Nous sommes en Angleterre, en 1645.
Nell, jeune fille de 15 ans est un ange de mai. Elle fut conçue le premier mai durant la nuit de Beltane, ce qui lui confère selon les croyances païennes un destin hors du commun. Elle a également la capacité de voir les créatures surnaturelles, telles que les fées et les lutins.
Nell vit seule avec sa grand-mère, la guérisseuse du village, et sera amenée à exercer elle-même cette profession lorsque sa grand-mère mourra. Elle apprend donc les vertus des plantes, la façon de les cueillir selon les phases de la lune, ainsi que les incantations nécessaires pour guérir toutes sortes de maux. Les talents de Nell et sa grand-mère sont reconnus par les habitants du village qui ont souvent recours à leurs services.
Mais un jour, Grâce Madden, la fille du pasteur, tombe enceinte suite à ses escapades nocturnes avec le fils du forgeron. Incapable de l’avouer à son père, un pasteur puritain très austère, elle demande à Nell un remède pour faire passer cet enfant. Or, il s’avère que l’enfant fut, comme Nell, conçu durant la nuit de Beltane. Nell ne peut se résoudre à perdre cet ange de mai et refuse d’aider Grâce.
Grâce n’aura désormais qu’une idée en tête : se venger. Pour camoufler sa grossesse le plus longtemps possible, elle fait croire à une malédiction que lui aurait jetée Nell, et qui provoquerait gonflements et vomissements. Elle fait semblant d'être possédée par le diable et oblige Patience, sa jeune sœur très naïve, à l’imiter : elles hurlent, se débattant, crachent des épingles. Nell et sa grand-mère se retrouvent accusées de sorcellerie, et les villageois oublient bien vite les nombreux services qu’elles leur ont rendus auparavant.
Mon avis
Un bon roman qui nous mène de rebondissement en rebondissement. L’intrigue nous fait passer par des chemins détournés, amenant des pics de suspense à couper le souffle, mais qui accuse tout de même quelques longueurs. Je me suis demandée plusieurs fois où j’allais.
Le personnage de Nell est plutôt attachant. La jeune fille confrontée aux accusations les plus graves voit le piège tendu par Grâce se refermer sur elle sans qu’elle puisse se défendre, mais elle reste malgré tout attachée à ses croyances et à ses convictions profondes. Les choix qu’elle fera à certains moments-clé de sa vie, aidée par quelques puissances surnaturelles, se révéleront cruciaux et révélateurs de son destin hors du commun.
Le roman est construit d’une manière particulière sur le plan de la narration : les points de vue sont alternés .Un chapitre sur deux, on passe d’un narrateur omniscient aux « Confessions de Patience Madden » dans lesquelles la fillette nous confie sa version des fais, tels qu'elle les a vus et ressentis. J’ai trouvé ces changements de points de vue très intéressants car ils m’ont permis de trouver des réponses aux questions que je me posais durant ma lecture. Ainsi, on comprend mieux comment la paranoïa collective peut prendre le dessus sur le bon sens, et comment un village entier peut se retrouver à crier à la sorcellerie. On est plus à même de comprendre l’effet boule de neige qui s’en suit. Car comment pourrait-on imaginer qu’un fait aussi simple et rationnel qu’une jeune fille tombant enceinte hors mariage pourrait engendrer des conséquences aussi disproportionnées ?
Une atmosphère inquiétante règne durant tout le roman. Le danger plane sur Nell et sa grand-mère. Tôt ou tard, on sait que l’engrenage se mettra en marche et que le piège se refermera sur elles.
La trame générale de l’Ange de mai est inspirée du célèbre procès des sorcières de Salem, auquel il sera par ailleurs fait allusion dans le roman. Dans ce procès, qui a eu lieu dans l’état du Massachusetts, plusieurs personnes furent accusées de sorcellerie, torturées et exécutées, sur l’accusation de jeunes filles, dont deux filles d’un pasteur. On tente encore aujourd’hui de comprendre les raisons pour lesquelles le village de Salem a sombré dans cette hystérie meurtrière et de délires peuplés de sorcières et de créatures démoniaques.
L’ange de mai – Julie Hearn – Hachettes – collection Black Moon – 2007 – 320 pages – 16€
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