
Si vous avez déjà lu les quatre premières enquêtes, vous savez qu'Erlendur est accompagné de deux collègues, Elinborg et Sigurdur Oli, qu'il entretient des relations chaotiques avec sa junkie de fille et distantes mais cordiales avec son fils. Sans oublier son obsession pour les disparitions en régions hostiles depuis celle de son frère alors qu'ils étaient enfant.
Tout ce beau petit paquet est le fil rouge pas très joyeux qui relie toutes les enquêtes, qui elles sont à chaque fois différentes, indépendantes et ne bénéficient pas de rappels d'un roman à l'autre. Elles sont là pour raconter l'Islande des dernières décennies, sur des aspects bien définis et complexes de cette société que l'on connaît si peu. On peut déceler quelques teintes d'humour noir, mais les habitués ne s'attendent pas à des éclats de rire. Donc pas de réparties spirituelles ou potaches comme on peut en lire dans le polar de divertissement. Pas de grosses ficelles ni de rebondissements invraisemblables.
Non une poétique grisaille enveloppe les histoires d'Indridason et dès les premières lignes d'Hiver Arctique, le lecteur s'en prend une sévère. Là comme ça, sans véritable préambule narratif confortable, Erlendur, Elinborg et Sigurdur Oli se tiennent au-dessus du cadavre d'un enfant. Jovial, non? Les âmes trop sensibles n'iront même pas jusqu'à la deuxième page. L'enfant en question se prénomme Elias, métis islando-thaïlandais (ça marche aussi dans l'autre sens), et il vivait avec son grand-frère Niran et sa mère Sunee, thaïlandais tout court en ce qui les concerne.

Ne soyez pas trompés par l'ironie de ma chronique, j'aime beaucoup ce vent glacé et tristement réaliste que nous propose Arnaldur Indridason depuis plusieurs années maintenant. L'épure du style et l'absurde métaphysique qui emplissent Hiver Arctique rapprochent plus que jamais l'auteur à des confrères tels que Pelecanos et Simenon. Le cadre géographique a beau changer, le tragique et l'aléatoire propres aux romans de ces auteurs restent universels.
Hiver Arctique, Arnaldur Indridason, Métailié, 19€/Points, 7,50€. Traduit de l'islandais par Eric Boury.
1 commentaire:
Je suis fan
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