Delphine Bertholon est déjà l'auteure de L'effet larsen et de Twist et d'après ce que j'ai pu en lire, ces romans valent peut-être le détour. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec Grâce. Je me suis dit oh encore une histoire de famille, ouais bon. Toutefois je ne regrette pas de l'avoir lu.
Nathan, veuf et père des jumeaux Colin et Soline, retourne dans la maison familiale à l'occasion de Noël. Il y retrouve Lise, sa soeur si particulière, dont il se souvient les sarcasmes et autres intimidations qu'elle semblait adorer pendant leur enfance. Leur mère, Grâce, est là aussi, plus que jamais attachée à sa maison. Leur père? C'est justement l'un des éléments importants de cette histoire. Il est parti, un jour, comme ça, sans prévenir, il y a plus d'une vingtaine d'années. Grâce les informe qu'il a fait sa réapparition dans un soupçon d'effort pour recoller quelques morceaux. Une rencontre est donc prévu entre le père et ses enfants.
Autre petit souci qui leur tombe dessus, d'étranges phénomènes se produisent dans la maison: des objets qui disparaissent et sont retrouvés dans des endroits incongrus, un couteau planté dans le plafond, une vitre brisée de l'extérieur alors qu'il n'y a personne en vue...
La narration de Nathan, lequel s'adresse plus à Cora, sa femme décédée à la naissance des jumeaux, qu'au lecteur, alterne avec le journal intime de la mère, Grâce Marie Bataille, qui date de leur enfance et de la période qui précède le départ du père. De son coté, elle s'adresse plus à ce mari qu'au journal. C'est un des charmes de ce roman, les deux personnages parlent aux absents comme s'ils n'arrivaient pas à accepter qu'il manque une pièce à leur foutu puzzle. Bon il faut dire que Thomas Bataille, le mari en question, semblait de plus en plus s'intéresser à cette jeune fille au pair polonaise et que son départ y semble lié.
Cette structure dynamique à deux voix fonctionne très bien, entre les interrogations présentes de Nathan et la rancoeur passée de Grâce. S'y ajoute une ambiance à la Shining où le lecteur ne sait plus s'il faut croire à un roman fantastique ou à un drame purement psychologique. Je suis donc convaincu par les qualités d'écriture de Delphine Bertholon et ses deux premiers romans sont potentiellement susceptibles de se voir chroniqués dans ces pages dans un futur encore indéterminé, surtout Twist qui s'inspire comme Room d'un enlèvement. Juste pour faire une comparaison.
Grâce, Delphine Bertholon, JC Lattès, 18€.
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