagier lui-même.
Lynch et Rothfuss, au moins, font preuve d'originalité, probablement parce qu'ils ont voulu écrire de la fantasy qu'ils auraient voulu lire, et peut-être parce qu'ils ont fini par trouver la fantasy emmerdante, comme moi. Le fait est qu'ils y ont réussi brillamment, et si je continue à parler des deux auteurs alors que ma chronique n'en concerne qu'un, c'est qu'ils sont assez proches dans leur inventivité.
Ils ne se contentent pas d'écrire de la fantasy, ils construisent un monde cohérent, et ne racontent pas uniquement les histoires fantastiques et merveilleuses de leurs personnages, mais parsèment toujours leurs œuvres de références culturelles propres aux mondes développés. Alors bien sûr, parfois on n'y comprend rien quand ça arrive comme un cheveu sur la soupe, mais on s'habitue et on finit toujours pas saisir de quoi il est question, ainsi on fait soi-même son apprentissage dans le monde où évolue celui du héros, et l'imprégnation dans le récit n'en est que plus forte. Ce qu'il y a d'autant plus intéressant chez Rothfuss, c'est que Kvothe passe son temps à faire des erreurs, à s'en rendre compte et à le reconnaître - ce qui fait tout le sel de son propre récit fait au chroniqueur pour rétablir la vérité, bien entendu. Cette déstabilisation, cette humanisation des héros est aussi une marque de ces auteurs de fantasy modernes.
Qui plus est, ces références culturelles sont finement travaillées, et non pas jetées n'importe comment dans la marmite, on peut ainsi constater la fine intelligence de l'auteur qui, comme le dit Rothfuss dans sa préface, préfère un récit long et meilleur que court et publié plus tôt.
Hélas, justement, le rythme de publication n'est pas soutenu ! Il faut donc attendre longtemps... longtemps... un peu comme un nouveau tome du Trône de Fer, sans doute !
Et, ce serait le seul reproche que j'aurais à faire aux éditions Bragelonne - car la traduction est vraiment excellente - La Peur du Sage se finit extrêmement abruptement, et c'est un peu du travail de tâcheron.
Alors oui, lorsqu'on se renseigne, on finit par découvrir que la suite de ce tome sortira en octobre, cela ne fait donc pas trop de temps de différence entre les deux, et j'imagine que ce doit être justifié par rapport au nombre de pages. Mais tout de même, cela empêchait-il à la fin du premier livre, de préciser ce fait ?
Finir un livre sur un chapitre et puis, plus rien, j'avoue m'être demandé si je n'avais pas eu un exemplaire qui avait eu un problème d'imprimerie...
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