Dans le jardin d’à côté, des gens commencent à faire du raffut, à s’éclabousser dans leur piscine, à souffler comme des phoques et à chanter des extraits de vieilles chansons de Sinatra avec des voix à vous écorcher les oreilles. Au bout d’un moment, je ne peux plus le supporter et, Roy sur mes talons, je me dirige vers la clôture. Elle est trop haute pour qu’on voie par-dessus et je dois donc me contenter de crier :
-Vous ne pourriez pas mettre une sourdine ?-Qui parle ?
A sa voix, je dirais que le type doit avoir l’âge de la retraite et qu’il a un peu forcé sur la bière.
-Moi, je réponds.-Vous êtes mon voisin ?
-ça se pourrait.
-Pourquoi vous criez ?
-Pour que vous fassiez moins de bruit.
-Je crois que vous êtes simplement jaloux de ma piscine. Vous êtes le seul foutu habitant de ce foutu quartier à ne pas en avoir une. Tout le monde le sait.
Je n’ai rien à répondre, aussi je me tais.
-Alors pourquoi ? il reprend.
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi vous n’avez pas de piscine ?
Je réfléchis un instant.
-Parce que je suis un crétin.
-Exactement, conclut-il.
"Raid nocturne", in Lâchons les chiens, Brady Udall. Traduction de l'anglais par Michel Lederer.
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