"Rana Toad", ça se mange?

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lundi 11 janvier 2010

C'est le paradoxe auquel l'enquête sur Robert Johnson, menée par les collectionneurs et autres amateurs, s'est heurtée: Robert Johnson, star du disque, mythe et légende, était généralement inconnu sous son vrai nom. On le connaissait en tant que Robert Spencer, R. L. Spencer, parfois Robert Dodds et, selon Mac McCormick, sous quelques autres noms, mais rarement, pour sa famille ou ses amis intimes, en tant que Robert Johnson.

[...] La communication dans le monde de Robert Johnson était presque exclusivement orale; malgré les relations établies et la circulation des contes, en règle générale les rapports restaient irréguliers; les histoires - fondées bien souvent sur des faits - étaient en un sens aussi mythopoétiques que celles des anciens Grecs. Par exemple, Johnny Shines et Robert Lockwood, encore partenaires de jeu, se rencontrèrent par l'entremise de Johnson et ne devinrent amis que des années plus tard à Chicago. Or, en dépit de leur intimité, ils n'avaient en commun aucune expérience, aucun souvenir de la période avec Johnson. En fait, chacun semblait se méfier des souvenirs de l'autre comme les souvenirs de tous les autres, parce que d'après eux, cela ne s'était tout bonnement pas passé ainsi. Shines se souvenait d'un Johnson illettré, Lockwood railla l'idée, ce qui en retour parut infléchir les souvenirs de Shines.

A la recherche de Robert Johnson, Peter Guralnick, Le Castor Astral. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Guichard.

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