Au cours de la dernière décennie, le principal groupe à avoir été ridiculisé pour son côté bande de petits Blancs stupides, c'est Lynyrd Skynyrd. ça doit venir d'un des premiers clips de Beavis & Butt-Head: dans les premières vignettes de B & B (il y a longtemps, quand ce n'était encore qu'un petit segment de quatre minutes de Liquid Television sur MTV), un vieux péquenaud bourré déclarait que quelqu'un devrait "jouer un peu de Lynyrd Skynyrd, mec". En quelques mois, c'était devenu une raillerie familière (je ne peux pas prouver que ce moment de MTV, par ailleurs sans grand intérêt, a été la véritable origine du mouvement anti-Skynyrd, mais ça semble être plus qu'une coïncidence). Je peux comprendre que les Skynyrd soient une cible facile à ridiculiser; leur amour manifeste du drapeau confédéré les fait légèrement passer pour des racistes, et leur rock marécageux, exagéré et trempé dans le bourbon, semblait déjà dépassé au moment de sa sortie. Mais ce qu'on ignore, c'est que Lynyrd Skynyrd rassemblait de brillants auteurs: ses disques possèdent une qualité régionale qu'on n'entend habituellement que dans le hip-hop ou dans la vieille country, et ses textes font preuve d'un punch remarquable (quand on considère l'origine démographique de son public de base, sortir un hymne antiarmes à feu comme "Saturday Night Special" aurait pu être un suicide commercial). Je déplore que Skynyrd soit considéré comme faisant de la musique pour les idiots, même si ce n'est pas tout à fait faux. Mais si quelqu'un mérite cette étiquette, c'est bien Ted [Nugent] et son arbalète de mort.
Fargo Rock City - Confessions d'un fan de heavy metal en zone rurale, Chuck Klosterman, Payot & Rivages, coll. "Rivages Rouges". Traduit de l'américain par Stan Cuesta.
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