Pourquoi suis-je partie ? Tout le monde partait quelque part, à cette époque-là. On remplissait des formulaires, on faisait la queue devant les consulats, on se livrait à des analyses comparatives de Cape Town et New York, Amsterdam et Prague. La ville se vidait peu à peu. Ou plutôt, non. Elle ne se vidait pas. Les gens que je connaissais disparaissaient, mais il en apparaissait d’autres, plus malheureux encore.
Tania, Georges, Nestor, Sonia, Djoura sont les brillants représentants, érudits et touche-à-tout, de la jeunesse de Novi Sad, cette fille des Lumières qui fut le fleuron serbe de la culture européenne. Ils ont presque tous fui à travers le monde à la suite des bombardements de l’OTAN qui ont laissé, en 1999, la ville et le pays exsangues. Puis ils sont revenus.
De leur exil, leur retour à New Sad, et du projet «monstrueux» qui naitra de leur rencontre, Vladimir Tasić tire un récit polyphonique où s’entremêlent et se croisent en vrac mythologie, cinéma, poésie slave, histoire de l’art, informatique, ethnologie, culture pop, musique proto-électronique, communisme, gastronomie, rock et littérature en un jubilatoire labyrinthe digressif pétri de références. Sur le fil d’une écriture d’une rare qualité, il convoque tour à tour Sakamoto, Delacroix, Lénine, Chaka Khan, Napoléon ou Debord, d’illustres oubliés et des génies inconnus, pour composer avec brio une symphonie moderne, politique et désabusée, qui raconte autant de l’état du Monde que de ceux qu’on n’a pas laissés être.
Pluie et Papier est le roman génial de rêves brisés. C’est aussi, et sans doute plus que tout, le récit d’un gâchis gigantesque : celui de cette jeunesse douée et désemparée, et d’une Europe en déshérence sur l’organigramme d’un monde parrainé par Pepsi-Cola.
Traduit du serbe par Gabriel Laculli et Gojko Lukić, 293 p, 21€, Editions Les Allusifs.
Tania, Georges, Nestor, Sonia, Djoura sont les brillants représentants, érudits et touche-à-tout, de la jeunesse de Novi Sad, cette fille des Lumières qui fut le fleuron serbe de la culture européenne. Ils ont presque tous fui à travers le monde à la suite des bombardements de l’OTAN qui ont laissé, en 1999, la ville et le pays exsangues. Puis ils sont revenus.
De leur exil, leur retour à New Sad, et du projet «monstrueux» qui naitra de leur rencontre, Vladimir Tasić tire un récit polyphonique où s’entremêlent et se croisent en vrac mythologie, cinéma, poésie slave, histoire de l’art, informatique, ethnologie, culture pop, musique proto-électronique, communisme, gastronomie, rock et littérature en un jubilatoire labyrinthe digressif pétri de références. Sur le fil d’une écriture d’une rare qualité, il convoque tour à tour Sakamoto, Delacroix, Lénine, Chaka Khan, Napoléon ou Debord, d’illustres oubliés et des génies inconnus, pour composer avec brio une symphonie moderne, politique et désabusée, qui raconte autant de l’état du Monde que de ceux qu’on n’a pas laissés être.
Pluie et Papier est le roman génial de rêves brisés. C’est aussi, et sans doute plus que tout, le récit d’un gâchis gigantesque : celui de cette jeunesse douée et désemparée, et d’une Europe en déshérence sur l’organigramme d’un monde parrainé par Pepsi-Cola.
Traduit du serbe par Gabriel Laculli et Gojko Lukić, 293 p, 21€, Editions Les Allusifs.
1 commentaire:
Un petit merci plus officiel. En espérant que ce ne soit pas le dernier.
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