"Rana Toad", ça se mange?

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samedi 8 août 2009

Les boules tombent avec un bruit mat et je les dispose dans le triangle, les cerclées, les pleines, la huit au centre. Tournant autour de la table, je dédaigne les coups faciles et je tente des miracles, je suis dedans, je ne peux pas rater. Les lois irréfutables de la physique ont été déclarées nulles et non avenues. Des boules en percutent d'autres et adoptent d'impossibles trajectoires qui se terminent toujours dans les poches du coin. Ce qui monte ne retomba pas nécessairement.
Et si un moment comme celui-là avait été accordé à Simone? je me demande. Eh bien, elle aurait décollé quand elle a sauté, au lieu de tomber. Elle et notre bébé auraient pris leur envol depuis cette passerelle et plané vers Pasadena, la circulation étincelant et grondant en dessous d'elles comme une rivière rapide et peu profonde sous le soleil du soir. Et merde. Voilà que je recommence. J'ai aussi rêvé que j'étais là pour les rattraper et d'autres fois, j'ai réussi à la convaincre de descendre de la rambarde; je l'ai persuadée de me donner le bébé, puis de prendre ma main à son tour. Bientôt je serai Superman ou autre chose. Cela en devient débile à ce point. Je vais contruire une machine à remonter le temps ou les enduire de gomme à voler. Tout pourvu qu'elles restent en vie. Tout pourvu que les choses soient différentes de ce qu'elles sont.

"L'amour m'a donné des ailes", in Dead Boys, Richard Lange, Albin Michel, coll. "Terres d'Amériques". Traduit de l'américain par Cécile Deniard.

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