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dimanche 1 mars 2009

Sous le soleil qui chante: La Coulée de feu, Valerio Evangelisti


Raconter sur 400 pages les quatre décennies les plus décisives du Mexique et en faire un roman historique dans le style de narration qui lui est propre, voilà ce que fait l'auteur dans La Coulée de feu. Un italien contemporain, populaire surtout pour des récits policiers et de science-fiction, qui se lance dans le roman historique pur? C'est ne pas connaître un minimum Valerio Evangelisti lui-même, diplômé de sciences politiques spécialisé en histoire moderne et contemporaine et ses ouvrages parmi les plus complexes de la paralittérature.

Entre 1858 et 1890, le Mexique et le Texas est le lieu de nombreux troubles politiques, de batailles, de petites révolutions emmenés par des Mexicains devenus légendes tel que Juan Nepomuceno Cortina. C'est aussi l'opportunité de nous présenter quelques personnages au caractère bien trempé parfois victimes parfois bourreaux, épris d'amour ou de vengeance voire des deux. Big Bill Henry le ranger qui deviendra tueur, Marion Gillespie, femme dévergondée et désireuse de pouvoir, Santos Cadena brave et généreux ou encore Margarita, jeune femme maltraitée et à un point victime des circonstances qu'elle finira par s'endurcir.

Les chapitres sont relativement courts (une dizaine de pages en moyenne) et racontent alternativement des épisodes dramatiques de chaque personnage avec des ellipses flagrantes allant de quelques semaines à des années. Ce qui donnent une impression temporelle très destabilisante, une chronologie saccadée. C'est un procédé très original pour un roman historique, mais, et là je parle sur un plan plus personnel, mais cela ne m'a pas permis de m'attacher plus à un personnage qu'à un autre. Cette profusion dessert à mon avis l'intrigue des personnages au profit des évènements historiques. C'est peut-être ce qu'à voulu l'auteur et le roman n'en reste pas moins fascinant et enrichissant.

Je suis tenté de rapprocher La Coulée de feu à deux romans d'André Malraux, La Condition Humaine et L'Espoir. La portée métaphysique est un peu plus en sourdine, mais on retrouve le même besoin de liberté de la part d'individus bafoués par l'histoire (Les Indiens sont évoqués, pas assez à mon goût mais bon...). Autre point commun entre les trois romans est la necessité du lecteur non initié de se documenter un minimum sur les faits historiques des époques relatées. Tout manquement à cette précaution peut donner un léger sentiment de "euh, j'ai du mal à suivre, là". Une exigence et une complexité que l'on peut pallier en se référant (et ce de nombreuses fois) à la chronologie, très utile, en début de livre.


La Coulée de feu, Valerio Evangelisti, Métaillé, 22€. Traduction de l'italien par Serge Quadruppani.

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