Pourquoi ce livre prend-t-il la poussière sur cette table? Personne n'est attiré par sa couverture? Aucun journal ou magazine n'en a parlé? J'ai bien essayé de le conseiller... mais ce geste du client qui repose le livre... il ne sait vraiment pas ce qu'il rate. Les semaines ont passé avant que je n'aie l'occasion de le lire.
1982 à Black Swan Green, village du Worcestershire (dites-le avec en mâchant un chewing-gum ou en essayant de retirer un morceau de saucisson coincé entre deux dents), et titre original du roman (parfois les adaptations pour les titres en français sont exaspérantes).
Il est difficile de se faire une place dans la tacite et changeante hiérarchie qui s'impose entre les adolescents. Surtout quand on écrit des poèmes et que l'on est bègue. Mais, à défaut de s'affirmer, Jason Taylor sauve les apparences en écrivant sous le pseudonyme de Elliott Bolivar et en perfectionnant sa technique anti-bégaiement. Infirmité qu'il impute à un ennemi intérieur à l'attitude la plupart du temps sadique, mais parfois étrangement clémente. La découverte par ses camarades de l'un ou de l'autre équivaudrait à coup sûr à une cuisante rétrogradation du niveau intermédiaire au niveau des "minables".
Narrée à la première personne du point de vue de Jason, 13 ans, cette année 1982 est bien évidemment riche en événements, qu'ils soient familiaux (l'indépendance progressive d'une soeur aînée et des engueulades parentales qu'il faut fuir quand on les voit arriver), scolaires (amours babultiants et humiliations) ou autres (rencontre d'une riche belge lettrée qui l'encouragera, à sa façon, dans son envie d'écriture et des gitans qui détromperont les clichés). Parfois, au milieu des références politiques (guerre des Malouines notamment), musicales et culturelles de l'époque, s'échappent, mine de rien, quelques lignes de poèmes, issus de l'âme de ce gamin, mais non soumis à notre jugement dans leur intégralité.
Un personnage très attachant, naïf et dont les vagabondages intimes se structurent pour faire un excellent roman, tout simplement.
Le Fond des forêts, David Mitchell, L'Olivier, 23€. Traduit de l'anglais par Manuel Berri.
2 commentaires:
Comme j'écris mes petites chroniques presque immédiatement après avoir terminé le livre, sans beaucoup me renseigner sur l'auteur et ses livres précédents, il se peut que certaines subtilités m'aient échappé. En lisant d'autres articles plus étoffés, je me rends compte qu'au lieu de réecrire en ajoutant les éléments intéressants, je préfère vous faire part d'un lien: http://www.cafardcosmique.com/Le-Fond-des-forets-de-David
Et puis ça donne envie de lire les précédents.
En tout cas tu me donne bien envie de lire celui-là. Bon, j'ai déjà 3 livres en retard, mais je me le note...
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