Encore un de ces innombrables petits matins où, à peine un pied à terre, je me sens tout à fait comme un terrain vague sur lequel on peut trouver le pire comme le meilleur et, souvent, du vraiment surprenant. Rien d’élagué dans ma tête, les idées toujours baroques que trimballe la nuit s’y bousculent dans un inextricable fouillis, nulle limite aux sautes d’humeur les plus fantasques, aucune borne aux fantasmes les plus déroutants. Friche où prospère le rude chiendent des insoumis, près d’une flaque au pied d’un éboulis aussi le bleu fragile d’un myosotis. D’un coup de talon envoyer valdinguer derrière soi la vieille casserole en alu d’une vie par trop cabossée et passer illico à l’attaque de la diligence dans le western d’une journée qui tout juste commence.
As parmi les as du texte bref (en bon anar il ne saurait avoir, encore moins être maitre), c’est toujours avec cette discrète élégance que Pierre Autin-Grenier nous embarque dans ses fantaisies quotidiennes. Dans C’est tous les jours comme ça, c’est Anthelme Bonnard, le double, l'ami, qui écrit et parle, et non Autin-Grenier lui-même comme à l’accoutumée. Et c’est sans doute de tous ses livres le plus politique et le plus combatif, à défaut d’être le moins irrévérencieux.
Car le bonhomme sait nous faire rire ou sourire avec cette sorte de grâce stylisée, un rien désespérée. Mais il sait aussi nous vriller l’estomac et nous ramener à plus d'humanisme et de civisme, des fois que cela viendrait à nous faire défaut. Quand lire dans les lieux publics devient interdit et que la sous-secrétaire d’Etat en charge des Activités Culturelles et de Loisirs déclare dans un discours fameux par sa bêtise « vouloir aller buter les déviants jusque dans les chiottes », que les Forces Spéciales occupent les rues tranquilles de Lyon tandis que meurent dans l’indifférence les vieillards et que se multiplient les rapts d’enfants d’immigrants, nous ne sommes vraiment plus tant dans le fantasque. Pointe alors sous l’ironie primesautière du poète une force d’indignation féroce.
C’est tous les jours comme ça, Pierre Autin-Grenier, Finitude 2010, 160 pages, 15 euros.
As parmi les as du texte bref (en bon anar il ne saurait avoir, encore moins être maitre), c’est toujours avec cette discrète élégance que Pierre Autin-Grenier nous embarque dans ses fantaisies quotidiennes. Dans C’est tous les jours comme ça, c’est Anthelme Bonnard, le double, l'ami, qui écrit et parle, et non Autin-Grenier lui-même comme à l’accoutumée. Et c’est sans doute de tous ses livres le plus politique et le plus combatif, à défaut d’être le moins irrévérencieux.
Car le bonhomme sait nous faire rire ou sourire avec cette sorte de grâce stylisée, un rien désespérée. Mais il sait aussi nous vriller l’estomac et nous ramener à plus d'humanisme et de civisme, des fois que cela viendrait à nous faire défaut. Quand lire dans les lieux publics devient interdit et que la sous-secrétaire d’Etat en charge des Activités Culturelles et de Loisirs déclare dans un discours fameux par sa bêtise « vouloir aller buter les déviants jusque dans les chiottes », que les Forces Spéciales occupent les rues tranquilles de Lyon tandis que meurent dans l’indifférence les vieillards et que se multiplient les rapts d’enfants d’immigrants, nous ne sommes vraiment plus tant dans le fantasque. Pointe alors sous l’ironie primesautière du poète une force d’indignation féroce.
C’est tous les jours comme ça, Pierre Autin-Grenier, Finitude 2010, 160 pages, 15 euros.
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