Ma première approche du cinéma de Tati remonte à je ne sais plus trop quand. Trafic passait sur Arte. Malheureusement, ça m'est complètement passé au-dessus, ne comprenant rien au film, j'avais sans doute trop été gavé par des films standardisés et sans intérêt, je ne suis pas allé jusqu'au bout. Mais Arte, la seule chaîne à diffuser régulièrement des cycles intéressants autour de différents cinéastes, m'a donné quelques temps plus tard une deuxième chance de me faire une idée de l'oeuvre de Tati. Le cycle présentait plusieurs fois dans le même mois le plus gros de sa filmographie. A raison de trois ou quatre diffusions par film, cela m'a permis de découvrir, approfondir et apprécier son cinéma hors normes.
Je vais prendre Jour de fête pour exemple, mais cela vaut tout autant pour Les Vacances de monsieur Hulot, Mon oncle et Playtime (si je me souviens bien, j'ai loupé les diffusions de Trafic et Parade n'était pas programmé). Le premier visionnage était très déroutant. Toutes ces choses qui se déroulaient simultanément sur un plan large, l'attention que tous cette chorégraphie et les bruits qu'elles produisaient demandaient. Je ne commençais à m'habituer, je ne voyais d'autres gags, je ne comprenais la dynamique qu'au deuxième visionnage. Le rire se faisait plus franc et le plaisir plus total au troisième, et ce malgré les diffusions tardives de la chaîne. Je n'ai pas eu l'occasion de revoir ces films depuis.
L'exposition sur Jacques Tati à la Cinémathèque Française (jusqu'au 3 août encore), était l'occasion parfaite pour retrouver l'essentiel et redonner l'envie de replonger plus profondément par la suite. On entre dans l'exposition à proprement parlé après avoir parcouru un long couloir et une salle d'attente, tous deux tirés de PlayTime. On y découvre des vidéos diffusées en boucle, des accessoires originaux de tournage, des échos antérieurs, contemporains et ultérieurs d'autres oeuvres (pas seulement cinématographiques), une maquette de la Villa Arpel, la fontaine en forme de poisson... tout ça dans une agréable cacophonie propre à un film de Tati, justement. Le surveillant de salle (sécurité oblige) s'ennuie-t-il vraiment ou s'amuse-t-il à observer tous ces gens pour y trouver quelques gags simultanés?
Le plus gros morceau ce sont ces deux groupes de six écrans qui diffusent Les Leçons du professeur Goudet, un documentaire autour de six axes, très ludiques (les six écrans jouent ensemble et se répondent) et qui offre les interventions (malheureusement non sous-titrées) de Wes Anderson ou David Lynch, entre autres. Ce documentaire ainsi que les interventions d'autres personnalités sont retranscrites dans le catalogue et étaient pour moi deux des raisons principales pour me le procurer (tout l'accent mis sur l'architecture, les costumes etc, bien que domaines centraux de l'oeuvre du cinéaste, m'ont laissé un peu indifférent).
Le catalogue est un bon souvenir de l'exposition et un premier pas vers une redécouverte personnelle que je pense être la plus exhaustive possible (visionnage des courts et longs métrages, au moins une biographie et peut-être des essais, pourquoi pas?)
Jacques Tati - Deux temps, trois mouvements, Naive/La Cinémathèque Française, 45€.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire