"Rana Toad", ça se mange?

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dimanche 2 août 2009

Les hommes en gris me trouvent snob parce que je me moque des polars et autres romans d'espionnage qu'ils s'échangent avec des commentaires dithyrambiques. Ils sont loin de se douter que je n'ai pas lu un bouquin depuis des années. J'ai arrêté parce que personne n'écrivait sur moi. Pendant un moment, j'ai eu mon scénario pour m'occuper quand je rentrais le soir. L'histoire d'un homme qui tuait impunément son patron. Je l'ai fait lire à un copain et il a dit que j'étais cinglé. "Tu ne comprends pas que le gentil doit gagner?" m'a-t-il demandé. Maintenant je regarde des vieux westerns en rêvant de m'installer dans le désert, et je ne parle pas de Vegas, je parle d'un lieu sans foi ni loi où il n'y aurait que moi, des pierres et le plus bleu des ciels bleus. Je passerai des mois sans haïr mon visage dans le miroir. J'apprendrai à tirer au pistolet, à poser un piège, l'art de l'embuscade. Ma légende s'approfondira et se répandra. Quand j'étais petit, je pensais devenir une sorte de poète en grandissant. Maintenant, quand ça tourne au ridicule, mes héros sont des braqueurs de banque ou des desperados avides de vengeance. "Ne t'étonne pas si un jour je ne suis pas là quand tu te réveilles, dis-je à Judy. Si je me volatilise." Bon sang, qu'est-ce que ça la fait marrer.

"Perdue de vue", in Dead Boys, Richard Lange, Albin Michel, coll. "Terres d'Amérique". Traduit de l'américain par Cécile Déniard.

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