Le commandant d'un des camps était un peu plus difficile à cerner. Il était fou de jaguars. Je ne parle pas de voitures, mais de fauves. Le camp entier était couvert de photos et de statues de jaguars. Chaque fois que nous défilions, il nous disait que nous devions combattre comme des jaguars. Avec son visage de boxeur professionnel, le commandant se déplaçait toujours à grands pas, raide comme un piquet, la tête haute: il avait une allure de redoutable soldat. Il a même adopté un bébé jaguar pour en faire la mascotte du camp. Quand l'animal a succombé, quinze jours plus tard, le commandant a fait faire un tapis avec sa fourrure. Il l'a placé devant son bureau, mais le jaguar était tout petit et le tapis plutôt lamentable. Le commandant se mettait en colère si quelqu'un marchait dessus. ça arrivait souvent au début, car il est difficile de ne pas mettre le pied sur un tapis placé en plein milieu de la pièce. Mais bientôt, tout le monde a pris le pli et l'a évité.
Le Vin de la colère divine, Kenneth Cook, Autrement/J'ai Lu. Traduit de l'anglais (Australie) par Mireille Vignol.
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