"Rana Toad", ça se mange?

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jeudi 17 novembre 2011

Room de Emma Donoghue


Une mère et son fils de cinq ans sont enfermés dans une pièce, d'où le titre, you know. Aucun rapport avec le monde extérieur. Jack, le fils, né dans dans cette pièce, ne peut se représenter le monde que par cette espace clos. Seule ouverture, cette porte codée qui s'ouvre le soir et laisse entrer le Grand Méchant Nick (Old Nick, en v.o., ce qui, il me semble, dites-moi si je me trompe, est un des nombreux surnom du diable dans les pays anglo-saxons). C'est lui qui leur apporte de quoi se nourrir, de quoi jouer. Mais on apprend vite que c'est un bel enfoiré de première. La mère, que l'on ne connaîtra que sous le nom de Maman (ou Ma en v.o.), son prénom ne sera jamais énoncé par Jack, enferme son gamin dans le placard en présence de cet être inhumain. Cette mère finira par expliquer à Jack leur situation, et échafaudra un plan pour sortir, s'échapper de ces quatre murs.

Il est difficile d'en dire plus à partir de là. Je continuerai donc en disant simplement que, parmi mes lectures de la dernière rentrée littéraire, c'est certainement la plus mémorable et la plus attachante. Pour faire dans la métonymie (ne me demandez pas d'expliquer, je ne sais pas ce que ça veut dire), c'est surtout Jack pour qui je me suis pris d'affection, ce narrateur pour qui le réel se résume à si peu de choses et de personnes. Une télé, son amie Dora l'exploratrice, quelques livres, quelques jouets et surtout sa mère.

Le lecteur, conscient de la véritable situation, est partagé entre la compassion pour la mère et l'amusement que déclenchent les remarques naïves du gosse, parfois sujet aux caprices car il n'appréhende pas totalement la gravité ou l'enjeu de ce qui l'entoure.

Dans la veine de Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon, Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer ou d'autres, Room s'inscrit donc dans cette vague d'enfants narrateur décrivant une réalité dure avec des mots simples, candides.

A sa façon particulière, Emma Donoghue a réussi à reprendre cette forme et proposer un autre fond que ses congenères écrivains. Le roman semble être très documenté sur la neuropsychiatrie enfantine et elle a très bien pu s'inspirer d'un de ces trop nombreux faits divers et imaginer comment un enfant né d'une horreur peut grandir et développer sa conscience.

Relation ne manquant pas de complexité ni de paradoxes, vous ne pourrez pas rester de marbre devant cet amour filial, viscéral, fusionnel et sans concession. N'attendez surtout pas une adaptation cinématographique avant de lire ce roman unique et poignant.


Petite vidéo de présentation, attention, c'est en anglais: http://www.youtube.com/watch?v=T8rj2otXNfM&feature=player_embedded


Room, Emma Donoghue, Stock, coll. "Cosmopolite", 21,50€. Traduction de l'anglais par Virginie Buhl.

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