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lundi 19 avril 2010

Sorry about your damn luck: Sukkwan Island de David Vann


Il paraît que ce roman a bénéficié d'un petit buzz. Un buzz qui a du rester relativement confidentiel puisque personne ne me l'a demandé depuis sa sortie et que mes quelques conseils ont à chaque fois abouti à la vente d'un autre livre. Ceci dit la maison Gallmeister semble habituée à ces petits coups de pouces qui ne l'impose pas complètement mais qui lui donne une certaine consistance. Gallmeister propose une ligne éditoriale manifestement écologiste et, sans vouloir faire de la sociologie de sous-sol (les bas étages sont déjà occupés), cela ne manque pas de constituer un avantage dans une société qui se demande pas si elle a aurait pris une mauvaise direction. Et je suis susceptible moi-même de foncer dans le mur si je continue sur cette lancée alors que c'est juste une petite introduction.

Sukkwan Island raconte comment un homme et son fils partent pour une partie de camping prolongée sur une île du Sud de l'Alaska. Jim, le père, prépare cette virée moins pour un retour aux sources que pour fuir les échecs qu'il a accumulés. Ne pas avoir cerné son propre fils de 13 ans, Roy, est un de ces échecs. Il lui propose donc de l'accompagner. Mais un adolescent sait-il vraiment ce qu'il veut?

La première partie du roman s'attache à décrire les premiers mois de leur isolation. Chasse à l'ours, pêche à la Dolly Varden (je savais pas non plus ce que c'était, mais je suis un pro du teasing, lisez le livre pour le savoir), nature sauvage et trad... euh non. Retraite volontaire mais rude et qui émousse l'enthousiasme de Roy qui supporte de moins en moins le caractère instablement émotif de son père, cette première partie se clôture sur un événement soudain et inexplicable que je préfère taire (vous avez remarqué la concurrence sévère qui s'instaure avec Taly pour savoir qui placera la phrase la plus longue du blog?). La seconde partie fait l'effet d'un engrenage, un piège à l'échelle du destin de Jim. Une tragédie incontrôlable et terrifiante où le mot malchance n'a même plus sa place.

D'une précision psychologique maîtrisée, Sukkwan Island ne manquera pas de laisser des traces dans les souvenirs du lecteur. La fin brutale peut décevoir par son côté queue de poisson. Une facture un peu salée pour le protagoniste... Un bon roman au goût amer.

Dernier petit mot: la petite biographie de David Vann sur la quatrième de couverture vaut le coup d'oeil. Je vous laisse courir dans la librairie de votre choix pour palper l'objet et vous laisser tenter par la fameuse compulsion acheteuse que le pitch de Gallmeister ne manquera pas de déclencher.


Sukkwan Island, David Vann, Gallmeister, coll. "Nature Writing", 21,70€. Traduit de l'américain par Laura Derakinski.

5 commentaires:

Auguri a dit…

Bon à force d'en entendre parler de ce roman, je vais finir par céder. c'est terrible.

Taly Lefèvre a dit…

Pareil!
Mais tu remarqueras que j'essaye de faire des efforts pour raccourcir mes phrases!

Taly Lefèvre a dit…

Il est tellement bien qu'il a eu un prix :)
http://www.actualitte.com/actualite/19610-express-prix-lecteurs-sukkwan-island.htm

dasola a dit…

Bonjour, j'ai trouvé ce roman décevant: trop noir, voire outré et mal écrit et/ou mal traduit. Je ne le conseille pas spécialement même s'il a reçu de nombreuses louanges. Bonne soirée.

Gilmoutsky a dit…

Bonjour, je comprends tout à fait votre avis, dasola. Ma déception n'est pas vraiment explicite et je donne plus l'impression de l'encenser, mais le tout est teinté d'une légère ironie. Le roman ne m'a totalement déplu, si c'était le cas je n'aurais pas perdu mon temps à le descendre.